GUINEE, MALI, RWANDA NOUS PRENNENT NOS JOUEURS
En marge de la journée de prières des anciens du Jaraaf, samedi dernier, le président Cheikh Seck s’est prêté aux questions des journalistes.
En marge de la journée de prières des anciens du Jaraaf, samedi dernier, le président Cheikh Seck s’est prêté aux questions des journalistes. Il a évoqué le manque de moyens des clubs au point que des pays comme la Guinée, le Mali ou le Rwanda viennent « chiper » les joueurs pour leur championnat à 2000 dollars. Il impute cette situation au manque de soutien de l’Etat et le déficit de sponsors, faisant que les clubs sénégalais ne peuvent plus retenir leurs joueurs.
Président, que retenez-vous de la journée de prières?
C’est une journée mémorable pour l’ensemble des clubs, supporters, dirigeants et je ne m’attendais pas à trouver autant de monde. J’ai gagné une coupe d’Afrique aujourd’hui en leur compagnie. Wagane Diouf, le Grand Serigne de Dakar Abdoulaye Matar Diop, Nguirane Ndoye et tant d’autres personnalités étaient présents. Le vice-président Djibril Wade est venu en plus de représentants de clubs. Nous ne sommes pas en guerre, on est en compétition. D’ailleurs, nous sommes tous des sénégalais. En ce sens, on doit faire des efforts. On ne doit pas voir dans les matchs Jaraaf / Pikine, des gens qui se battent comme des chiffonniers. Jaraaf / Tengueth, des gens qui cassent les bus de Jaraaf. Je rêve d’un jour où les supporters de Jaraaf/ Pikine seront dans la même tribune, portant les mêmes couleurs. On doit arriver à ce niveau. Les dirigeants doivent faire ce travail, ils ne doivent pas monter les supporters. Ce n’est pas bien. Il faut que les gens se rectifient pour qu’ils ne vivent pas de graves problèmes. L’année dernière, j’avais invité le président des supporters de Pikine et les supporters pour qu’on discute ensemble. Ce sont les gens de Médina qui sont partis vivre à Pikine. J’ai de la famille à Pikine. Il faut qu’on dépasse cet esprit de guerre. Le football est d’abord un jeu.
Jaraaf doit prendre part à la coupe Caf, comment se passent les préparatifs ?
Depuis 10 jours, l’équipe est prise en charge. On va essayer d’aller le plus loin possible. On a une nouvelle équipe, elle a changé de visage à 90%. On a fait un très bon recrutement pour pouvoir réaliser l’exploit.
Les clubs se plaignent souvent de ne pas être soutenus en Afrique. Qu’en est-il à votre niveau même si vous avez reçu 25 millions d’appui de la FSF.
L’Etat doit aider les clubs, surtout les clubs traditionnels qui demeurent de grandes entreprises. A notre niveau, on emploie plus de 60 personnes, y compris les joueurs. Le budget salarial est énorme à la fin du mois. Aujourd’hui, les guinéens, les maliens, les rwandais prennent nos joueurs car ils ont une subvention de leur Etat sur le plan financier. Il y a quelques années, c’était impensable qu’un sénégalais puisse quitter son club pour aller jouer à Conakry. Non seulement il y a l’Etat, mais les sponsors. C’est le cas de la Côte d’Ivoire avec Canal +. Au Sénégal, si on avait les moyens, on n’allait jamais laisser partir nos gosses pour un salaire de 2000 dollars à l’extérieur. C’est très difficile de garder une équipe, surtout les clubs traditionnels. Et dans une équipe, tout le monde n’a pas la force financière, certains ont leur expertise, chacun apporte sa contribution. Au Jaraaf, on a la chance d’assurer les dépenses. Il y a quelques jours, la FSF nous a octroyés 25 millions FCFA, mais pratiquement les 15 millions sont partis avec la prise en charge. Entre le regroupement, l’hôtel, la bouffe, c’est un geste grandiose à saluer et on remercie le président Me Senghor pour son appui très constant.
On dit que Cheikh Seck n’a pas d’adversaires, vous avez une légitimité au sein de Jaraaf. C’est également valable chez les anciens internationaux…
On est une famille. Nous ne sommes pas en compétition. On se regroupe toujours pour choisir un dirigeant. C’est ainsi que j’ai pris le club. Il n’y avait pas d’élection, rien du tout. C’est le même cas au niveau des anciens internationaux. C’est un problème de confiance. Donc, si la confiance est là, on fait un consensus autour d’une personne qui a cette légitimité. J’espère que j’ai cette légitimé qui fait que les gens pensent que je suis l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Au Jaraaf, il n’y a pas d’élection ni de tiraillement. Le secret ? Rien du tout. J’ai grandi au Jaraaf. A 10 ans, je suis rentré à l’école de Medina et je n’y suis plus sorti. Peut-être en 2 ou 3 ans lorsque je suis parti en Tunisie. Je suis vite rentré au Sénégal et j’ai été président de section, vice-président du club. Ce n’est pas un mérite que je sois là, il y a des gens qui le méritent plus que moi. Ce, à l’instar de Youssou Dial, Léonard Diagne, Saliou Seck etc. Le Jaraaf est une grande famille et on a l’habitude de se retrouver tout le temps pour discuter. Lorsque j’arrivais à la tête du club il y a 10 ans, mon objectif était d’améliorer l’état des infrastructures, d’avoir un terrain de football pour les entrainements. C’est fait !