LA LENTE AGONIE D'AKON CITY
Face à l'immobilisme du chantier, les autorités ont adressé une mise en demeure, menaçant de récupérer les terres concédées à l'artiste. Un avertissement qui pourrait sonner le glas de l'ambitieux projet de 6 milliards de dollars
(SenePlus) - Près du village de Mbodiène, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, la vision grandiose du chanteur américain d'origine sénégalaise Akon semble se dissiper. Comme l'écrit Le Monde, "concédées en 2020 au chanteur américain d'origine sénégalaise Akon pour y construire une grande ville futuriste à son nom, ces terres broussailleuses devraient pourtant être un vaste chantier."
Lancé en 2020 avec l'appui de l'ancien président Macky Sall, le mégaprojet "Akon City" promettait l'édification d'une ville futuriste digne du Wakanda, le royaume africain fictif des films Black Panther. "A l'origine, le projet Akon City, dont le budget annoncé avoisinait les 6 milliards de dollars, promettait l'achèvement d'une première phase de travaux fin 2023, reportée à 2025", rapporte le quotidien français.
Aujourd'hui, "les herbes folles poussent, les troupeaux de zébus les ruminent, mais pas l'ombre d'une grue, d'un marteau-piqueur ou d'un ouvrier", constate le quotidien. Seule émerge la structure incurvée du supposé "Welcome Center". Le 28 juin, "la Société d'aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), rattachée au ministère du tourisme, a adressé une mise en demeure à l'artiste", poursuit Le Monde. Un coup de semonce qui pourrait enterrer le projet pharaonique.
"Pour l'instant, nous gardons espoir que le projet débute, souffle Marcel Diome, le chef du village de Mbodiène. Jusqu'à présent, tout ce qu'il avait promis, Akon l'a fait. Nous croyons donc en lui même si c'est un peu lent", cite le quotidien du soir. Le notable salue les réalisations modestes du chanteur comme un terrain de basket.
Lors de son lancement en 2018, Akon City se voulait pourtant une cité ultramoderne "green et high-tech", avec tours futuristes, centres commerciaux démesurés, studios de cinéma, universités de pointe et même sa propre cryptomonnaie, l'"akoin". "Je veux que mes bâtiments ressemblent à des sculptures", lançait alors Akon, galvanisé par les comparaisons avec le blockbuster Marvel, d'après Le Monde.
Las, "l'akoin a vu son cours s'effondrer en quelques mois, passant d'une valeur de 0,15 dollar à 0,00035 dollar aujourd'hui, selon le site BitMart", relève le journal. Et le financement du projet, annoncé à 4 milliards de dollars par la société KE International, n'a jamais été concrétisé selon d'anciens collaborateurs cités par Le Monde : "Akon a dépensé plusieurs millions sur fonds propres pour ce projet. Mais il n'a pas réussi à confirmer les promesses d'investissement alors qu'il n'est pas en mesure de tout financer seul."
Certains médias locaux n'ont pas hésité à évoquer une possible "escroquerie", même si rien n'a été démontré, note Le Monde. Face aux critiques fin 2023, Akon assurait que son projet était "en marche à 100 000%" et que les sceptiques "auraient l'air stupide". Un an plus tard, le mirage d'Akon City semble bel et bien se dissiper dans les terres broussailleuses de Mbodiène. Comme l'indique Le Monde, "la demande d'hébergement pour les prochains Jeux olympiques de la jeunesse en 2026 pourrait d'ailleurs pousser d'autres investisseurs à convoiter ces terres promises au chanteur, pour des projets sans doute moins ambitieux mais plus réalistes."