LA SAR LÈVE 224 MILLIARDS SUR LE MARCHE FINANCIER
POUR BOOSTER SON ACTIVITÉ
Malgré les crises quasi cycliques qu’elle connaît, Société africaine de raffinage (Sar) vient de lever des fonds importants sur le marché financier d’un montant de 224 milliards de FCfa (342 millions d’euros), pour financer entre autres, son arrêt maintenance qui va durer un mois. Preuve, s’il en est, que le marché financier croit encore à la raffinerie contrairement à ceux-là qui l’ont trop vite vouée aux gémonies.
240 millions d’euros (157,200 milliards de FCfa) pour financer son importation de brut ; 80 millions d’euros (52,400 milliards de FCfa) représentant une ligne d’avance (complément en cas d’insuffisance de fonds à l’échéance de la lettre de crédit) ; 15 millions d’euros (10 milliards de FCfa) en ligne d’escompte de traite (pour faire face aux éventuels décalages de trésorerie); et 7,6 millions d’euros (5 milliards de FCfa) pour le financement de l’arrêt métal.
C’est le détail d’une enveloppe d’un montant global de 224 milliards de FCfa que la Société africaine de raffinage (Sar) vient de lever sur le marché financier qui semble ainsi garder la même foi en la viabilité de l’activité de raffinage. La raffinerie anticipe ainsi son grand arrêt métal en assurant la continuité dans l’approvisionnement du pays en produits pétroliers.
Plus royaliste que le roi ?
Programmé tous les cinq ans, cet arrêt métal est déjà le signe que l’activité de raffinage a de beaux jours devant lui. Une activité sur laquelle d’aucuns ont eu les velléités de mettre du «soufre» aux fins de réduire la raffinerie à un gigantesque dépôt dédiée exclusivement aux importations de produits. Annoncée cliniquement morte du fait de capitaux propres négatifs à plus de 9,5 milliards de FCfa, de problèmes de trésorerie malgré des créances détenues sur son client Senelec, comme nous le faisions remarquer dans notre édition Sud Quotidien du 24/06/2013, outre l’engagement de ces hommes et ces femmes qui ont voué toute leur vie à cet outil, seule une réelle volonté politique est en mesure de sortir la Sar de son état de mort clinique.
La mayonnaise semble avoir pris entre l’engagement des travailleurs de la Sar et la volonté suscitée de l’Etat de maintenir l’outil. Mais la meilleure volonté politique reste celle de développer la raffinerie. Car, de toute évidence, le salut ne viendra pas par le partenaire stratégique qui, depuis trois ans, ne raffine pas le même produit que l’Etat majoritaire dans le capital et dont l’option retenue n’agrée pas cependant les saoudiens de Bin Laden group (34%) encore moins les français de Total, actionnaire à 20%).
Cela s’est confirmé pas plus tard que le jeudi 19 décembre dernier, lors d’un conseil d’administration qui s’est achevé sur un constat de statu quo quant à l’avenir de la raffinerie. A l’option du gouvernement du « dégoulottage » qui consiste en l’augmentation des capacités des installations de la raffinerie, le partenaire saoudien qui n’a de stratégique que le nom, a opposé son fameux PEMS sans cesse renvoyé aux calendes grecques. Quant au partenaire français Total dont le contrat technique n’existe plus depuis plus d’un an, il insiste sur son souci de faire du hub de commercialisation de produits pétroliers.
Aujourd’hui, il est clair, comme nous l’évoquions il y a peu, que le partenaire saoudien va jeter l’éponge. Des négociations seraient d’ailleurs en cours avec de potentiels intéressés pour la reprise. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’Amicales des cadres de la Sar (Acs) (voir ci-contre) interpellent les autorités gouvernementales afin qu’elles évitent «tout bradage de leur outil de travail à des vendeurs d’illusions qui ne seraient mus que par des intérêts purement capitalistes».
Toujours est-il que la confiance ainsi renouvelée du marché financier à la Sar devrait apparaître comme un signal fort pour l’Etat sénégalais, afin qu’il (le marché) ne soit pas plus royaliste que le roi.
Dis-moi… arrêt métal
Conformément aux exigences sécuritaires en matière de raffinage, la SAR doit observer un arrêt de son unité 'Reforming' et l’unité de 'Distillation atmosphérique'. Cet «arrêt métal» ou grand arrêt, consiste à effectuer des opérations de maintenance périodique et de révision des installations de la raffinerie sur une période d’un mois. Un programme de maintenance qui témoigne de la volonté de la Sar de rendre la raffinerie plus performante et surtout d’agir dans la prévention des risques industriels et la protection de l’environnement. Ces arrêts sont en effet et avant tout réalisés pour mener les inspections réglementaires des équipements et s’assurer qu’ils sont en état de fonctionner sans risques pour les personnes et l’environnement au sens large.
En plus des inspections réglementaires, des contrôles terrain sur l’état des équipements donnant lieu à des préconisations de travaux à réaliser lors de l’arrêt (un sablage ou une peinture, le remplacement d’une tuyauterie...), sont également menés dans ce cadre.
Les plus gros travaux concerneraient cependant la métallurgie, chaudronnerie et tuyauterie (d’où le d’arrêt métal), puis viennent la robinetterie et les soupapes (contrôles de pression), avec une instrumentation qui exige une logistique toute particulière.
Traditionnellement, les arrêts de raffinerie ont quatre objectifs avec, en tout premier lieu, la sécurité.
Le second objectif c’est le respect des délais. L’importance de ce challenge est évidente car, toute journée de retard dans la mise en production représente un manque à gagner d’autant plus important. Le maintien des coûts et la maîtrise des imprévus est ainsi un véritable défi pour les responsables de l’arrêt et la direction du site, toujours difficile à relever. Car tout dépassement dans les interventions exigées des prestataires a un impact sur le budget final.
Les travaux neufs pour améliorer la performance et la production du site constituent un autre enjeu de l’arrêt métal, mais dans le cas de la Sar, on ne peut pas parler de grands investissements. Cependant, des projets plus modestes en coûts concernent le process (changement de ballons, de lignes de tuyauteries.
En somme, le budget de l’arrêt en l’occurrence 5 milliards de FCfa, est à l’échelle des travaux annoncés.
Quant au quatrième objectif relatif au redémarrage et à la qualité des travaux effectués, il conditionne la reprise de la production dans de bonnes conditions d’exploitation, le redémarrage d’une raffinerie ne s’opérant pas à un instant T. Certaines unités reprennent en même temps tandis que d’autres sont décalées. Et au fur et à mesure du redémarrage, il est question de faire face et remédier à différents problèmes éventuels sur telle ou telle unité.
En gros, l’arrêt métal ne sera réussi qui si son démarrage et son redémarrage sont réussis, l‘allumage des torches étant le signe tangible de la reprise effective.