A PROPOS DU RAPPORT PROVISOIRE DU CINQUIEME RGPH
Les rideaux sont tombés sur le Cinquième Recensement Général de la Population et de l’Habitat
Les rideaux sont tombés sur le Cinquième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5).
L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a en effet publié le Rapport provisoire dudit Recensement dont la coordination technique nationale comprenait, outre M. le Directeur général Abdou DIOUF, M. Jean Pierre Diamane BAHOUM (Coordonnateur Unité de Mise en Œuvre du RGPH-5, 2023), M. Papa Ibrahima Sylmang SENE (Conseiller technique du CTCE), M. Atoumane FALL (Coordinateur du Comité de veille et d’Assurance qualité), Mme Ndeye Lala TRAVARE (Chef section conception, analyse et projections démographiques ), M. Papa Mabeye DIOP (Chef section cartographie censitaire et opérations de terrain), M. Bourama MANE (Chef section Informatique, Traitement, Sécurisation bases de données), Mme Awa DIOP (Chef section sensibilisation et communication), M. Aliou SEYE (Chef section ressources humaines), M. Jean Rodrigue MALOU (Chef section coordination des activités régionales), M. Babacar SEYE (Chef section finances et comptabilité), Mme Penda AMAR (Chef section administration et logistique), El Hadji Malick GUEYE (Chef section documentation, diffusion et archivage), M. Moussa NDOYE (Chef section contrôle de gestion), Mme Fatou DIOUF (Chef section marché), El Hadji Amara DOUMBOUYA (Chef section audit interne) et M. Seydou DIENG (Chef section régie d’avances).
Le Comité de lecture et de validation était, de son côté, composé de MM. Abdou DIOUF (Directeur technique), Jean Pierre Diamane BAHOUM (Coordonnateur technique), Papa Ibrahima Sylmang SENE (Conseiller technique), Mbaye FAYE (Membre), El Hadji Oumar SENGHOR (Membre), Macoumba DIOUF (Membre), Alain François DIATTA (Membre), Mme Awa DIOP (Membre), Mme Ndeye Lala TRAVARE (Membre), MM. Papa Mabeye DIOP (Membre), Jean Rodrigue MALOU (Membre), El Hadji Malick GUEYE (Membre) et Fodé DIEDHIOU (Membre).
Comprenne qui pourra !
Aux termes de ce Rapport provisoire de cinq cent soixante-onze (571) pages et renseignant sur de nombreuses questions relatives notamment à la population et à l’habitat, les langues nationales sénégalaises les plus parlées régulièrement sont le Wolof (8 525 098 de locuteurs, soit 53, 6% de la population), le Pulaar (4 175 468 de locuteurs, soit 26, 2% de la population), le Séreer (1 534 511 de locuteurs, soit 9, 6% de la population), le Joola (456 963 de locuteurs, soit 2, 9% de la population), le Mandinka (450 461 de locuteurs, soit 2, 8% de la population) ; les autres langues comptant chacune moins de 200 000 de locuteurs (donc moins de 1, 5% de la population).
Ces résultats ont confirmé ce que nous avons toujours clamé, à savoir, la détermination de ceux qui nous ont gouvernés à ce jour d’imposer à tout prix la langue Wolof, au motif que celle-ci compterait le plus grand nombre de locuteurs. Sinon, comment expliquer leur volonté de départ, de diviser les Fulɓe en 4 groupes ethniques distincts, notamment en Fula, Peuls, Laobés et Toucouleurs dans le cadre de ce RGPH-5?
Raisonnablement, nos parents sérères qui parlent au minimum six (06) langues différentes, n’étaient-ils pas les plus indiqués à être considérés comme autant de groupes ethniques que leurs cousins Fulɓe qui, eux, parlent tous la même langue ? Nous avons la certitude que nos gouvernants ne sont pas dans l’ignorance de ce que le Pulaar est la seule langue de tous les Fulɓe du Sénégal et que les Sérères, considérés pourtant comme une seule Ethnie, en ont au moins six (06) : le Siin-Siin, le Saafi, le Noon, le Nduttu, le Paloor et le Laalaa !
