LE SUDES-ESR CRIE À UN COUP D’ÉTAT ACADÉMIQUE À L’UCAD
Le syndicat dénonce avec véhémence les agissements du Conseil d'Administration, accusé de bloquer délibérément le processus de nomination d'un nouveau recteur. Il menace d'engager des actions judiciaires pour le respect de la légalité
L'UCAD est-elle au-dessus des lois de la République ? C'est la question que pose le SUDES-ESR face au refus du Conseil d'Administration de lancer l'appel à candidatures pour le poste de recteur. Dans le communiqué ci-dessous, le syndicat pointe du doigt des manœuvres dilatoires et exige l'intervention du ministre de l'Enseignement supérieur pour rétablir l'ordre légal.
"A un peu moins de trois semaines de la fin du mandat du recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le SUDES-ESR section UCAD exprime sa profonde inquiétude et son indignation grandissante face aux atermoiements du Conseil d’Administration concernant le lancement de l'appel à candidatures pour le poste de recteur conformément au décret 2021-846 du 24 juin 2021.
En effet, il nous est revenu qu’en sa dernière réunion, le Conseil d’Administration de l’Ucad rechigne à lancer l’appel à candidatures et qu’à la place, il a décidé de commettre un conseiller juridique qui serait celui de l’actuel recteur de l’Ucad pour faire le constat que ce dernier aurait entamé tacitement depuis juillet 2023 un supposé second mandat qui devrait courir jusqu’en 2026.
Le SUDES-ESR section Ucad dénonce avec la plus grande fermeté cette attitude dangereuse et inquiétante du Conseil d’Administration de l’Ucad qui de fait se rend complice d’une arnaque juridique sur fond de manipulations et d’élucubrations intellectuelles, et d’un dilatoire dont le seul objectif est de maintenir l’actuel recteur illégalement et illégitimement à son poste, alors que son mandat arrive à échéance le 22 juillet 2024.
Le SUDES-ESR section Ucad souligne qu’en agissant ainsi, le président du Conseil d’Administration fait preuve de carence en référence aux articles 2 et 3 du décret 2021-846 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les Universités publiques du 24 juin 2021. Ces articles disposent : « Quatre-vingt-dix (90) avant le terme du mandat, du Recteur en fonction ou, au plus tard, trente (30) jours après la fin de son mandat pour une raison autre que la fin légale du mandat, un comité de sélection des candidatures pour la nomination d’un nouveau Recteur est mis en place » (Art. 2) et « L’appel à candidatures est élaboré par le conseil d’administration de l’université » (Art. 3).
Pour rappel, les dispositions de l’article 26 (Chapitre III-Le recteur) du décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 fixant les règles d’organisation de fonctionnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar indiquent clairement que toute nomination aux fonctions de recteur passe ipso facto par un appel à candidatures. Cela s’est fait dans toutes les autres universités publiques du Sénégal (UGB, UIDT, UADB, UASZ). L'Ucad serait-elle au-dessus des lois de la République ? Que veut-on cacher ou protéger avec cette manœuvre désespérée de tordre le cou aux textes qui régissent notre institution ?
Par conséquent, le SUDES-ESR section Ucad demande au ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, garant du bon fonctionnement des universités de :
- Sortir de son silence assourdissant et de prendre acte de la carence du président du Conseil d’Administration ;
- instruire les instances compétentes pour lancer sans délai l’appel à candidatures pour la nomination d’un nouveau recteur à l’UCAD dès lors qu’aucune « […] raison autre que la fin légale du mandat » ne justifie de le prolonger « au plus tard, trente (30) jours après […] » (Art.2).
Par ailleurs, le SUDES-ESR section Ucad tient à informer qu’en l’absence d’une action immédiate, il se réserve le droit de :
- Contester vigoureusement la légitimité de tout maintien du recteur actuel au-delà de la date d’échéance de son mandat ;
- engager toutes les actions légales et syndicales nécessaires pour faire respecter les textes en vigueur.
Enfin, le SUDES-ESR section Ucad appelle l’ensemble de la communauté universitaire à se mobiliser pour défendre avec énergie et détermination la démocratie au sein de notre institution. L'Ucad ne saurait être le fief de tripatouilleurs de textes."