EN COULISSES : ENQUÊTE DE CE MARDI 15 AVRIL

DOSSIER KARIM WADE : MYSTÈRE AUTOUR DE 45 MILLIARDS DE FRANCS CFA
L' affaire Karim Wade n'en finit donc pas de dérouler son lit de surprises. Si la phase d'instruction a été bien verrouillée au point d'ailleurs d'agacer les journalistes, les documents commencent à voyager entre les ''conseils'' et la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), avec chiffres, codes bancaires et autres galanteries espèces sonnantes, qui se perdent sur...la route.
C'est ainsi qu'EnQuête a su capter une grosse affaire relative à un compte bancaire attribué à Karim Wade ; compte dont le solde à la date du 26 avril 2013 est de 93,7 millions de dollars soit environ 45 milliards de francs Cfa.
La société titulaire du compte identifiable au numéro Thunder2011 ouvert dans les livres d'Industrial & Commercial bank of China Limited (Singapour Branch) n'est autre que African Handling Service Guinée Bissau (AHS G.B), patrimoine également attribué à Karim Wade, selon ce qui ressort des investigations menées dans la phase d'instruction. Le dossier pousse la précision jusqu'à donner l'adresse précise de la Banque (John Hancock Tower 12 – 01, 6 Raffes Quay Singapore) ainsi que le Code banque rattaché...
AHS G.B, une vie si éphémère
Pour la petite histoire, cette société a été créée aux Iles Vierges Britanniques de même que le compte bancaire incriminé, exactement le 7 décembre 2011, à quatre mois de l'élection présidentielle de 2012. Chose bien curieuse, c'est au moment où la société est fermée à Bissau, à la grande surprise d'ailleurs des cadres de la boîte, que le compte est créé à Singapour.
Les cadres d'AHS n'ont d'ailleurs jamais pu comprendre comment on a pu fermer une société qui marchait et qui avait le monopole du service au sol à Bissau. S'agit-il donc d'une opération de blanchiment d'argent ? Mystère et boule de gomme.
Ce qui est sûr, c'est que les membres de la CREI ont dû bénéficier d'un précieux coup de pouce. Venu d'où ? Nous ne saurions le dire. On sait par ailleurs que Charles de Molin, ex-Directeur général d'AHS Dakar et d'AHS Bissau, est celui qu avait monté la machine de l'assistance au sol chez notre voisin du sud. Il a discrètement été entendu ces dernières semaines.
Des commissions...
L'autre zone-mystère est de savoir pourquoi des sommes d'argent ont été versées à plusieurs personnes dont un célèbre détenu gardé à la Maison d'arrêt de Rebeuss. On assure que pratiquement tous les gros calibres cités dans le dossier de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar sont mouillés dans cette affaire.
Reste à savoir jusqu'à quel niveau. C'est dire que plus on va s'acheminer vers le procès, plus les affaires vont être exhibées. Des sources bien informées évoquent par exemple une autre affaire, lourde de 197 millions d'euros, qui concerne aussi Karim Wade, qui est dans le dossier d'accusation.
Autant d'affaires qui vont secouer la place. Mais les avocats de Karim Wade semblent bien préparés à faire face. Ils parlent de manipulation visant encore à salir leur client en l'absence de faits réels à lui opposer. ''La lumière jaillira bientôt...'', confie l'un d'eux, qui parle de ''montage grossier''...
Pape Diouf, fils de Abdou Diouf, attributaire d'un gré à gré au Bénin
Pape Diouf, le fils de l'ancien président de la République Abdou Diouf, vient de bénéficier d'un gros marché de gré à gré pour la privatisation de Libercom, filiale de Bénin Télécom. Le fils du prédécesseur de Me Abdoulaye Wade a eu ce marché par le biais de sa société de conseil Linkstone. L'information est dans le JA de cette semaine. La même source ajoute que Linkeston n'est pas à son coup d'essai dans ce pays, puisque l'entreprise de Pape Diouf avait voulu privatiser Bénin Télécom en 2010, mais l'opération avait foiré. Et que donc, seul la filiale mobile l'entreprise béninoise de télécommunications va changer de main par le fait de Diouf fils.