SubhanAllah ! Qu’arrive à ces gens qui tiennent absolument à diviser les Fulɓe du Sénégal en ceci et cela, qui leur dénie l’appartenance en dépit du fait qu’ils parlent la même langue, aient des traditions identiques et répondent de la même culture ? Même Makhtar DIOUF, pourtant auteur d’un célèbre ouvrage intitulé « SENEGAL-LES ETHNIES ET LA NATION » s’en mêle :
-« Le recensement de 1988 se réfère au groupe Haal Pulaar dans son ensemble, ceci à la demande de l’Association pour la Renaissance du Pulaar : il s’agit là d’un groupe davantage linguistique qu’ethnique. Nous avons donc une perte d’information, dans la mesure où Toucouleur, Peul et Laobé ne sont plus différenciés, comme c’était le cas dans les documents antérieurs » (Cf. Le Sénégal-les Ethnies et la Nation, page 42, NEAS-2021).
Cet écrivain oublie-t-il avoir lui-même écrit dans la partie introductive de son livre précité (page 11) que « La langue et la culture peuvent être les conditions nécessaires de détermination de l’ethnie ; ce sont des conditions objectives...) ?
Ou bien les « Toucouleurs, Peuls et Laobés » ne seraient-ils pas concernés par cette définition de l’ethnie ? En seraient-ils exclus pour ce qu’ils sont, parce qu’ils sont ce qu’ils sont ? Si « les Toucouleurs, les Peuls et les Laobés qui partagent la même langue et la même culture n’appartiennent pas pour autant à la même Ethnie, qu’en serait-il alors des Sérères dont Makhtar DIOUF semble issu qui ont six et peut-être même sept langues distinctes (si on ajoute le niominka aux six langues ci-dessus énumérées) ?
«…Ce phénomène migratoire semble en fait, n’avoir concerné que les Séreer, les Wolof et les Lebu, qui lors de leur traversée du Sahara, ont rencontré les Berber Sahariens qui deviendront les Peul ; et des croisements des Sereer et des Lebu avec les Peul, proviendront les Tukuleer. Ces quatre groupes, en fait peu différenciés à l’époque, parlant la même langue, le protosereer, selon L. S. Senghor, vont cohabiter dès le 10ème siècle dans le Tekrour, au nord du Sénégal (l’actuel Fouta Toro à cheval sur le Sénégal e la Mauritanie) ». Dixit Monsieur Makhtar DIOUF (page 44).
Des Berbères Sahariens qui se sont mués en Peuls qui parlent une langue dénommée Pulaar et qui n’est pas connue des Berbères Sahariens, leurs supposés géniteurs ?
Des Sérères et des Lébous qui s’accouplent avec des Peuls pour donner naissance à des Toucouleurs ! Qui de ces trois personnes (Le Sérère, le Lébou et le Peul) dont le croisement aurait engendré le Toucouleur serait l’homme et qui serait la femme ? Et pourquoi alors le « Toucouleur » ignore-t-il tout de la langue du Sérère et de celle du lébou pour ne parler que la langue du « Peul » ?
Des sottises de cette nature ne doivent plus être dites sous le ciel africain, particulièrement au Sénégal ! ETEE ON NJAWOTAAKO MIN, WOORTI KO ƁENNI! YOO DOTTU ! Seeŋoor noon kam kañum ko ɗaccanaaɗo Alla!
Comment expliquer, que dans la partie du Questionnaire du RGPH-5, relative aux langues parlées, il soit demandé si la personne à recenser parle la langue de l’Ethnie dont elle se réclame ? Pour sûr que ce ne sont pas nos parents de l’Ethnie Wolof qui sont visés ici, dans ce Questionnaire qui comportait bien des choses qui clochent, sur de nombreux points !
Comment expliquer, qu’au lieu de lister les noms de la première langue parlée en respectant l’ordre alphabétique comme dans le cadre de l’article premier, alinéa 2 de la Constitution du 22 janvier 2001 de la République du Sénégal, on ait plutôt commencé, arbitrairement, par le Wolof qui devrait même être la toute dernière langue à citer, car commençant par la lettre W, la quatrième avant-dernière lettre de l’alphabet latin ?
Comment a-t-on osé passer ainsi outre la recommandation contenue dans l’exposé des motifs de la Loi n° 78-60 du 28 décembre 1978 disposant que « …Le nombre des langues nationales du Sénégal est ainsi fixé à 6. Comme il ne saurait être question d’établir entre elles un quelconque ordre hiérarchique, elles sont énumérées dans la nouvelle disposition constitutionnelle selon l’ordre alphabétique. Ce sont le diola, le malinké, le pulaar, le sérère, le soninké et le wolof ».
Comment justifier le même listing s’agissant de la deuxième langue parlée, au lieu de procéder, comme on l’a fait jusqu’à un certain niveau pour les noms des Ethnies, c’est-à-dire en respectant l’ordre alphabétique ?
