VIDEOPOUR UNE ÉCOLE À LA SÉNÉGALAISE
Abdourahmane Diouf dissèque les maux du système éducatif national. Selon lui, le Sénégal reste prisonnier d'un mimétisme colonial qui l'empêche de construire sa propre voie. Entre héritage culturel et modernité, plongée au cœur d'une révolution attendue
![](https://www.seneplus.com/sites/default/files/styles/section_hero/public/raw_photos/bl_-_podcast_-_dr_abdourahmane_diouf_dans_bl_bl_3_wtpwkpp3v2c_-_853x480_-_1m00s.png?itok=qh0KnMdD)
Dans un entretien accordé à l'émission Belles Lignes de Pape Alioune Sarr ce jeudi 6 février 2025, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Abdourahmane Diouf, livre une analyse approfondie des défis du système éducatif sénégalais et propose une vision de transformation.
Issu lui-même d'une famille traditionnelle où ses parents ne maîtrisaient pas le français, le ministre incarne la réussite de l'école publique sénégalaise d'antan. Il souligne cependant que le système actuel reste prisonnier de son héritage colonial. "Nous n'avons pas d'école sénégalaise comme nous n'avons pas d'université sénégalaise", déclare-t-il, pointant notamment le paradoxe de l'université Cheikh Anta Diop qui, malgré ses 100 000 étudiants, n'enseigne pas suffisamment l'œuvre de son illustre parrain.
Le ministre dénonce un mimétisme culturel qui affecte profondément la société sénégalaise. "Nous voulons être plus arabes que les Arabes, plus français que les Français, en oubliant d'être des Noirs", affirme-t-il, appelant à une reconnexion avec l'identité culturelle sénégalaise.
Sur le plan technologique, Abdourahmane Diouf prône une approche pragmatique. Il cite l'exemple des jeunes réparateurs de téléphones du marché HLM à Dakar qui, sans formation académique, maîtrisent les technologies les plus récentes. Pour lui, cette expertise pratique doit être valorisée et intégrée dans une stratégie nationale de développement technologique.
Le ministre plaide pour un "souverainisme ouvert", conjuguant préservation des intérêts nationaux et coopération internationale. "Nous allons conserver pour nous ce que nous savons faire de mieux, mais là où nous sommes faibles, nous irons chercher l'expertise à travers le monde", explique-t-il.
Concernant les réformes, il insiste sur l'urgence d'adapter le système aux réalités locales, notamment en matière linguistique. Face aux résistances sociétales, il appelle à une prise de conscience collective pour dépasser les préjugés hérités de la période coloniale et construire un modèle éducatif véritablement sénégalais.