La Suneor privilégie le marché local pour son huile d'arachide
Abass Jaber semble s'être relevé de ses démêlés avec la justice, dans le volet Karim Wade de la traque des biens mal acquis. En tout cas, la Suneor, l'entreprise qu'il a rachetée pour des broutilles à l'Etat du Sénégal (sous le règne des Wade) est en train de reprendre des couleurs. Selon toujours le magazine Jeune Afrique de cette semaine, ''alors que les cours internationaux de l'arachide sont au plus bas, Abass Jaber a décidé de vendre son huile sur le marché national. Objectif, réduire l'offre internationale et faire remonter les prix''. Entrée dans le tard dans la campagne arachidière, la Suneor est aujourd'hui à près de 100 000 tonnes d'arachide collectées.
IBK esquive le cas ATT...
Interpellé sur le cas de son prédécesseur à la tête de l’État malien, le Général Amadou Toumani Touré dit ATT, réfugié au Sénégal depuis le coup d’État qui l'a renversé en 2012, le président Ibrahima Boubacar Keïta dit IBK a esquivé la question. A la question de savoir s’il en a discuté avec le président Macky Sall, il a répondu : ''cette question est d’ordre judiciaire, je n’ai pas de commentaire à faire sur les affaires d’ordre judiciaire en cours dans mon pays''. Son hôte, Macky Sall, n'a lui non plus éclairé la lanterne des journalistes... Pourtant c'est bien le président malien Ibrahima Boubacar Keïta qui, dans un interview au magazine ''Afrique Magazine'' paru ce mois d'avril, disait : ''dans le cas d'ATT, il s'agit de fixer les responsabilités, sans rancune, ni vengeance, afin que cela ne se reproduise plus''. Et bien que le dossier soit alors ''pendant'' devant la justice malienne, IBK avait égrené les griefs reprochés à son prédécesseur démocratiquement élu à la tête du Mali.
...qui pourrait se retrouver devant les CAE
''Nous avons accepté que des avions baptisés 'Air Cocaïne' se posent sur notre sol... On peut se demander pourquoi on a laissé 3500 tonnes de matériels militaire et des milliers d'hommes armés sur le territoire malien à la suite de la débâcle en Libye... Les 100 soldats laissés se faire égorger à Aguelhok sans leur envoyer des renforts...'', avait-il listé. Pour dire que le cas ATT n'a pu être occulté lors du têteà- tête entre IBK et son hôte sénégalais, hier. D'aucuns estimant que, en définitive, le Sénégal pouvant rechigner à extrader quelqu'un qu'il est allé exfiltrer dans des conditions rocambolesques, ATT pourrait se retrouver devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), au même titre que l'ancien président tchadien, Hissein Habré.
Le Mali compte sur Dakar pour se remettre debout
Dans le message qu'il a adressé au peuple sénégalais, à travers les députés, hier, IBK a déclaré que ''le Mali saura compter sur le Sénégal, qui est une autre patrie pour les Maliens, autant que le Mali l’est pour le Sénégal. Le Sénégal nous inspire et nous rassure’’, a-t-il dit. Regrettant presque la défunte Fédération du Mali qui avait réuni les deux pays, au début des indépendances, IBK a poursuivi : ''Hier le Mali et le Sénégal ont eu un admirable projet de mutualiser leurs efforts au sein d’une fédération que les vicissitudes de l’histoire ont condamné à la brièveté. Aujourd’hui, les enjeux de la globalisation exigent une dynamique d’intégration qui va au-delà de nos deux pays’’.
Un feu s’est déclaré hier sur le site du Daaka de Médina Gounass
Un incendie s’est déclaré, hier, au Daaka de Médina Gounass. Sur le site, sont dressées de nombreuses huttes qui son facilement le proie des flammes. A en croire nos sources, c’est aux environs de 14 heures que le feu s’est déclaré. Mais il y a eu plus de peur que de mal puisque l’incendie a été vite maîtrisé par les sapeurs pompier. Démarré depuis le 12 dernier, le Daaka est un événement religieux qui se tient chaque année pendant 10 jours, à 10 km de Médina Gounass situé à 62 km de Vélingara. C’est la 73e édition et il est marqué notamment par des prières et la lecture du Coran. Mais presque chaque année, ces huttes où logent les fidèles prennent feu.
