CHASSEUR DE PRIMES
ROBERT BOURGI
L’avocat franco-libanais, obsédé par la Françafrique, a encore une fois décidé de revêtir sa tunique de Nessus. Mais cette fois, ce n’est pas pour revenir sur les «mallettes de la République» dont le but savamment orchestré était d’écarter un certain Dominique De Villepin de la course à la présidentielle française de 2012 et d’enfoncer Jacques Chirac.
Ce n’est pas non plus pour revenir sur les accusations jugées «calomnieuses» et «mensongères» contre cinq chefs d’État africains, Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Feu Omar Bongo (Gabon) pour avoir versé environ 10 millions de dollars pour la campagne de Chirac de 2002. Mais, c’est plutôt pour demander la libération de Karim Wade.
Voilà la nouvelle trouvaille de ce chasseur de primes pour rester dans les bonnes grâces présidentielles au Sénégal. Sans gêne, il étale sur la place publique (interview sur France 24) des confidences que le président Macky Sall lui aurait faites avant même que Karim Wade ne soit inculpé pour enrichissement illicite ; il fait de l’admonition à Ali Bongo à qui, il conseille de maintenir les méthodes de son père (Omar) qu’il n’a pourtant pas hésité à vouer aux gémonies.
Tout en reconnaissant que les «choses ne peuvent pas rester figées», le «Monsieur Afrique» de Nicolas Sarkozy, estime que «le tort qu’il (Ali Bongo Odimba, Ndlr) a eu, depuis deux ans, c’est de laisser sur le bord de la route tous ceux qui ont accompagné son père pendant des décennies, qui lui ont été fidèles, qui l’ont servi et qui ont également servi Ali Bongo et qui ont permis son élection». Et de conclure qu’«il y a manière et manière d’agir. Il ne faut pas transformer un allié, un ami en adversaire, et aujourd’hui c’est le cas».
On a bien compris, il prêche pour sa chapelle. L’émergence du Gabon, il n’en a cure. Celui du Sénégal non plus. Telle une girouette, ce mercenaire change au gré de ses intérêts. Il n’hésite pas à porter de fausses accusations pour entrer dans de bonnes grâces. Et aussitôt se dédire.
Qui ne se souvient de cette information du journal Le Pays, selon laquelle, l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck aurait accepté une mallette de 100 millions de francs CFA (1,5 million d’euros) remise à Robert Bourgi en 1999 par Jacques Chirac, pour «trahir» Abdoulaye Wade.
Répondant par l’ironie, le maire de Thiès avait déclaré ce qui suit : «J’ai aussitôt appelé Robert Bourgi pour lui dire de me remettre mon argent. Et, il a rigolé (…)». Pour Idy, c’est un «ridicule incroyable, un mensonge plat» dans la campagne mise en place par l’ancien régime pour le salir et détruire son image aux yeux de l’opinion. Soit !
Mais, ce qui est du reste constant, c’est l’évocation de Robert Bourgi dans tous les coups tordus sur le continent. Et c’est justement, une des raisons pour lesquelles, les Sénégalais ont porté leur choix sur Macky Sall au soir du 25 mars 2012. Ils veulent rompre d’avec certaines pratiques occultes sur lesquelles repose la Françafrique.
Aucune entrave pour la bonne marche de la justice sénégalaise ne saurait cependant être tolérée. Aussi bien dans le dossier Karim Wade que dans un autre, quand bien-même personne ne devrait être retenu en prison pour des raisons purement politiciennes, la reddition des comptes est plus qu’une nécessité, c’est une demande sociale.