Pourquoi même cette question sur les langues nationales ? Pourquoi demander la deuxième langue parlée après que la personne à recenser a déjà décliné le nom de son Ethnie ainsi que sa première langue parlée ? Pourquoi cette question supplémentaire ? N’était-ce-pas là une façon un peu détournée d’orienter la réponse de la personne à recenser ?
Il nous avait également été donné de relever que d’après des échos qui nous parvenaient au fur et à mesure du RGPH-5, certains agents recenseurs écrivaient automatiquement que tel ou tel Sénégalais à recenser était de l’Ethnie Wolof tout comme sa première et sa seconde langue parlées, sans même en poser au préalable la question à l’intéressé !
Nous ne sommes point surpris de ces résultats voulus depuis fort belle lurette ! C’est même l’inverse qui aurait été surprenant ; la situation étant ce qu’elle est ! Qui ignore que c’est là l’aboutissement d’une ligne directoriale qui date de la colonisation ? Les différents Gouvernements qui ont eu à diriger le Sénégal depuis les indépendances des années 60 ont tout mis en œuvre pour que le Wolof soit la langue de communication, de commerce et de travail dans toute l’Administration sénégalaise, même si c’est au cours des vingt-quatre (24) dernières années que cette volonté s’est le plus manifestée.
Mais ces résultats, tout orientés qu’ils soient, ne sont pas une preuve que nos parents de l’Ethnie Wolof sont les plus nombreux au Sénégal. Bien au contraire. Car ces 8 525 098 de Sénégalais dont on dit que le Wolof est la principale langue parlée, incluent non seulement les Wolofs dans leur intégralité, mais aussi des Fulɓe, des Sérères, des Diolas, des Malinkés, des Soninkés, des Maures, etc..
Cela se conçoit aisément aussi dans la mesure où d’après le rapport de l’ANSD, « Le taux d’urbanisation a connu une croissance régulière passant de 34,0% en 1976, 39,0% en 1988, 40,2% en 2002, 45,2 en 2013 et 54,7% en 2023 » et que les régions les plus urbanisées se trouvent justement être celles où la langue Wolof s’est vu attribuer le plus grand nombre de locuteurs. Il s’agit notamment de Dakar (100%) avec une population urbaine évaluée à 40,4% de celle nationale, Diourbel (66,9%) et Thiès (57,5%) qui regroupent aussi respectivement 14,0% et 14,3% de la population urbaine nationale.
Le Rapport l’a également souligné : la population qui réside en milieu urbain (9 922 399 habitants) est de loin plus nombreuse que celle qui habite en zone rurale. Elle en représente plus de la moitié de la population totale. Il va sans dire que ce sont les Ruraux qui ont grossi la population urbaine et permis à la langue Wolof d’être créditée de 8 525 098 de locuteurs, soit 53, 6% de la population totale du Sénégal qui, d’après le Rapport de l’ANSD, s’élèverait à dix-huit millions cent vingt-six mille trois cent quatre-vingt-dix (18 126 390) habitants.
En revanche, les 4 175 468 de Sénégalais dont le Pulaar serait, aux termes du rapport de l’ANSD, la principale langue parlée, sont constitués essentiellement de Fulɓe, à l’exclusion de tout membre de quelle que autre Ethnie que ce soit. Nous ne doutons pas qu’il en soit ainsi pour les autres Ethnies. En somme, excepté pour la langue Wolof, les chiffres communiqués concernent des locuteurs natifs. D’où donc une autre révélation de taille de ce RGPH-5: LES FULƁE SONT LES PLUS NOMBREUX AU SENEGAL ET LE PULAAR, LEUR LANGUE, COMPTE LE PLUS GRAND NOMBRE DE LOCUTEURS NATIFS !
Encore une fois, Monsieur Diégane SENE l’avait dit en 2007 : « S’il existe une réalité observable dans tous les coins du Sénégal et que la prochaine Académie des Langues nationales va prouver, c’est que le Pulaar est la première langue au Sénégal. Le Pulaar est la première langue nationale par le nombre de ses locuteurs mais aussi parce qu’elle est la plus protégée, la plus structurée et la plus soignée…Le Pulaar est la langue nationale la plus pratiquée sur l’échelle du territoire national. Il n’y a pas un département au Sénégal où il n’est pas parlé. Par exemple, dans le département de Mbour, qui est une zone sérère comptant 190 villages, le Pulaar est présent dans 100 localités. La même réalité est observable partout au Sénégal…Nos langues ont besoin qu’on milite pour elles. Le Gouvernement s’est employé à redresser les difficultés en affirmant ses volontés. D’abord par l’Académie des Langues dont la conception est terminée et dont l’installation est prévue dans les mois à venir. Et le Pulaar y occupera sa place de première Langue du Sénégal, sinon presque ».