Locales à Thiès : Le FSD/BJ rejoint Rewmi et Bokk Gis Gis
Le Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (FSD/BJ) s'est allié avec le Rewmi et la Convergence Bokk Gis Gis pour mettre sur pied des listes communes à Thiès, lors des élections locales du 29 juin prochain. Mais ce ''n’est pas une rupture'' avec la mouvance présidentielle, encore moins avec la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), soutient Mamadou Fall, coordonnateur régional du FSD/BJ, qui précise que cette décision de nouer une alliance avec le Rewmi dans la commune et le département de Thiès est dictée par leur secrétaire national Cheikh Bamba Dièye. ''C’est une stratégie politique. Les élections locales sont purement locales et chaque localité à ses propres réalités'', a-t-il-expliqué, à l’issue d’une réunion avec le premier adjoint au maire de la ville de Thiès, Yankhoba Diattara et d’autres responsables du parti Rewmi.
Cheikh Bamba Dièye vers la porte de sortie du gouvernement
Restons avec le ministre de la Communication et de l'Economie numérique, Cheikh Bamba Dièye, patron du FSD/BJ et maire sortant de la ville de Saint-Louis. C'est pour dire que l'édile de la capitale du Nord pourrait très prochainement perdre son strapontin ministériel. Il ne serait plus très en odeur de sainteté auprès du chef de l'Etat. Ce qui du reste se comprend, précisent-ils, puisqu'un membre de la smala Sall/Faye est partie prenante dans la cours à la mairie de Saint-Louis, en l'occurrence Mansour Faye, Délégué général à la Solidarité. Mais aussi parce que le FSD/BJ file du mauvais coton en s'alliant avec ''l'ennemi'' de l'Alliance pour la République, qui aujourd'hui prend les contours de ''l'axe du mal'' Rewmi-PDS-Bokk Gis Gis.
La modernisation du chemin de fer en question
Le chef de l’Etat Macky Sall et Ibrahim Boubakar Keïta, ont tenu une conférence de presse conjointe hier au Palais de la République, à l'occasion de la visite officielle de trois jours du Président malien à Dakar. Principale nouvelle sortie de ce face à face avec la presse, la décision des deux chefs d'Etat de moderniser le chemin de fer Dakar-Bamako dans le cadre du renforcement de l’axe reliant les deux villes. A en croire le président Macky Sall, les bailleurs ont déjà donné leur engagement. «Nous avons eu l’assurance de nos partenaires traditionnels et celle de la Chine. Il sera financé dans les plus bref délais», révèlet-il. Le chemin de fer vient donc renforcer la voie terrestre car le Mali a des ambitions, avec un volume de marchandises appelé à augmenter, sans compter l’accroissement de la population. D’où l’optimisme du président sénégalais : «si l’Europe a su se bâtir autour de l’acier et du charbon, ici nous pourrons réussir l’intégration sous-régionale grâce au chemin de fer et aux échanges d’énergie électrique».
«Pour nous, le Mali a été et restera un et indivisible» (M. Sall)
Sur le plan sécuritaire, les chefs d’Etat ont exprimé leur volonté de coopérer davantage. Le président Sall a dit apporter «tout» son soutien à son homologue à un moment où les autorités françaises sont en train de le pousser à des négociations avec les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad, une des franhes de la rébellion touarègue. «Nous appuyons le Président Ibrahim Boubakar Keïta dans ses options fortes pour un Mali réconcilié avec lui-même, a souligné le chef de l'Etat sénégalais. Pour nous, le Mali a été et restera un et indivisible». Dans cette lancée, Macky Sall a annoncé le renforcement du contingent Sénégalais au Mali. Les Diambars passeront de 510 hommes à 700 à la fin de ce mois.