150 VEHICULES SACCAGES DEPUIS 2001, SELON LE DIRECTEUR GENERAL
CASSE DES BUS DAKAR DEM DIKK

En 13 ans, plus de 150 bus de la société Dakar Dem Dikk (Ddd) ont été saccagés et 10 calcinés. Cela, par la seule volonté d’étudiants et de certaines personnes qui, pour montrer leur mécontentement, n’ont rien trouvé d’autre que de s’en prendre à ces véhicules dont le coût unitaire est estimé entre 65 millions et 120 millions de FCfa.
La scène est quelque peu ubuesque et l’image choquante. Il y a deux semaines, sur une chaîne de télévision privée de la place, un étudiant de l’université Gaston Berger de Saint-Louis a été filmé en train de briser le pare-à-brise d’un bus du Centre des oeuvres universitaires de Saint-Louis (Crous) à l’aide d’un gros caillou. Après son forfait, et sans se faire du mouron du tout, le faux brave vient au devant de la caméra pour se vanter et cautionner son geste. Il voulait à travers cet acte, a t- il dit, manifester ainsi son opposition contre le protocole d’accord que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a obligé leur université à signer.
De tels actes gratuits contre les biens publics sont de plus en plus fréquents dans les universités sénégalaises. Si à Gaston Berger le cas narré plus haut peut-être considéré comme un fait rare, en revanche, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, des scènes de bus saccagés ou brûlés sont devenues monnaie courante. Et les véhicules qui font le plus les frais du courroux des étudiants, ce sont bien les bus Dakar Dem Dikk. A chaque grève à l’Ucad, surtout quand il s’agit de réclamer le paiement des bourses, ces bus deviennent une cible privilégiée. Dans un premier temps, les étudiants les « kidnappent » et en font une monnaie d’échange. Au bout de quelques heures, si le chantage ne porte pas ses fruits, ils passent à la vitesse supérieure en les saccageant. Au plus fort moment des violences, il n’est pas rare de voir à l’intérieur du campus, surtout au pied du pavillon B, un bus aux vitres réduites en miettes, aux pneus dégonflés et au carrosse tagué, à défaut d’être calciné.
Cette vilaine habitude des étudiants a fait des émules. En 2012, des féaux du guide religieux, Cheikh Bethio Thioune, mécontents de l’incarcération de ce dernier, ont brûlé deux bus Dakar Dem Dikk et volé les recettes. « C’est un préjudice énorme pour la société. La détérioration du matériel réduit l’offre, cause un déficit des recettes, hypothèque l’avenir de l’entreprise et précarise l’emploi à Dakar Dem Dikk. Car, il ne faut pas oublier que chaque bus prend en charge 7 emplois, ce qui veut dire que chaque bus saccagé met en péril autant d’emplois », se désole Mamadou Goudiaby, secrétaire général de l’Union démocratique des travailleurs de Dakar Dem Dikk (Udt.3D), l’un des syndicats- maison. Il trouve paradoxal le fait que ceux qui cassent les bus sont les mêmes qui, après, se retournent pour réclamer au gouvernement la création d’emplois.
Selon le directeur général de cette société de transport public, en l’occurrence Dame Diop, depuis la création de Dakar Dem Dikk en 2001, plus de 150 bus ont été saccagés et 10 autres complètement calcinés. Si l’on sait qu’un bus coûte entre 65 millions et 120 millions de FCfa, et que les frais de réparation de chaque bus endommagé varient entre 500.000 FCfa et 2 millions de FCfa, les préjudices et dommages que causent les actes de saccage à cette société sont énormes. « Chaque bus saccagé entraîne des coûts de mobilisation et de réparation énormes, cause une baisse des recettes, augmente les temps d’attente au niveau des arrêts. Sans oublier que les hôpitaux de Fann et d’Abass Ndao ne sont pas desservies car nos bus sont obligés de changer de trajet pour éviter toute casse », regrette le Dg de Dakar Dem Dikk. Aujourd’hui, le parc ne compte que quelques 130 bus roulants, soit beaucoup moins que le nombre de bus garés du fait d’actes de violence gratuite. A l’évidence, les spots de sensibilisation diffusés sur les écrans de certain de ces bus et les nombreux appels au sens du respect des biens publics n’y font rien.