IL Y A 64 ANS DISPARAISSAIT, AU LARGE DE DAKAR, L’AVION DU POETE DAVID DIOP
29 Août 1960-29 Aout 2024, Il y a 64 ans, jour pour jour, disparaissait le poète David Diop dans le crash d’un vol régulier d’Air France au large de Dakar.
Lundi 29 août 1960- Jeudi 29 août 2024, il y a 64 ans disparaissait une figure emblématique de la décolonisation, le poète David Diop, l’auteur de l’immortel « Afrique, mon Afrique ». Le poète révolutionnaire avait péri dans le crash du vol n° 343 d’Air France au large de Dakar. Il n’y avait aucun survivant parmi les 55 passagers dont 04 bébés de cet avion de ligne d’Air France en provenance de Paris. En 1963, c’est-à-dire trois ans après l’accident, le Bureau français d’enquêtes et d’analyses (Bea) pour la sécurité de l’aviation civile avait publié son rapport final sur le crash consécutif à de mauvaises conditions techniques et météorologiques. Un rapport dont « Le Témoin » quotidien a retrouvé une copie pour ce triste jour commémorant la disparition de David Diop.
Il y a 64 ans, jour pour jour, disparaissait le poète David Diop dans le crash d’un vol régulier d’Air France au large de Dakar. Nos parents et grands-parents se souviennent de ce terrible drame qui avait bouleversé la jeunesse révolutionnaire qu’incarnait le poète David Diop, l’auteur de l’immortel « Afrique mon Afrique ». En ce 64e triste anniversaire de cette catastrophe aérienne, « Le Témoin » quotidien revient encore sur le rapport du Bureau français d’enquêtes et d’analyses (Bea) pour la sécurité de l’aviation civile publié trois ans après le drame (1963).
Déroulement du vol à destination de Dakar
Selon le Bea, tout a commencé le dimanche 28 août 1960 à 20 h 30 lorsque le vol n° 343 d’Air France, un appareil à hélices de marque Lockheed Constellation (Usa), décolle de Paris (France) à destination de Dakar (Sénégal). « Après un voyage au cours duquel il n’a été signalé aucune anomalie. Et le 29 août 1960 à 06h 30, le vol prend contact avec le centre régional de contrôle de Dakar qui l’autorise à descendre jusqu’au niveau 20 et lui demande de se rabattre sur la balise DY. A 06h 37, l’avion se signale à la verticale de l’aérodrome militaire (Ndlr : Base de Ouakam) en provenance de Thiès et se trouve dans le circuit en cours de procédure d’approche et d’atterrissage sur la piste 01. Le centre de contrôle régional de Dakar lui demande de passer sur la fréquence 118.1 Mhz de la tour de contrôle de Dakar-Yoff. Ainsi, le contact est immédiatement établi ! » lit-on dans le rapport
A partir de ce moment, la chronologie et le déroulement du vol ont été ainsi établis, compte tenu : de la transcription de la bande des communications entre l’avion et la tour de contrôle de Dakar-Yoff ; des indications portées par le contrôleur en service de la tour de contrôle de Dakar-Yoff sur procès– verbal et du dépouillement des renseignements fournis par les autres témoins visuels et auditifs. A 06h 28, alors que la tour de contrôle autorise l’atterrissage d’un aéronef de marque Nord 2501 (Ndlr : un avion de transport militaire), le vol n° 343 demande au contrôle si cet appareil militaire est finalement et également sur la piste 01. A 06h 30, dès l’atterrissage du Nord 2501, le contrôleur indique au vol d’Air France qu’il est N°1 pour l’atterrissage et lui demande de rappeler en finale. A 06h 31, le vol d’Air France demande la pression au sol qui lui a été à nouveau donnée, et il en accuse réception en la répétant. 06h 34, le vol d’air France (Ndlr : David Diop à bord), n’a pas rappelé en finale. Morceaux ou « messages » choisis entre l’équipage (Avion) et la tour de contrôle de Dakar-Yoff : « On n’était pas axé, on a remis les gaz ! » annonce le vol. Et la tour accuse réception et lui demande de se signaler vent arrière. A 06h 35, la tour de contrôle demande la position de l’avion : « Vent arrière ! On se dirige vers le range, stop à 1.000 pieds (nous arrêtons la montée à 1.000 pieds (Ndlr : 300 mètres d’altitude) » indique le vol. En réponse, le contrôleur précise : « Ok ! Seul dans le circuit. Je vous ai mis en route et les trois balises » et le vol accuse réception en ces termes : « Ok ! Vous me donnez la piste 30 alors ? ». Le contrôleur : « Oui, le vent a l’air de tomber un peu. La vitesse du vent est 10 à 15 Kts du secteur nord, si vous préférez vous posez sur la 30 ». Avion ou Vol : « La visibilité est mauvaise dans l’axe de la piste 01. Il pleut abondamment ! Ça s’améliore ou quoi ? ». Le contrôleur : « Ça n’a pas l’air ! Je ne vois absolument plus la piste 01 ». Avion : « Bon, alors on attend ! ». Contrôleur : « Vous pouvez faire une approche sur la 30. Je vous tiendrai au courant du vent. Pour l’instant, il est à 10 à 12 kts ». « Je ne vois plus la piste à cause d’une forte pluie » déplore le pilote.
