DES AVANCÉES TROP LENTES FACE AUX URGENCES
Si le volontarisme de Diomaye est salué, son action après 100 jours reste marquée par l'absence d'état des lieux et de reddition des comptes, selon la LD Debout. Le parti indique la rationalisation piétine face à l'accumulation de nominations
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de La LD Debout sur les 100 jours de gouvernance du nouveau régime. Le parti salue le volontarisme du président tout en déplorant le manque de calendrier pour les réformes structurelles attendues. Il constate relève également la mise en oeuvre de la promesse de rationnalisation.
"La LD Debout saisit l’échéance symbolique des 100 premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye pour lui renouveler ses félicitations ainsi qu’au peuple sénégalais dans son ensemble et aux forces vives de la Nation dont l’engagement soutenu et les énormes sacrifices consentis ont permis à notre pays de sauvegarder ses acquis démocratiques et de réaliser la troisième alternance politique de son histoire. La fin de ces 100 premiers jours est surtout un bon moment pour faire un premier bilan d’étape de l’action du régime.
Tout d’abord, la LD Debout salue les initiatives importantes du président de la République relatives à la déclaration de patrimoine et à sa démission du poste de Secrétaire général de son parti qui donnent un signal encourageant en direction des ruptures attendues. Toutefois, le parti attend de tous les assujettis à cette obligation éthique, morale et légale qu’ils formalisent le dépôt de leur déclaration de patrimoine dans les délais.
Depuis son élection, la LD Debout constate également un fort volontarisme pour enclencher une nouvelle dynamique politique et sociale dans le pays, comme l’indiquent les récentes Assises de la Justice, la journée nationale de Set-sétal et les allègements des prix de certaines denrées de première nécessité, même si des efforts plus significatifs sont encore attendus pour véritablement soulager les populations et les ménages toujours confrontés à la réalité de la cherté de la vie.
Plus généralement, la LD Debout considère qu’il devient urgent pour le président de la République et son gouvernement de définir un calendrier et des modalités pratiques de mise en œuvre des réformes sur lesquelles ils se sont engagés auprès du peuple sénégalais mais également auprès des organisations citoyennes, en lien notamment avec les conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). A cet égard, la LD Debout est particulièrement attentive aux réformes inscrites dans le « Projet », et auxquelles elle adhère, telles que (i) la révision et la protection de la Constitution en s’inspirant des conclusions des Assises nationales et des réformes proposées par la CNRI, (ii) la réduction des prérogatives proéminentes du président de la République et l’instauration de sa responsabilité politique, (iii) la création d’une « Cour constitutionnelle » avec un mode paritaire de désignation de ses membres, (iv) la consécration de l’indépendance du parquet vis à-vis du ministre de la Justice, (v) la suppression des fonds politiques et leur remplacement par des fonds spéciaux exclusivement destinés aux opérations ultra sensibles, (vi) le détachement des corps de contrôle de la tutelle de l’Exécutif, (vii) le renforcement de la neutralité de l’administration publique en interdisant désormais le militantisme politique aux directeurs de certains départements ministériels, à l’image des régies financières et des sociétés d’État, et (viii) l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique ainsi que du secteur parapublic, tout comme la normalisation des recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours.
Au-delà de ces réformes, la LD Debout restera vigilante sur les engagements très importants et sur les exigences de rationalisation des institutions, comme la suppression du HCCT et de plusieurs agences budgétivores. D’ailleurs, le Parti regrette que cette rationalisation n’ait pas précédé les vagues de nominations en cours. En tout état de cause, cette rationalisation des dépenses de l’Etat est une nécessité pour endiguer la spirale d’endettement enclenchée par l’ancien président de la République et qui se poursuit, et pour assurer le respect d’importants engagements du « Projet » tels que l’augmentation de la part du budget de l’Etat allouée à la santé, à l’éducation et à la promotion de l’emploi des jeunes. Aussi, le parti demande au gouvernement de prendre en charge de manière urgente la question dramatique des citoyens sénégalais migrants, partis pour un avenir meilleur, mais aujourd’hui abandonnés à leur propre sort et maltraités dans des pays du Maghreb, ce qui devrait d’ailleurs interpeller nos consciences et nos valeurs proclamées d’humanisme et de patriotisme.
Au regard de l’immensité des défis, la LD Debout considère que le gouvernement devrait adopter une démarche hautement stratégique, en évitant le pilotage à vue et en soignant sa communication institutionnelle. En pratique, un accent particulier devrait être mis sur l’état des lieux de la gestion précédente et sur la reddition des comptes car aucun redressement politique, économique ou social ne peut se réaliser sans rupture avec la culture d’impunité endémique qui a longtemps régné au Sénégal et à tous les niveaux de la vie nationale.
La LD debout regrette la polémique stérile sur la programmation de la Déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Sur ce sujet, le parti invite l’Assemblée nationale à mettre à jour son Règlement intérieur et demande au Premier ministre de se prêter à cet exercice solennel devant la représentation nationale pour permettre au peuple souverain d’avoir un aperçu plus clair sur le « projet », la vision et les orientations du gouvernement.
Enfin, la LD Debout appelle toutes les forces progressistes du pays et de la diaspora à rester mobilisées dans une posture de citoyenneté active pour obtenir des nouvelles autorités le respect des engagements pris, notamment par la mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des mesures de ruptures attendues aux plans politique, économique, social et culturel ; et relativement à la refondation de l’Etat, par une répartition plus équilibrée des pouvoirs."