L'INHUMATION PAR ERREUR D'UN FRANCILIEN AU SÉNÉGAL PLONGE UNE FAMILLE DANS LA DÉTRESSE
Comment un homme décédé en région parisienne peut-il se retrouver inhumé dans un pays qui n'est pas le sien? C'est la tragique mésaventure qui frappe la famille d'Ibrahima Traoré, dont le corps a été envoyé par erreur au Sénégal après son décès

(SenePlus) - Une erreur hospitalière aux conséquences dramatiques a bouleversé la famille d'Ibrahima Traoré, comme le révèle une enquête du Parisien. L'homme de 67 ans, décédé le 2 mars au Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, a été envoyé et inhumé au Sénégal par erreur, alors qu'il devait être enterré dans son Mali natal.
Le lundi 10 mars, alors que le fils aîné du défunt, accompagné d'oncles et de cousins, se présentait à la morgue pour la mise en bière et le recueillement, un choc les attendait. « À la morgue de l'hôpital, ils lui ont présenté un corps et ce n'était pas celui de son père ! », rapporte Le Parisien.
La stupeur passée, l'explication est tombée comme un couperet : « Ils ont dit à mon fils que le corps de mon mari a été transféré vendredi au Sénégal pour être inhumé à Dakar… », confie avec désespoir Fatoumata Traoré, l'épouse du défunt. Une situation d'autant plus douloureuse que son mari, ancien employé à Rungis et père de trois enfants, devait reposer au Mali, sa terre natale, selon ses volontés.
« Le corps est perdu… C'est aberrant ! Ils m'ont rajouté douleur sur douleur », sanglote la veuve de 67 ans, installée avec sa famille à Melun depuis 1996, selon les informations du quotidien parisien.
« C'est honteux ! L'hôpital s'est excusé mais ils nous prennent de haut. Je doute de tout ce qu'ils disent. Je veux la preuve que mon père n'a pas été brûlé, qu'ils ne lui ont pas enlevé d'organes », s'insurge Awa, la fille de 32 ans, qui envisage de porter plainte.
L'incompréhension est d'autant plus grande que les procédures d'identification semblaient pourtant claires. « Ce sont les médecins qui l'ont vu et qui savent qui il est, ils lui ont mis un petit bracelet avec ses nom et prénom. Comment peuvent-ils se tromper ? Les prénoms sont les mêmes mais les noms de famille diffèrent… Ils sont les plus responsables. Il faudra que des têtes tombent », poursuit-elle avec indignation, selon Le Parisien.
Face à cette situation, la direction générale du CHSF de Corbeil « présente ses sincères condoléances et exprime toute sa compassion à l'égard de la famille en deuil ». L'établissement reconnaît faire face à « une situation inédite avec une charge émotionnelle forte partagée par les équipes du service mortuaire qui accueillent et accompagnent les familles en deuil ».
L'hôpital affirme assumer « la responsabilité » de cette erreur et mettre « tout en œuvre avec les autorités compétentes pour organiser un rapatriement rapide ». Il garantit également à la famille que « le corps était intact à son départ » et écarte « tout prélèvement d'organes et crémation ». Cependant, sur l'origine de cette erreur qualifiée de « monumentale » par Le Parisien, la direction reste évasive, se contentant d'évoquer une « enquête administrative diligentée afin qu'une telle situation ne puisse pas se reproduire ».
Du côté de l'entreprise de pompes funèbres chargée des obsèques d'Ibrahima Traoré, l'incompréhension règne également. « C'est horrible. Je n'imagine pas ce que doit ressentir la famille, déjà meurtrie par le décès… », confie une conseillère au Parisien.
Elle détaille la découverte de l'erreur : « On s'est présentés ce matin. Un défunt était sur la table pour la toilette rituelle. La famille avait du retard. Mon collègue a attendu sa venue avant de commencer. Quand le fils du défunt est arrivé, il a dit ce n'est pas mon père. Mon collègue a appelé les agents de la chambre mortuaire. Ils ont vu d'autres pompes funèbres se présenter vendredi. »
Le plus surprenant dans cette affaire reste que, normalement, « avant toute mise en bière, les pompes funèbres font toujours signer à une personne mandatée de la famille une reconnaissance du défunt », souligne le journal. Pourtant, « aux dires de l'agent funéraire de l'hôpital, il y avait une famille vendredi. Personne n'a rien dit et une personne a signé », s'étonne la conseillère funéraire.