LE FORUM CIVIL ANTICIPE LA RÉFLEXION SUR LES ASSISES DU SYSTÈME ÉLECTORAL
Le Sénégal reste un modèle démocratique en Afrique de l’ouest. Malgré cette stabilité politique, le pays a traversé des moments très difficiles entre 2022 et 2024, marqués par une crise sur fond électoral
Le Sénégal s'est retrouvé au bord du précipice lors de la dernière élection présidentielle. Pour éviter que pareille situation ne se reproduise, le Forum Civil, en collaboration avec les acteurs politiques du pouvoir comme de l’opposition et de la société civile, a organisé une rencontre de réflexion à Saly. Les conclusions issues de cet exercice vont entrer dans le paquet des propositions qui seront faites lors des prochaines assises sur le système électoral.
Le Sénégal reste un modèle démocratique en Afrique de l’ouest. Malgré cette stabilité politique, le pays a traversé des moments très difficiles entre 2022 et 2024, marqués par une crise sur fond électoral. Au sortir de cette crise, le nouveau Président Bassirou Diomaye Faye avait annoncé la tenue prochaine d'assises sur le système électoral afin de revoir tout le processus pour que dans l’avenir de pareilles situations ne se reproduisent. Dans cette lancée, le Forum Civil a organisé une rencontre qui a regroupé des experts électoraux, la Société civile, des partis de l’opposition et du pouvoir pour mettre sur la table des propositions en perspective des prochaines assises. Pour Doudou Wade, membre du Parti démocratique Sénégalais (PDS) et ancien parlementaire, «le Sénégal avait connu des difficultés liées au processus électoral. Finalement, cela a abouti au code consensuel de 1993 qui pourtant n’aura pas empêché un mort. En 2024, nous avons traversé l’une des crises les plus inquiétantes, causant une centaine de morts. Pendant le second mandat de Macky, l’opposition a été persécutée et des candidats emprisonnés et certains recalés. C’est pour la première fois qu'on accuse des magistrats du Conseil Constitutionnel de corruption avec une mallette de trois milliards. Tout cela est inquiétant. Il faut mener une enquête et punir les fautifs», a soutenu Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral.
Après ce constat, Amadou Bâ, député du groupe parlementaire Yewwi Askan wi, pense qu’il faudra faire le maximum pour trouver une solution à l’équation traumatisante que le Sénégal a traversée. «Quoique ayant réussi à installer beaucoup d’alternance, le système a montré ses limites que nous ne devons pas revivre aux prochaines échéances à venir. Nous espérons que tout le système sera refondu avec suffisamment de garanties, avec un processus électoral interne, seul gage de démocratie», a déclaré le remplaçant de Birame Soulèye Diop à l'hémicycle.
Pourtant, d'autres à l’image de Mamadou Diop Decroix ne sont pas d’avis que le Sénégal rencontre un problème de texte ou d’interprétation des textes. A l’en croire, la loi électorale est claire et limpide et ne souffre d’aucune incompréhension. «Nos textes sont bien clairs, le seul problème que nous avons est un problème de personnes qui les interprètent. Rien ne sert de changer des textes si les interprètes sont de mauvaise foi. Au moment où tous les Sénégalais croyaient que le système judiciaire était à terre, il y a eu des magistrats et des fonctionnaires qui ont pris des décisions en appliquant la règle que l'Exécutif ne voulait pas », a fait savoir le Secrétaire général de And-Jëf/Pads. Pour ce qui est de l’application du bulletin unique, Diop Decroix estime que c’est la meilleure solution. «Si on est dans l’opposition on est d’accord et si on prend le pouvoir, on refuse de l’appliquer pour des raisons politiques. Le bulletin unique est la meilleure solution car on parvient à économiser plus de 70% du budget dépensé et le décompte devient plus rapide», a-t-il suggéré.
Pour sa part, le coordonnateur national du Forum Civil estime qu’il faut garantir l’intégrité du système électoral pour éviter des violences préélectorales et postélectorales «Dans le premier panel sur l’organisation des élections qui a traité les questions du parrainage du système électoral et de la carte électorale, il y a des propositions qui ont été faites. Il y a aussi des recommandations sur le financement des partis politiques, des campagnes et aussi la rationalisation des partis politiques. Du fait que le président de la République a annoncé la révision de l’intégralité du processus électoral, il est donc bon d’en discuter afin de trouver des solutions idoines qui pourront nous éviter des crises», a soutenu Birahime Seck.
Le système électoral est confronté à plusieurs difficultés mais la plupart du temps, elles sont liées à un problème d’interprétation de magistrats et de fonctionnaires en violation de la loi pour satisfaire une demande politique. Ce qui fait déjà croire que même avec les meilleurs textes au monde, si les hommes qui doivent l’appliquer ne sont pas intègres, cela ne servira à rien.