CES CONTRAINTES QUI PLOMBENT LA FILIÈRE ARACHIDIÈRE
À Ziguinchor, l'usine historique n'a collecté que 3500 tonnes de graines lors de sa dernière campagne, un chiffre dérisoire face à une production régionale abondante. La concurrence étrangère, principalement chinoise, asphyxie l'industrie locale
Le volume de collecte des graines d’arachide par l’usine Sonacos de Ziguinchor ne cesse de chuter d’année en année. La faute à une concurrence des exportateurs étrangers qui ont une véritable main mise sur le marché de la commercialisation. Aujourd’hui la filière arachide est dans une situation plus qu’alarmante dans la partie sud du pays. La Sonacos, seule industrie qui peut absorber la production, peine à atteindre ses objectifs de collecte.
Les huiliers de Ziguinchor ont vécu il y a deux ans l’une des pires campagnes de commercialisation arachidière. L’usine n’avait collecté que 3500 tonnes de graines d’arachide ajoutées aux 5500 tonnes recueillies à Kolda, la région sud avait elle seule engrangé la moitié du volume de collecte nationale. « Très insuffisant » avaient déploré les huiliers. Pourtant, avec la bonne production arachidière fruit d’un bon hivernage dans la région, les producteurs continuent à vivre des difficultés. Les écueils sont nombreux.
La concurrence des exportateurs étrangers suscite souvent l’ire des travailleurs de la Sonacos qui craignent pour leurs emplois. La matière première exportée, l’usine peine à atteindre son volume de collecte normal, ce qui contraint les travailleurs de l’usine à n’être actifs que quelques mois seulement. Récemment en tournée à Ziguinchor le Directeur Général de la Sonacos Abdou Ndane Diagne a souligné avoir identifié les problèmes majeurs de la campagne en rencontrant les différents acteurs. « La présence des Chinois, nous l’avons constatée. Nous n’avons pas peur de la concurrence et nous sommes capables d’aller au-delà de ce que nos concurrents sont capables de faire » a-t–il déclaré avant de juger inadmissible et inacceptable que la production se retrouve exportée sans valeur ajoutée.
« Il est inadmissible qu’un pays finance et subventionne une production et que cette production se retrouve exportée sans valeur ajoutée ni création d’emplois. Ces étrangers ne créent aucun emploi dans ce pays, ils n’ajoutent aucune valeur sinon ils transfèrent les subventions de l’Etat que nous avons déjà mises dans ce secteur. Aujourd’hui, l’Etat du Sénégal a relevé le niveau de subvention de cent à cent vingt milliards de francs CFA. » a-t–il laissé entendre, non sans souligner les tâtonnements et autres flottements des précédentes campagnes. Si les Opérateurs Privés stockeurs agitent souvent la lancinante question du financement et de la dette (celle-ci a été ailleurs largement épongée par les nouvelles autorités qui ont réglé une grande partie de la dette, les producteurs eux, ne sont pas souvent emballés par le prix du kilogramme fixé par les autorités. A Ziguinchor, la bonne production arachidière contraste souvent avec le grand nombre de difficultés qui affectent la filière qui reste tout de même très demandée.