BBY GAGNE UNE BATAILLE… EN ATTENDANT
Le rejet du projet de loi par la majorité parlementaire de BBY s’inscrit dans la droite ligne d’une guerre ouverte entre l’Exécutif et le Législatif. Diomaye Faye est donc attendu pour apporter la riposte et siffler la fin de la récréation
Benno Bokk Yakaar a gagné hier une bataille importante dans la guerre qui l’oppose actuellement à l’Exécutif. Le rejet du projet de loi par la majorité parlementaire de BBY au Parlement s’inscrit dans la droite ligne d’une guerre d’abord feutrée puis devenue ouverte entre l’Exécutif et le Législatif. Le président Bassirou Diomaye Faye est donc attendu pour apporter la riposte et siffler la fin de la récréation !
Hier, les intervenants du camp de BBY ont expliqué leur choix du rejet de la proposition de loi visant la dissolution du HCCT et du CESE par le fait qu’ils sont victimes d’un manque de considération de l’Exécutif notamment du Premier ministre. Ousmane Sonko avait exigé que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale soit mis aux normes avant le 15 juillet, faute de quoi, il avait menacé de boycotter l’hémicycle et de faire sa DPG devant un jury populaire composé notamment, avait-il dit, « d’éminents universitaires, d’intellectuels, de membres de la société civile, de dignitaires religieux, d’élèves et d’étudiants ». Et surtout, surtout devant les citoyens ordinaires ou Sénégalais lambda. Une telle déclaration perçue par les députés de Benno Bokk Yaakar comme un manque de considération notoire du Premier ministre à l’endroit des élus du peuple. La riposte n’avait pas tardé puisque la majorité parlementaire avait poussé le bureau de l’Assemblée nationale à décider de boycotter le débat d’orientation budgétaire du samedi 25 juin. Cette décision a été prise lors de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale qui devait clôturersa session unique 2023-2024. Le Bureau de l’Assemblée nationale “a décidé souverainement de sursoir aujourd’hui au débat d’orientation budgétaire (DOB). C’est pourquoi, vous avez vu tout à l’heure, le ministre des Finances et son équipe se sont retirés”, avait déclaré le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, Abdou Mbow, ajoutant que la conférence des présidents a été informée de cette décision. Le bureau de l’Assemblée nationale qui se veut “conséquent” avait refusé de recevoir le ministre des Finances dans la mesure où le chef du gouvernement, en l’occurrence Ousmane Sonko, “avait refusé de se présenter devant la représentation nationale pour faire sa déclaration de politique générale”. Le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yakaar (BBY) avait notamment déploré l’attitude du Premier ministre qui, selon lui, “avait (…) réduit l’Assemblée nationale à sa plus simple expression”.
La riposte de Diomaye Faye…
Seulement voilà, si BBY a gagné hier une importante bataille, ses députés n’ont hélas pas remporté la guerre contre l’Exécutif. Ils ne détiennent que l’arme parlementaire qui, aussi puissante fut-elle, ne saurait peser face à la puissance de feu détenue par le président de la République. C’est pourquoi même si, au sein de BBY, on est conscient que la riposte sera foudroyante, on estime que l’essentiel était de « sauver » une dignité parlementaire écornée. Désormais la balle du « cooki » (de la bataille) final est entre les mains du président Bassirou Diomaye Faye qui a déjà annoncé la couleur en demandant un avis au Conseil Constitutionnel. Les 7 Sages ont tracé la voie au président de la République en lui indiquant clairement qu’à partir du 12 septembre, rien ne peut empêcher qu’il puisse prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale qui aura fini de boucler deux années d’existence. Il lui suffira juste d’en informer le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale. La messe sera dite. La guerre entre l’Exécutif et le Législatif sera close par une reddition de ce dernier face à un adversaire trop puissant pour elle.