BENNO SE BRAQUE
La décision du président Diomaye de supprimer le HCCT et le CESE a mis le feu aux poudres, provoquant l'ire des députés de la majorité. Ces derniers, jugeant la démarche présidentielle inélégante et illégale, s'apprêtent à riposter avec fermeté
Sonko veut sa guerre avec l’opposition, il l’aura. Jugeant inélégante et illégale la démarche du président Diomaye de faire fuiter l’information sur le décret devant acter la mort du HCCT et du CESE avant même qu’elle n’accède au destinataire, les députés de BBY ont décidé de faire du «Gatsa-Gatsa» avec les tenants du pouvoir, contre qui ils comptent faire face en faisant avorter la décision du chef de l’état de mettre à mort les institutions dirigées par Aminata Mbengue Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo.
Hier, le groupe de la majorité s’est réuni et les députés ont décidé de ne pas communiquer sur leur décision et le plan d’action qu’ils vont adopter face au régime qui a mis entre parenthèse toute élégance républicaine. Non seulement en voulant piéger le groupe BBY mais aussi en divulguant le secret de la convocation avant même qu’elle n’atteigne le Président de l’Assemblée, Amadou Mame Diop. La lettre estampillée secret, ce dernier l’a reçue à son domicile, à sa descente, alors que l’information avait déjà fait le tour de la toile, distillée par le porte-parole de la Présidence de la République. Une inélégance qui est restée en travers de la gorge des députés de la majorité. Hier donc, lors de leur réunion, les députés du groupe parlementaire BBY ont exprimé leur courroux. Ils ont compris que le régime veut la guerre.
Pour beaucoup, il n’est pas question de donner un chèque en blanc à Diomaye Faye pour dissoudre le HCCT et le CESE, tout en sachant que quelle que soit l’issue, il va dissoudre l’Assemblée nationale.
Qui plus est, Diomaye est accusé de s’être attribué des pouvoirs en marge de la loi, en convoquant l’Assemblée et en même temps en fixant l’agenda. Or, cette seconde tâche est une prérogative dévolue à l’Assemblée nationale. Autrement dit, s’il est vrai que le président de la République peut convoquer les sessions extraordinaires, il ne lui revient pas de fixer l’agenda. Ainsi donc, le bureau de l’Assemblée va se réunir à titre d’information aujourd’hui, puis convoquera la conférence des présidents, la seule habilitée à fixer l’agenda. C’est cette dernière qui va donc définir l’agenda, le passage en commission des lois et en plénière. Et selon nos sources, la dissolution ne se fera pas jeudi car la conférence des présidents ne va pas accepter de se soumettre au diktat de l’exécutif, d’après des informations issues du groupe de BBY qui, il faut le dire, est très fâché contre la démarche du chef de l’État.
Ainsi, elle entend fixer son propre agenda donnant ainsi du grain à moudre au régime Diomaye. Si le chef de l’Etat décide de dissoudre l’Assemblée au cours de ce mois de septembre en représailles, il fera face à une crise institutionnelle parce qu’il incombe à cette même assemblée de voter une loi d’habilitation lui permettant de gouverner par ordonnance en attendant la tenue des législatives anticipées qui devraient se tenir dans les 90 jours au maximum. Là également, il lui faut un consensus pour supprimer le parrainage qui requiert 105 jours. Autant dire qu’il y a une équation à plusieurs inconnues pour remettre le pays sur les rails de la démocratie.