DES PAUVRES ASSIS SUR UN SOL RICHE
CENTRAFRIQUE

On surnomme la république démocratique du Congo un « scandale géologique » du fait de la profusion de ressources naturelles et de la pauvreté qui règne dans ce pays, mais la république centrafricaine ne fait pas meilleure figure, au vu de ses potentialités qui contrastent avec le très bas niveau de vie de ses habitants.
Les ressources naturelles de la République centrafricaine, comme le bois, le diamant et l’hévéa, ont été exploitées très tôt pour le bien de la Métropole. A l’indépendance, le pays a eu du mal à décoller économiquement ; l’exploitation de ses richesses minières n’ayant pas un grand impact sur le quotidien des populations.
Des décennies plus tard, les Centrafricains ne se portent pas mieux. En 2008, 62 % d’entre eux vivaient sous le seuil de pauvreté, selon des statistiques de la Banque mondiale. La pauvreté est plus marquée en zone rurale, avec 69,4 %, que dans les zones urbaines où vivent 62,8 % des Centrafricains. En 2007, le revenu par habitant était de 350 dollars par an. Pourtant, le pays ne manque pas d’atouts pour améliorer le quotidien de ses habitants.
La Centrafrique fait, d’abord, penser à ses diamants de qualité, très prisés par les joailliers occidentaux. L’exploitation alluvionnaire du diamant a démarré en 1927. La ressource n’a jamais laissé indifférents les hommes politiques des différents régimes, de même que les forces en lice au cours des conflits qui ont émaillé l’histoire du pays. Cette ressource minière et l’or assurent l’essentiel des recettes d’exportation de cet Etat. La production de diamant, surtout artisanale, est estimée officiellement à 500.000 carats par an. Toutefois, ce chiffre pourrait être bien en dessous de la production réelle. L’Etat centrafricain a toujours eu du mal à encadrer l’activité diamantifère. Tantôt il libéralise tantôt il privatise le secteur, fortement en proie à la contrebande.
UN PAYS GATE PAR LA NATURE
L’extraction artisanale, indique un rapport de l’International crisis group (Icg) intitulé « De dangereuses petites pierres les diamants en République centrafricaine », emploie quelque 80.000 à 100.000 mineurs à travers le pays. Ce qui permet à ces travailleurs de nourrir au moins 600.000 personnes. A y voir de près, l’impact économique et social n’est pas négligeable.
En dehors du diamant, le pays est riche en or. Aussi, il dispose d’uranium et de pétrole. L’agriculture représente à elle seule 55 % du Pib du pays, avec comme principales cultures la banane, le maïs, le tabac, le coton, le café, le manioc, la canne à sucre, etc.
Le secteur est resté toujours intensif, à cause d’un manque de soutien et d’équipement pour le moderniser. Le bois centrafricain est aussi de bonne qualité, mais l’essentiel de la production est exportée sans être transformée ; ce qui prive le pays de plus-value.
Quant au tissu industriel, il tarde à être étoffé à cause des troubles politico-militaires qui secouent régulièrement la Centrafrique. L’Etat a du mal à assurer les services minimaux (eau, assainissement, électricité, téléphone). Les équipements de ces secteurs souffrant gravement d’un manque de maintenance et d’investissements. Les infrastructures routières ne se portent guère mieux.
Autant de facteurs qui noircissent le quotidien du peuple. L’espérance de vie des Centrafricains a chuté fortement, passant de 50 ans dans les années 90 à 45 ans en 2007, toujours selon les statistiques de la Banque mondiale. La mortalité maternelle est forte ; elle s’élève à 543 pour 100.000 naissances vivantes en 2007. Le Sida surfait au taux élevé de 6,2 % en 2005 pour la tranche d’âge de 15 à 49 ans. Le Pib a décru timidement, 3,7 % en 2007, 2 % en 2008, 1,7 % en 2009. Rien de surprenant que la Centrafrique soit parmi les pays les plus pauvres de la planète : 180ème rang sur 187, selon le rapport mon- dial 2012 sur le développement humain du Pnud.