LE LOGEMENT, BAROMÈTRE DU CHANGEMENT PROMIS
Alors que les précédentes tentatives de contrôle des prix ont échoué, le nouveau gouvernement prépare un Conseil interministériel crucial. La situation est devenue intenable pour la classe moyenne sénégalaise, poussée toujours plus loin en périphérie
(SenePlus) - D'après Des informations recueillies par Jeune Afrique (JA), le gouvernement prépare activement un Conseil interministériel sur la question du logement. L'enjeu est de taille : il s'agira, révèle le magazine, de traiter simultanément la baisse des loyers et l'accès aux logements sociaux, deux problématiques étroitement liées.
L'ampleur de la crise, détaillée par Jeune Afrique, se mesure aux chiffres de la Commission nationale de régulation des loyers (Conarel). Son président, Momar Ndao, confie au magazine que "61,5 % des locataires ont des difficultés à payer leur loyer". Une situation d'autant plus alarmante que le magazine rappelle que le salaire mensuel moyen au Sénégal reste inférieur à 125 000 F CFA, selon l'Agence nationale des statistiques et de la démographie (ANSD).
Le phénomène le plus inquiétant, note JA, est l'apparition d'une discrimination ouverte envers les locataires locaux. Le magazine cite des annonces explicites mentionnant "NB : pour étrangers", révélant une préférence assumée pour les locataires expatriés. Elimane Sall, président de l'Association pour la défense des locataires du Sénégal (ADLS), explique dans les colonnes du magazine : "Les bailleurs estiment que les Sénégalais sont de mauvais payeurs, contrairement aux étrangers qui peuvent payer plusieurs mois d'avance."
L'enquête de Jeune Afrique dresse une cartographie éloquente des prix. Dans le centre-ville de Dakar (Plateau), les loyers atteignent 400 000 à 500 000 F CFA pour un appartement de deux chambres, et 300 000 F CFA pour un studio. Même la périphérie n'est plus épargnée : le magazine rapporte qu'un studio proche des axes de transport peut coûter jusqu'à 150 000 F CFA.
Selon JA, la classe moyenne contribue involontairement à cette inflation. Jean Malou, ingénieur statisticien à l'ANSD, explique au magazine que les jeunes cadres, coincés entre l'impossibilité d'accéder à la propriété et le refus des logements précaires, acceptent des loyers élevés, alimentant ainsi la spéculation.
Le magazine rappelle que le précédent gouvernement avait déjà tenté de réguler le marché avec le décret 2023-382 du 24 février 2023, imposant une baisse échelonnée des loyers (15% pour les loyers jusqu'à 300 000 F CFA, 10% entre 300 001 et 500 000 F CFA, 5% au-delà) et un plafonnement des cautions. Mais Jeune Afrique souligne que ces mesures ont été largement contournées par les bailleurs.
L'enquête met également en lumière un phénomène de gentrification accélérée. Les quartiers desservis par les nouveaux transports en commun (TER et BRT) voient leurs prix grimper, créant de nouvelles zones d'exclusion pour les Sénégalais moyens, rapporte le magazine.
Face à ces défis, note Jeune Afrique, le gouvernement Sonko, qui a fait de la réduction du coût de la vie une priorité, devra trouver des solutions innovantes. Le prochain Conseil interministériel, conclut le magazine, aura la lourde tâche d'élaborer une régulation efficace, tout en préservant l'équilibre entre les intérêts des propriétaires et l'accessibilité au logement pour tous les Sénégalais.