Il est à ce moment 06h 37 ou 06h 38, soulignent les enquêteurs du Bea, le commandant de bord de l’avion d’Air France intervient, fait lui-même la liaison et déclare : « Non, je ne me pose pas ! Quand il ne flottera plus, on se posera ! Je vais tourner sur l’Île de Gorée où s’est déjà dégagé, hein ? ». Contrôleur : « Ok, d’accord ! ». A 06h 41, le contrôleur est en liaison avec un autre avion au sol, puis le contact avec le vol d’Air France reprend. Avion : « On fait un essai sur la 01 ? ». Le contrôleur répond : « Compris ! Le vent au sol est maintenant à 20/05 kits ». Avion : « 20/05kits, d’accord ! mais la visibilité, ça s’améliore ! ». Contrôleur : « Non, ce n’est pas fameux ! Je vois juste pour l’instant le phare des Mamelles de Dakar au moment de l’éclat simplement… ». Avion : « Ok ! ». Contrôleur : « Et je ne vois pas la piste 01. Quelle est votre autonomie ? ». Avion : « On a deux heures à peu près…Je vais vous le dire avec exactitude ; plus de deux heures ! ». Contrôleur : « Ok, d’accord ! Pour le temps, la visibilité s’améliore. Je vois nettement mieux le phare des mamelles et je distingue les balises de la grande piste »
Dans leur rapport, les enquêteurs expliquent qu’en cet instant-là, vers 06h 45, l’avion passe sensiblement à la verticale de l’« aérodrome » de Dakar-Yoff (Ndlr : Ancien Aéroport international Léopold Sédar Senghor) en direction Est-Ouest. « Des témoins le verront, après un passage parallèle à la piste 30, virer à gauche, derrière l’hôtel Ngor et disparaitre dans une forte averse. Ces témoignages ne mentionnent pas d’éclairs dans cette direction. Après avoir accusé réception du dernier message du contrôleur, le vol émet un dernier message : « On est vent arrière pour la piste 01 à 1.000 pieds ».
A partir de ce moment, aucune autre liaison ne sera plus établie entre la tour et l’avion. Ainsi, des opérations de recherches et de sauvetage sont immédiatement déclenchées. Une heure et demie plus tard, indiquent les experts de la commission d’enquête du Bea, des débris de l’avion, flottant à la surface, sont repérés à environ deux kilomètres au large de Dakar, à l’Ouest du Phare des Mamelles. M. Boirre Lucien, 50 ans, était le commandant de bord de l’avion d’Air France.
Résumé et nature de l’accident
Avec 20.068 heures de vol, il possédait une grande expérience du Lockheed Constellation (Usa) sur lequel il volait depuis 1953. Mieux, le commandant Lucien connaissait parfaitement bien l’espace aérien du Sénégal pour avoir effectué pendant 15 ans la liaison Paris-Dakar. Ce jour-là, lit-on dans le rapport d’expertise, vers 06h 34, le vol n° 343 en provenance de Paris doit effectuer, par conditions météorologiques défavorables, une procédure d’atterrissage manquée sur la piste 01 de l’aérodrome de Dakar-Yoff. Après avoir refusé la piste 30, le commandant de bord Boirre Lucien disposant encore d’une autonomie (en kérosène) supérieure à deux heures décide d’attendre une amélioration des conditions météorologiques. Puis, peu après 06 h 41, il annonce son intention de faire un nouvel essai sur la piste 01. Après un passage à la verticale du terrain en direction Est-Ouest, l’avion est vu à 06h 45 contournant l’hôtel de Ngor pour se placer vent arrière. Soudain, il disparait dans un grain et ne sera plus entendu après annonce « vent arrière » vers 06h 47.
Selon les enquêteurs, les conditions météorologiques (orages, pluies, turbulences, possibilités d’éclairs) ont conduit à l’hypothèse d’un foudroiement de l’avion ou d’un éblouissement du pilote susceptible d’avoir conduit à une perte momentanée de l’appareil et à l’impact avec l’eau voire l’océan. Ainsi disparaissait en mer l’avion d’Air France dans lequel voyageait le célèbre poète David Diop Il y a 64 ans de cela !