LES CABLODISTRIBUTEURS RECLAMENT UNE LICENCE ET UNE CONVENTION
Le Consortium des câblodistributeurs du Sénégal Safinatoul Amane (CCDS) a organisé récemment une conférence de presse. L’objectif était de relancer les autorités sur la délivrance de licences.
Le Consortium des câblodistributeurs du Sénégal Safinatoul Amane (CCDS) a organisé récemment une conférence de presse. L’objectif était de relancer les autorités sur la délivrance de licences. Cette occasion a permis à certains acteurs du secteur des médias d’exposer les potentialités de la câblodistribution et de plaider pour la signature d’une convention avec les autorités étatiques.
C’est en présence de plusieurs câblo-opérateurs venus des quatre coins du Sénégal que s’est tenue récemment à Dakar cette conférence de presse, en présence de nombreux acteurs des médias et du domaine de la régulation audiovisuelle.
Pour Adama Sow, expert en médias, les câblodistributeurs sont des acteurs essentiels dans le paysage médiatique sénégalais. « Aujourd’hui, il y a au moins 100 à 120 000 câblodistributeurs à travers le pays. C’est un secteur générateur d’emplois face au chômage qui touche une grande partie de la jeunesse. Ce modèle économique est unique. Ce sont des jeunes qui entreprennent, bien qu’il reste des efforts à faire dans le domaine de la légalité », a-t-il déclaré. Selon lui, les autorités ne comprennent pas encore les enjeux liés à la câblodistribution au Sénégal, qui représente un puissant levier social. « La valeur sociale et communautaire des câblodistributeurs est non négligeable. Ils ont une fonction et une utilité sociale qui dépasse les clichés. C’est un métier dont les acteurs sont très proches des populations, notamment dans les quartiers populaires. Ils sont les premiers employeurs dans nos quartiers. C’est une économie solidaire », a-t-il ajouté.
« Face au déclin des multinationales occidentales qui dominaient le marché local, les câblo-opérateurs disposent d’une niche d’opportunités »
Pour Adama Sow, la signature d’une convention avec les câblo-opérateurs est désormais une nécessité. « Comment un pays qui se dit organisé peut-il ignorer un écosystème aussi porteur sur le plan économique, social, communautaire et culturel ? Les câblodistributeurs peuvent même devenir des producteurs de contenus et rivaliser avec les chaînes locales en raison de leur impact. Les autorités pourraient utiliser leurs canaux pour diffuser des messages de sensibilisation », souligne-t-il. Selon lui, les potentialités du secteur peuvent être exploitées si des innovations technologiques sont mises en place. L’expert en médias exhorte les câblodistributeurs à innover dans le domaine de la formation professionnelle.
« La souveraineté numérique est devenue une réalité dans plusieurs pays »
Matar Sylla, ancien directeur général de la RTS, explique que d’ici 2050, l’économie numérique générera 700 milliards de dollars, soit 8,5 % du PIB africain. « Face aux potentialités du secteur numérique, il faut agir pour capter des parts de marché. Si nous restons inactifs, des entreprises étrangères viendront combler le vide. Le secteur de la câblodistribution, s’il est organisé et équipé, pourrait permettre de saisir ces opportunités », a-t-il déclaré. Selon lui, « même s’il y a des irrégularités dans le secteur, l’État doit aider à corriger certaines incohérences, car c’est un secteur très porteur ». « Il faut que les autorités étatiques accompagnent le secteur sur le plan juridique et économique. La souveraineté numérique est devenue une réalité dans plusieurs pays, notamment en Afrique du Sud », a-t-il ajouté, précisant que les autorités « doivent adapter les textes juridiques au contexte actuel pour atteindre des objectifs d’ici 20 à 25 ans ». « Le numérique génère plus de revenus que l’industrie automobile », a-t-il précisé.
Pour Pape Alioune Camara, gérant du Consortium des câblodistributeurs du Sénégal, l’inquiétude persiste dans le secteur. Selon lui, certaines entreprises, notamment étrangères, ont pu obtenir leur cahier des charges et leur autorisation, alors que « nos lettres de demande de cahier des charges et d’autorisation demeurent à ce jour sans suite ». La signature de notre cahier des charges et l’obtention des autorisations sont plus que jamais une nécessité, selon lui. « Le câble, devenu la fibre, n’est pas seulement l’avenir, mais l’essence même d’une révolution numérique en marche au Sénégal », a-t-il martelé.