MALAISE À LA SN-HLM
MARCHÉ DE 1000 LOGEMENTS, LIMOGEAGE DU DIRECTEUR TECHNIQUE ET AFFECTATIONS AU SEIN DES DIRECTIONS
Directeur technique de la Société nationale de l’Habitat à loyer modéré (Sn-Hlm), Jérémy Donatien Campal a été relevé de ses fonctions mardi dernier par le Directeur général de la boîte Ibrahima Wade. Cette mutation, soufflent des sources proches de la société, est l’aboutissement du bras de fer qui oppose le Directeur général à son Directeur technique autour du marché de 1000 logements sociaux lancé par la Sn-Hlm. Ibrahima Wade qui voudrait voir Socabeg bénéficier de ce juteux marché est accusé d’avoir écarté Jérémy Donatien Campal afin d’avoir les coudées franches.
Le marché pour la construction de 1000 logements, récemment lancé par la Société nationale de l’Habitat à loyer modéré (Sn-Hlm), ira-t-il à la Société d’Aménagement de Bâtiment et d’Etudes Générales (Socabeg) en dépit des limites que présente l’entreprise et au mépris de la procédure de passation de marché ? A Fass, siège de la Sn/Hlm, beaucoup n’hésitent pas à franchir le Rubicon pour accuser le Directeur général Ibrahima Wade de vouloir attribuer à Socabeg la construction de 1000 logements.
Récemment en effet, la Sn-Hlm qui a lancé un appel d’offres pour la construction de 1000 logements à Dakar, a reçu les soumissions de quelques entreprises immobilières dont celle de Socabeg qui, par ailleurs, est la moins-disante, compte tenu de son offre de 13 milliards de F Cfa. Le Dg Ibrahima Wade qui aurait un petit faible pour Socabeg fait tout, indiquent des sources sûres, pour imposer l’entreprise immobilière que dirige Modou Mamoune Samb. «Le marché n’est pas encore attribué, mais Socabeg est partie pour en être l’attributaire, en tout cas c’est le souhait du Dg Ibrahima Wade», soufflent nos informateurs.
Cependant, Wade fait face à l’obstacle Jérémy Donatien Campal. Le ci-devant Directeur technique de la Sn-Hlm, membre de la commission des marchés, s’oppose à la procédure pour de nombreuses raisons parmi lesquelles nos sources citent la non qualification de Socabeg pour l’exécution du marché. Mais il y a pire : non respect d’un contrat de partenariat entre Socabeg et Sn-Hlm pour la viabilisation de 6000 parcelles.
En 2012, d’après nos informations, «Socabeg et Sn-Hlm ont noué un partenariat pour la viabilisation de 6000 parcelles. Dans le cadre de ce partenariat, Sn-Hlm, à l’époque dirigée Amadou Mactar Bâ, a versé à Socabeg la somme de 3 milliards et mis à sa disposition 209 hectares. Tous les 3 mois, Socabeg devait livrer une tranche de parcelles, mais elle n’a pas respecté le contrat jusqu’à ce jour. Pire, elle a utilisé une partie du site de 209 hectares pour y construire la Cité Tawfekh qu’elle a revendue à l’Etat».
En raison de ces multiples manquements, le directeur technique ne souhaite pas que la construction des 1000 logements revienne à Socabeg comme en rêverait Ibrahima Wade. Face à ce bras de fer, il a été relevé de ses fonctions le 15 juillet dernier et nommé conseiller du Directeur général. Une sorte de mise au placard.
MUTATIONS DANS LES DIRECTIONS
A la Sn/Hlm, certains jurent que le Directeur général a opéré des changements au niveau de certaines directions pour dérouler en toute tranquillité. C’est dans ce cadre que la Directrice commerciale Oumou Khaïry Fall a permuté avec le Contrôleur de gestion Ibrahima Wane alors qu’ils n’ont pas les mêmes qualifications. Aly Cissé qui était jusqu’ici Directeur des ressources humaines remplace désormais Penda Diallo à la Direction des affaires juridiques et domaniales. Et cette dernière prend sa place. «Ces permutations ne s’expliquent pas d’autant que les concernés n’ont pas la même qualification», peste une source qui ne manque pas de relever les frustrations que les changements ont entraînées dans la maison.
IBRAHIMA WADE, DG SN/HLM - «Je ne suis pas sûr que le marché sera attribué à Socabeg»
Devant le flot d’accusations portées à son encontre, le Directeur général de la Sn-Hlm tient d’emblée à s’expliquer sur les derniers changements qu’il a opérés au sein de l’entreprise. «Concernant les affectations, j’ai juste usé de mon pouvoir discrétionnaire en tant que Directeur général. Pour la bonne marche de l’entreprise, je devais faire des changements et je les ai faits», soutient Ibrahima Wade qui refuse toutefois de donner les raisons qui l’ont poussé à relever Jérémy Donatien Campal de ses fonctions de Directeur technique. Il consent juste à dire : «le Directeur technique a été relevé pour des raisons autres que celles avancées par vos informateurs. Je n’ai pas de contentieux avec Campal à propos du marché de 1000 logements. On veut entretenir un amalgame autour de cette question».
Interpellé justement sur le fameux marché de 1000 logements objet de toutes les suspicions qu’il souhaiterait attribuer à Socabeg, Ibrahima Wade s’étonne que ses «détracteurs» puissent véhiculer de pareilles informations. D’autant que, martèle-t-il, le «Code de passation des marchés publics est tellement verrouillé de telle sorte que ceux qui se sentent lésés peuvent saisir la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) pour arbitrage. En plus, la Sn-Hlm a une Commission des marchés qui gère ces questions. Je ne suis pas membre de la Commission des marchés et je n’ai jamais demandé comment celle-ci fonctionne». A ceux qui le soupçonnent de collusion avec Socabeg, il martèle : «je suis un homme libre. Je n’ai peur de rien car je suis comme une maison de verre».