MABOUBA DIAGNE LISTE LES IMPAIRS AU FINANCEMENT DE L'AGRICULTURE
Sans une gestion plus efficiente des ressources financières affectées à l’agriculture, le Sénégal aura du mal à répondre à son objectif de souveraineté alimentaire et/ou d’autosuffisance alimentaire, selon le ministre

Sans une gestion plus efficiente des ressources financières affectées à l’agriculture, le Sénégal aura du mal à répondre à son objectif de souveraineté alimentaire et/ou d’autosuffisance alimentaire. C’est la conviction du ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage, M. Mabouba Diagne, qui a annoncé qu’au cours des quatre dernières décennies, des investissements à hauteur de 1265 milliards de FCFA ont été injectés dans l’agriculture sénégalaise sans réel impact. Le ministre qui se prononçait hier, lors d’un atelier de deux jours consacré au financement de la loi agro-sylvo-pastorale, préconise une sorte de « révolution » dans le ciblage et la rationalisation des financements destinés au secteur agricole.
L e ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage, M. Mabouba Diagne, a annoncé hier, jeudi 13 mars, que l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) ainsi que la Coopération belge ont investi, au cours des quatre dernières décennies, plus de 1 265 milliards de francs CFA dans le secteur agricole sénégalais. « La FAO et le FIDA ont chacune mobilisé plus d’un milliard de dollars en faveur du Sénégal au cours des vingt dernières années. Par ailleurs, l’agence Enabel, relevant de la coopération belge, a consacré, au cours des cinq dernières années, un montant de 100 millions d’euros au financement de projets agricoles », a précisé le ministre, à l’occasion de l’ouverture d’un atelier de deux jours consacré au financement de la loi agro-sylvo-pastorale.
M. Diagne a souligné l’importance de ces financements, estimant qu’une gestion plus efficiente de ces ressources aurait permis de tirer des résultats nettement plus concluants. « Avec un investissement de deux milliards de dollars et cent millions d’euros, il serait envisageable d’établir plus de 428 coopératives agricoles communautaires et d’exploiter plus de 200 hectares de terres agricoles, en assurant une gestion optimale des ressources en eau grâce à la mise en place d’infrastructures modernes telles que des systèmes d’irrigation pivotants, des bassins de rétention et des dispositifs d’irrigation goutte à goutte », at-il souligné. Et de conclure avec assurance : « Je demeure intimement convaincu que notre principal enjeu ne réside pas dans un déficit de financement. »
Pour autant, Dr Mabouba Diagne a préconisé un meilleur ciblage et une rationalisation des financements destinés au secteur agricole en vue de l’atteinte de la sécurité et de l’autosuffisance alimentaires.
« Je lance un appel au secteur privé national. Nous ne pouvons pas atteindre l’autosuffisance et la sécurité alimentaires, si le secteur privé national ne s’y met pas », a-t-il par ailleurs dit. Et tout en faisant savoir que le financement de l’agriculture par le secteur privé ne porte pas nécessairement sur la disponibilité de l’argent, le ministre de l’Agriculture a relevé que « la question est de savoir si cet argent a atteint les véritables destinataires ou pas ». Cela est pour lui d’autant plus vrai qu’ « Il y a eu beaucoup de gaspillage » dans ce domaine. A titre d’exemple, a-t-il signalé, « À mon arrivée au ministère, j’ai remarqué que 100 milliards de francs CFA étaient consacrés au financement des engrais et des semences. Or, on n’a même pas de semences certifiées ». Selon lui, une situation identique prévaut dans le secteur bancaire, avec l’existence de « beaucoup d’institutions de micro-finance ». « Nous devons consolider, avoir avec une vraie banque de développement, des banquiers et des acteurs bien formés », a suggéré M. Diagne qui s’est dit de même convaincu que la reconstitution du capital semencier, l’investissement dans les infrastructures stratégiques et la promotion de l’élevage familial font partie intégrante des piliers de la politique agrosylvopastorale. Pour le ministre, il faut dans le même temps moderniser l’agriculture et assurer « une gestion rigoureuse des ressources financières en tenant compte des priorités ». « Si on ne fait pas ça, on aura beau parler de financement, on va échouer », a asséné le ministre de l’Agriculture à l’ouverture de l’atelier de deux jours consacré au financement de la loi agro-sylvo-pastorale.