DIOMAYE-SONKO, DEUX MARCHANDS DE CAUCHEMARS AU SERVICE DU DESESPOIR
Le Sénégal est dramatiquement devenu un pays où le rêve -ce moteur des sociétés humaines-, à cause de ses dirigeants, n’est plus permis. Tout participe à son abandon. Les utopies ne libèrent plus, elles enchaînent
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Le Sénégal est dramatiquement devenu un pays où le rêve -ce moteur des sociétés humaines-, à cause de ses dirigeants, n’est plus permis. Tout participe à son abandon. Les utopies ne libèrent plus, elles enchaînent. C’est désormais une «grande nuit» qui s’annonce, avec les hantises de sa pénombre. Les temps sont durs. Et nos dirigeants, qui nous vendaient le «miracle» il y a à peine quelques mois, sont déterminés à nous le faire comprendre. Nos imaginaires de décollage économique spectaculaire sont à nouveau calfeutrés. Nos peurs et inquiétudes, elles, par contre, émergent.
L’antienne de l’apocalypse est aujourd’hui de mise : «Il n’y a rien sous nos tropiques.» L’indigence est notre seconde nature. Rien n’est plus efficace que cette rengaine désespérante pour momifier nos énergies. Là où il n’y a pas d’espoir, dit Camus, il faut l’inventer. Car, sans espoir, nos forces sont en hibernation.
Rêver dans un pays en ruine ? Pas si facile… L’émigration circulaire -ce subterfuge aux allures d’un aveu d’incompétence de ces gens-là, chantres d’un souverainisme forcené- est là pour nous en donner une idée claire : les jeunes, nos vaillants bras, veulent partir, et l’Etat ne s’y oppose pas ! Abass Fall, comme Ulysse de retour à Ithaque, a fièrement brandi l’accord qu’il a obtenu pour exporter, au Qatar, une bonne partie de nos têtes bien faites. L’Espagne et ses travaux champêtres, eux, sont convoités et font rêver.
Le Premier ministre, toujours paré de ses atours d’opposant, avait déclaré, à la stupéfaction générale, que le pays est au fond du gouffre, que nos chiffres sont falsifiés. En termes clairs : il n’y a rien dans le Sénégal dont ils ont hérité ; tout a été gaspillé, bradé, volé, truqué. Un pays en décombres. Et qu’il faudra serrer la ceinture, car la marche vers le progrès économique sera longue et inextricable.
Nous étions en train de ruminer la déclaration cauchemardesque du Pmos avant que le Président Diomaye, lui aussi, s’invite au drame : l’Etat est financièrement asphyxié jusqu’à l’évanouissement. Mais que son train de vie, lui, ne se refuse rien. Aporie ! Il a déploré ceci : «D’abord, un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, alors même que les réalités socio-économiques évoluent rapidement, marquées notamment par la transformation numérique et l’essor de l’Intelligence artificielle.» Diomaye aime les mauvaises nouvelles, il se «lamente», dira un esprit peu fréquentable.
Récemment, et très exceptionnellement, l’on a eu droit, de la part du Pmos, à une bonne nouvelle : 60 projets de transformation systémique du pays vont sortir de terre. Fait-il du Mao ou du Wade ? C’est toujours appréciable, en tout cas, de donner aux gens des raisons d’espérer de meilleurs futurs. La politique, c’est aussi l’art de transformer des préoccupations en espoirs.
L’espoir, c’est comme le pain, il est vital. Il faut le garder en lieu sûr, à l’abri de ce qui peut le corrompre ou le travestir. Ce travail se fait dans la production d’imaginaires, par le truchement de discours.
L’exigence de vérité et de transparence doit cohabiter en bons termes avec la nécessité de maintenir l’espoir. Le «lexique d’optimisme officiel» dont parle Armand Farrachi est parfois salvateur, surtout pour cette jeunesse si tentée par l’ouverture de nouvelles utopies, celles émancipatrices. Vendez-nous du rêve, de l’espoir ! C’est ce dont nous avons besoin. Soyez des «marchands de rêves», et non de cauchemars : sic itur ad astra !