BIRAME SOULEYE, UN MINISTRE EN MODE FREESTYLE
Notre ministre a un talent rare. Celui de toujours dire ce qu’il ne faut pas, au moment où il ne faut pas, avec une assurance qui force l’accablement. Bientôt, il ne lui restera bientôt plus que son miroir pour l’écouter sans grimacer
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Il faut dire que notre ministre a un talent. Un talent rare. Celui de toujours dire ce qu’il ne faut pas, au moment où il ne faut pas, avec une assurance qui force le respect… ou plutôt l’accablement. Il parle, et c’est comme un bulldozer sans frein sur une route pleine de nids-de-poule : ça cahote, ça cogne, et ça finit toujours en sortie de route. Gaalu njoobeen du teer!
Dernière sortie en date ? Pour répondre à ceux qui affublent les militants de son parti du qualificatif de Salafistes (au sens le plus explosif du terme), il a eu l’illumination suivante : « Ma mère est la fille du vénéré Aladji Ahmad Ndieguene. Comment peut-elle enfanter un Salafiste ?... » Voilà donc la nouvelle génétique ministérielle : une bonne mère ne peut enfanter un mauvais fils. Au-delà de l’étrange biologie qu’il nous propose, le message est limpide : si vous êtes Salafiste, c’est que votre mère a raté son coup. Un bel hommage aux valeurs familiales, mais un petit scandale pour la communauté salafiste du Sénégal, qui appréciera sûrement d’être reléguée au rang d’erreur maternelle. Bon Xataraayu!
Mais ce n’est pas la première fois que notre ministre brille par sa finesse oratoire. Rappelez-vous quand, en pleine euphorie post-électorale, il a jugé bon de rappeler aux promoteurs de lutte que l’État ne sponsoriserait plus leurs combats. « Ces spectacles archaïques ne sont pas notre priorité », aurait-il presque soufflé en filigrane. Un avis respectable… sauf que personne ne lui avait rien demandé. On l’imagine, la bouche en cœur, expliquant aux lutteurs que désormais, ils devront se contenter de l’amour du public et de la sueur du mbapatt. C’est ainsi qu’il a réussi un exploit : unir toute une industrie contre lui, du promoteur de l’arène nationale au dernier batteur de tam-tam du village.
Et puis, il y a eu l’épisode Touba. Là encore, il voulait faire une démonstration. Prouver que son parti n’a jamais tenté de séduire les autorités religieuses de la ville sainte. Il aurait pu le dire calmement, avec intelligence, en finesse. Mais non, c’est mal le connaître. « Moi, avant l’élection, je n’avais jamais mis les pieds à Touba ! » a-t-il fanfaronné avec sa verve habituelle. Ah bon ? Donc en plus de ne pas séduire, vous n’avez même pas daigné faire acte de présence ? Voilà qui est habile. Si l’objectif était de convaincre que les nouveaux dirigeants n’ont aucun lien avec Touba, mission accomplie.
Ce ministre est un homme de convictions, certes, mais surtout un homme de convictions mal formulées. Un artiste du faux pas verbal. Un virtuose du mauvais timing. On lui a demandé d’apprendre à parler sans heurter. Mais visiblement, chez lui, c’est un talent inné : heurter, c’est son mode d’expression naturel.
À ce rythme, il ne lui restera bientôt plus que son miroir pour l’écouter sans grimacer.