Pour rappel, M. Diégane SENE, est le Secrétaire national de l’URD depuis le rappel à Dieu de Djibo Leyti KA (Paix à son âme). Il avait été nommé en 2004, Ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de la Francophonie, auprès du Ministre de l’Education, dans le Gouvernement du Premier Ministre Macky SALL, sous la présidence de Maître Abdoulaye WADE. Ce, avant son élection comme Député à l’Assemblée nationale. Une voix autorisée donc, s’il en est !
Cela n’est guère surprenant, au demeurant ; vu que le Pulaar est, incontestablement :
-la première langue la plus régulièrement parlée dans les régions de Kédougou, Kolda, Matam, Saint-Louis du Sénégal et Tambacounda;
-la deuxième langue la plus régulièrement parlée dans les régions de Dakar, Kaolack, et Louga;
-au moins la troisième langue la plus régulièrement parlée dans les six (06) régions sénégalaises restantes, à savoir, Diourbel, Fatick, Kaffrine, Thiès, Sédhiou et Ziguinchor ;
-la première langue la plus régulièrement parlée au sein de la diaspora sénégalaise, considérée comme la quinzième région du Sénégal ;
-la seule langue sénégalaise à être parlée dans tous les quinze (15) Etats qui composent l’espace CEDEAO ;
-la seule langue sénégalaise à être parlée dans au moins vingt-deux (22) pays africains !
En somme, on trouve de nombreux locuteurs de la langue Pulaar dans toutes les quatorze (14) Régions sénégalaises ainsi que dans tous les quarante-six (46) Départements et cinq cent cinquante-sept (557) Communes du Sénégal.
Assurément, l’honorable Député Diégane SENE avait raison: « Le Pulaar est la langue nationale la plus pratiquée sur l’échelle du territoire national. Il n’y a pas un département au Sénégal où il n’est pas parlé. »
Nous saluons au passage le Diawdine Amadou Bakhaw DIAW, Président de l’Association Culturelle LEPPIY WOLOF et l’assurons de notre réponse dans des délais raisonnables à son article « MONSIEUR SANGHOTE, SI VOUS N’AVIEZ PAS MANGE LE DIAPHRAGME (BIWOL), LE PROFESSEUR FATOU SOW SARR VOUS AURAIT DONNE UN PAGNE EN CADEAU ».
Le temps nous a fait dramatiquement défaut ces jours-ci, au point qu’il ne nous a pas été possible de lui répondre. Mais Diawdine ne perd rien à attendre. Ce n’est plus qu’une question de délai. De très court délai, In Chaa Allah !
Assurément, Louis Léon César Faidherbe, Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865 a, comme qui dirait, réussi son funeste vœu de braquer certains Sénégalais contre leurs concitoyens de l’Ethnie Fulɓe ! Hélas !
Cet ancien Gouverneur du Sénégal avait déclaré que : «Parmi les populations indigènes que nous avons eu à coloniser, il y a une ethnie qui n’acceptera jamais notre domination. Et il se trouve que cette ethnie est très répandue sur notre espace de colonisation. Il est urgent et impératif, pour notre présence en Afrique, de réussir à la diviser et leur opposer les autres ethnies moins rebelles. Car le jour où les Peuls se regrouperont, ils pourront balayer sur leur passage toutes les forces coloniales».
Les provocations n’ont que trop duré ! Notre cher Sénégal a beaucoup souffert des événements casamançais, au Sud du pays ! Le tribut payé est suffisamment lourd. C'est dire que la préservation de la paix sociale à travers une justice équitable n'a pas de prix: toute injustice débouche inévitablement sur une colère, une révolte, une explosion, un conflit. Si gouverner c'est aussi prévoir, autant donc rectifier l'erreur visible sur la configuration de la future société sénégalaise !
Car à l’image de nos vaillants grands-parents qui avaient dit non à la domination des Blancs et des Maures, nous nous opposerons à la domination de quelle que langue (donc de quelle que Ethnie) que ce soit.
Ce que nous réclamons et qui nous vaut beaucoup de haine n’est pourtant pas du domaine du diable. Nous ne demandons rien de plus que ce que nous confère la Constitution de la République du Sénégal !
A bon entendeur…