FABULEUX !
CONCERT DE LA SOLIDARITÉ AVEC LA CENTRAFRIQUE

Des intonations qui sortent des tripes, une musicalité qui traverse la salle pour atteindre la profondeur des âmes, un discours limpide dans la capitale des arts et du théâtre, le public venu en nombre pour assister au concert de la solidarité avec la Centrafrique dans la prestigieuse grande salle du Théâtre de la Ville de Paris se souviendra longtemps de la prestation monumentale des ténors africains, Youssou Ndour, Bonga, Ray Lama, Lokua Kanza, So Kalmery, Idylle Mamba, qui ont usé de leur voix pour chanter le retour de la paix en Centrafrique. Simplement fabuleux.
Baptisé «Le temps de l’ubuntu», le concert a tenu ses promesses, donnant du rythme, mais aussi un brin de mélancolie comme pour rappeler au public connaisseur, qu’il fallait un temps soit peu retrouver les Centrafricains dans leur douleur en déclinant dans la tristesse. Des envolées lyriques, du blues pour chanter la femme africaine, la paix en Centrafrique, la confiance pour une Afrique nouvelle.
La déclame viendra d’abord de la la prometteuse Idylle Mamba dans une salle acquise déjà à sa cause. Elle chauffera le public. Sans complexe aucun. La panacée a donné ses fruits, surtout au moment où elle a été rejointe par Youssou Ndour pour l’hymne de la paix en Centrafrique. «One Africa». Momement de frisson et du partage de la vie entre le chanteur musulman, Youssou Ndour, et la chanteuse chrétienne, Idylle.
So Kalmery plongera le public dans un style musical proche d’un certain Farka Touré, le défunt virtuose malien. Absolument sublime. Linga Téré, lieu de partage, de citoyenneté et d’art à Bangui, détruit au cours des récents événements, a trouvé son avocat. Son plaidoyer devrait porter ses fruits. Il faut oser l’espérer.
L’Angolais Bonga, ce chanteur à la voix rauque aimée des femmes qui l’ont «encouragé» quand il commençait la musique dans les années 1970 est resté le baroudeur baroque. «C’est par la déchéance des idées que survient la guerre». Pour avoir connu la guerre chez lui en Angola, il chantera «Sodade» de la disparue chanteuse aux pieds nus, la Cap verdienne Césaria Evora. Comme s’ils s’étaient passés le mot, Lokua Kanza sortira lui aussi un tempo frissonnant. De la magie dans la voix, une sonorité inoubliable.
Décidément. Les ténors avaient décidé d’offrir un spectacle hors du commun. Ray Lama ne se fera pas prier pour alimenter l’espace de piano et de chœur. Du groove, un brin de hip-hop. La rencontre entre deux générations. Lui-même et les jeunes qui l’ont accompagné, sans complexe, le tempo dans la voix, la puissance dans le rythme. Puis ce fut au tour de Youssou Ndour de revenir sur la scène pour d’abord faire rêver avec Africa Dream.
La deuxième chanson, celle de la nouvelle conscience noire qui parle à l’Africain de la nécessité de New Africa, lui vaudra un standing ovation. Magnifique, simplement magnifique.
L'intégralité des recettes de la billetterie de concert baptisé «Le Temps de l'Ubuntu» (interdépendance, partage, solidarité, humanisme), servira à la reconstruction de l’Espace Linga Téré, lieu de partage, de citoyenneté et d’art à Bangui, détruit au cours des récents événements, selon les organisateurs.
Ce concert de solidarité était organisé par le Théâtre de la Ville de Paris et l'IREA-Maison de l'Afrique en partenariat avec les Afriques au Grand Parquet.