MANSOUR SY, SANCTIONNE OU PROMU
REMANIEMENT MINISTERIEL
A quoi répondent les nominations des ministres ? A la promotion d’une expertise, à la récompense de militant ou d’agent capable de faire grimper des points à l’heure du vote. La soustraction de la Fonction publique des prérogatives du ministre Mansour Sy ne semble pas traduire une récompense du travail qu’il a effectué à la tête de ce département.
L’emploi reste un point précieux pour les gouvernements. Pour tendre vers les 500 000 emplois promis, Macky Sall diversifie ses méthodes. Il éclate la Fonction publique et le Travail. Mansour Sy perd-il du galon malgré son bon bilan à la Fonction publique ?
Et si la victoire ou la défaite aux locales devait guider le choix des ministres du nouveau gouvernement de Mouhammad Dione ? Cette logique n’a toutefois pas été suivie jusqu’au bout. Même si des vainqueurs sont rétribués à la hauteur de leur prouesse et des vaincus démis de leur fonction, une terrible confusion règne sur le sort réservé à certains membres du gouvernement. Le sort des ministres issus du Ps en est une parfaite illustration.
Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Education est amputé de l’alphabétisation, Aminata Mbengue Ndiaye maintient le gouvernail de l’Elevage malgré sa déroute électorale enregistrée à Louga. Khoudia Mbaye (Ld) permute avec Diène Farba Sarr (ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie) et s’installe à la Promotion des investissements, des Partenariats et du Développement des téléservices de l’Etat. Et Mansour Sy, malgré ses bons points enregistrés à la Fonction Publique, cède la place à Viviane Laure Elizabeth Bampassy.
L’homme qui a réorganisé la Fonction publique est rétrogradé au département du Travail, du Dialogue social. Pour contrebalancer cette amputation, il reçoit en plus le département des Relations avec les institutions, comme lot de consolation. «Son département est devenu une coquille vide», estiment certains observateurs. L’intéressé pense autrement. Mansour Sy y décode une promotion.
«Quand tu fais un bon travail, la meilleure manière de te promouvoir c’est d’opérer un changement de ministère». Le ministère du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions va se charger du suivi.
Mission accomplie
Mansour Sy a donc plafonné à la Fonction, un secteur où le gouvernement de Macky Sall a brillé ces deux dernières années. Mais, ce choix répond aussi à des critères politiques et organisationnels. En privé, il est reproché à Mansour Sy d’être «conformiste et procédurier». Il est resté rigide et imperméable à toute pression. Naguère, la Fonction publique a servi aux différents gouvernements pour caser leurs militants
Elle était le premier creuset de recrutement et de recasement des militants et partisans. Ici, elle n’a pas trop servi. D’où le changement opéré à la tête de ce département à l’heure de la composition de «Macky 3». Mais avec les révolutions introduites dans le système : «Personne ne peut plus opérer ce genre de manœuvre, les choses se passent maintenant dans la transparence. «Il y a des procédures de publications», confie Mansour Sy.
En tout cas, l’audit de la Fonction publique a fait gagner à l’Etat plus de 3 milliards FCfa. C’est le montant des salaires indûment payés. Aujourd’hui, la Fonction publique est assainie et débarrassée de ses fraudeurs. Viviane Bompassy va rationnaliser les effectifs chiffrés à 127430 fonctionnaires et procéder au renouveau du service public. L’ancien gouverneur de Fatick, Vivane Laure Elizabeth Bampassy, un pur produit de l’administration centrale, a pour mission de conforter les acquis de 2014.
Ministre du Travail, du Dialogue social, des organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, une coquille vide ? Non, c’est le suivi. «Tous les emplois sont gérés par le ministre du Travail.» et ce changement n’est pas nouveau.
Avant 2012, la Fonction publique et le Travail étaient séparés. En 2014, Macky revient à l’ancien système. Le seul fait nouveau, c’est le dialogue social. Ainsi, on passe d’Etat employeur à Etat arbitre. Mansour Sy :
«je suis chargé de la résolution des conflits. Je suis l’arbitre, je joue un rôle de conciliation, donc le fait d’enlever la Fonction publique m’allège». Le «Coco» jubile presque. Car, dit-il, les Relations avec les Institution et le Dialogue social nécessitent beaucoup d’engagement.
Incohérences à l’emploi
L’emploi, c’est le principal adversaire des gouvernants. Au Sénégal, c’est le principal motif de sanction et de changement au niveau de l’exécutif. Abdoulaye Wade a surfé sur la vague des mains levées en quête de travail, en 2000, pour entrer au Palais de la République. 12 ans après, les mains demeurent suspendues en l’air.
En 2012, Macky Sall avait promis 500 mille emplois, chiffre revu à la baisse et passé à 300 mille ; parce que, dit-on, les prévisions étaient faites pour un mandat de 7 ans et non 5 ans. Trois après, les promesses tardent à se concrétiser.
Les politiques de jeunesse et d’emploi se cherchent encore. Difficile de quantifier aussi les emplois et d’avoir des statistiques fiables. Le nombre varie d’un ministère à une agence. D’une institution à une autre, en mai 2014, le taux de chômage chez les jeunes entre 15 et 35 ans, s’élevait entre 12 et 26% selon le forum national sur l’emploi.
Vivement que le ministère du Travail résout ces manquements. Un jour, peut-être, arrivera-t-on à une fusion de ces trois ministères : Fonction publique, Travail et Emploi.