LE SYTJUST SE REBELLE CONTRE SIDIKI KABA
DÉPÔT D’UN PRÉAVIS DE GRÈVE DÈS CE MARDI
Le secteur de la justice risque de connaître des perturbations dans les semaines à venir. Le Syndicat des travailleurs de la Justice dépose en effet, un préavis de grève dès aujourd’hui, pour protester contre le «mépris que leur manifeste leur tutelle» à travers certains actes posés par Sidiki Kaba.
Entre le Garde des Sceaux et le Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust), c’est la cassure, pour dire le moins, à la lecture du communiqué publié hier par ladite organisation syndicale.
En effet, le retard de Me Sidiki Kaba, ministre de la Justice, à accéder à la demande d’audience introduite par les représentants des travailleurs de la Justice et les mesures prises par la Chancellerie portant «atteinte au pouvoir d’achat» des mêmes travailleurs, ont poussé le Bureau exécutif national du syndicat, réuni samedi dernier, à déposer un préavis de grève dès ce mardi.
Pour ces travailleurs de la Justice, leur décision était devenue inévitable au regard des actes posés par leur ministre de tutelle. «Sidiki Kaba a posé une série d’actes qui démontrent que son attention s’est détournée de la préoccupation des travailleurs de la Justice : tout d’abord, il n’a pas daigné assister au 5ème congrès ordinaire de l’unique syndicat de son secteur, en l’occurrence du Sytjust, qui s’est tenu les 29 et 30 mars 2014 à Saly et ne s’est pas fait représenter par un quelconque membre de son cabinet. Cela dénote le manque flagrant de considération qui explique sans peine, pourquoi il n’a pas adressé la moindre félicitation aux membres du nouveau Bureau exécutif national mis sur pieds à l’occasion du congrès susmentionné», lit-on dans le communiqué.
Aussi, motive le Sytjust, «depuis le 17 avril 2014, date à laquelle le Bureau exécutif national avait déposé une demande d’audience au service du courrier du ministère de la Justice, mon- sieur Sidiki Kaba n’a accédé à cette demande au motif qu’il a agenda trop chargé.
A cette requête, le mieux qu’il a pu trouver, est de donner des instructions à son directeur de cabinet pour qu’il reçoive le Ben. Il n’a même pas pris le soin de signer de lui-même, la correspondance par laquelle, il annonçait au Ben qu’il serait reçu par son directeur de cabinet. C’est ce dernier qui a signé la réponse à la demande d’audience du Sytjust».
Suffisant pour le syndicat d’ouvrir les hostilités «face à cette attitude des plus étonnantes» de Me Sidiki Kaba dont le directeur de Cabinet avait donné l’assurance qu’il allait recevoir le Ben durant la semaine du lundi 26 mai 2014, sans jamais respecter sa parole.
Par ailleurs, note le Sytjust, dans l’optique d’apaiser le climat social des juridictions, son secrétaire général «avait adressé une correspondance à monsieur le Garde des Sceaux pour lui demander le retrait de ses circulaires par les- quelles il a instauré la gratuité de la délivrance des jugements rendus à l’occasion des audiences foraines. Cette correspondance est restée sans réponse». Le syndicat dit se désoler ainsi «de ce mépris que leur manifeste leur tutelle et le condamne sans réserve».
Trop de frustrations accumulées
Maintenant, en plus d’exiger le respect et la considération, les travailleurs de la Justice «comptent adopter une posture de défense de leurs intérêts matériels qui ne cessent de subir des agressions instrumentalisées par la Chancellerie.
En effet depuis un certain temps, le ministère de la Justice entreprend des mesures attentatoires aux intérêts des travailleurs de la Justice sans consulter le Sytjust». Ce qui veut dire aux yeux des travailleurs de la justice, que le ministère de la Justice est «rétif à tout dialogue social et préfère adopter l’unilatéralisme».
A titre illustratif, le Sytjust a encore rappelé : «En 2013, à la surprise général, la chancellerie prépara en catimini un projet de décret modifiant les frais de nantisse- ment qui alimentent dans une large proportion le fonds commun des greffes. Après la signature du décret, la Justice fut le siège d’une profonde crise marquée par une grève de plusieurs semaines déclenchée par le Sytjust. Aujourd’hui de manière illégale, Sidiki Kaba a pris deux circulaires dans le sens de rendre gratuite la délivrance des jugements rendus lors des audiences foraines. L’illégalité de la mesure réside dans le fait que les frais de délivrance sont fixés par divers décrets alors qu’une circulaire ne pas pallier les dispositions d’un décret (hiérarchie des normes).»
Au regard de tout ce qui précède, le Sytjust demande le boycotte de toutes les ultérieures audiences foraines à partir de ce mardi et du refus de délivrer gratuitement les jugements rendus lors des audiences foraines antérieures.
Ce, en attendant la conférence de presse de ce jeudi 12 juin, pour sensibiliser l’opinion publique que s’il advenait que la Justice renoue avec l’instabilité, Sidiki Kaba en serait le seul responsable.