BONNE ET MAUVAISE NOTES D’UN NUL BLANC INATTENDU
SÉNÉGAL-TUNISIE
Le partage de points entre "Lions" et "Aigles de Carthage" n’a pas encore révélé tous ses secrets. C’est au coup de sifflet final du match de mercredi, à Monastir, que Giresse et sa bande sauront comment apprécier ce 0-0 de Dakar. Ils sauront s’ils devaient en pleurer ou en rire.
Huit Sénégalais sur dix auraient parié sur une victoire des "Lions" devant la Tunisie, vendredi dernier. Après les deux matches livrés en septembre contre l’Egypte (2-0) et le Botswana (2-0), nombreux sont ceux qui pensaient que plus rien ne pouvait entraver la marche triomphale des "Lions".
Malgré les forfaits de quatre joueurs du dernier onze qui a fait le boulot à Dakar et à Gaborone et la dimension de l’adversaire qui n’avait pas encore perdu de match, non plus, on y croyait ferme. Au finish, les "Lions" ont buté sur du béton et devraient s’attendre à plus dur à Monastir.
Ce match nul blanc pourrait, cependant, ne pas être un mauvais résultat pour les "Lions". Il suffit de tirer les leçons de Dakar pour s’en servir au match retour. Car malgré l’option des Tunisiens qui ont débarqué à Léopold Senghor pour jouer le nul, les occasions de plier le match n’ont pas manqué à l’équipe nationale. Et ce n’est pas encore le moment de douter. Sauf que, pour ne pas connaître des désillusions à Monastir ce mercredi, Giresse est tenu d’apporter des solutions à certains problèmes qui se sont signalés durant le match de Dakar.
Même si les forfaits de Moussa Sow et de Salif Sané pourraient davantage diminuer l’équipe, il faut reconnaître qu’il restera dans le groupe des "Lions" de quoi pouvoir secouer la Tunisie. Surtout que les "Aigles de Carthage" devront cette fois sortir de leur forteresse pour chercher la victoire. C’est là que les accélérations de Sadio Mané peuvent servir dans les contre-attaques. Aux "Lions" de les exploiter à fond pour créer la surprise. On a vu combien les Tunisiens ont exprimé leur méfiance vis-à-vis de lui, en multipliant les prises à deux, à trois, voire à quatre, mais en jouant un match d’attaque à Monastir ils ne pourront pas mettre autant d’hommes sur lui. Aux "Lions" de savoir en profiter.
1 – UN PLAN B
Aussi nécessaire que le plan A
Autant il est important de mettre en place une équipe compétitive et immuable, autant il importe de se doter d’un bon plan B qui pourrait servir au besoin. Les nombreux forfaits qui ont été enregistrés avant le match contre la Tunisie n’ont pas facilité le travail au staff technique et tout porte à croire que Giresse ne s’était pas préparé à une telle éventualité. Et la manière avec laquelle les "Lions" ont joué ce match montre qu’il y avait moins de liberté dans leur jeu. Il ne suffisait pas de passer du 3-4-3 à un 4-4-2, mais de trouver des hommes capables de se sentir à l’aise dans ce système afin de ne montrer qu’il pourrait y avoir deux onze valables dans une liste de 23 joueurs. Ainsi que des variantes dans le jeu.
Les "Lions" jouaient trop bas face à la Tunisie, malgré l’absence de pressing haut de la part des Tunisiens. Stéphane Badji était plus un deuxième latéral droit plutôt qu’un milieu excentré. Et même s’il a opéré quelques incursions offensives en fin de la seconde période, il veillait beaucoup sur Zargo Touré qui n’a débordé qu’une fois pour centrer dans les nuages. Comme quoi les "Lions" n’avaient pas trop confiance en leur défense diminuée par la sortie sur blessure de Kara Mbodj, dès la 15e mn.
Giresse devra profiter de la richesse de son groupe pour mettre en place une équipe A, tout en se dotant d’un solide plan B avec le reste du groupe. Ce qui fait que les mauvaises surprises, souvent notées dans des qualifications de Coupe d’Afrique, mais surtout dans les phases finales de Can, ne soient plus un handicap.
2 - BALLES ARRÊTÉES
Un travail spécifique s’impose
Se doter de joueurs de gabarits présents dans le jeu aérien et d’attaquants ayant un bon jeu de tête, reste un atout dans le football moderne. Mais cet avantage n’a de sens que s’il permet d’exploiter les balles arrêtées. Et pour cela, il faut aussi qu’il y ait un bon tireur pour rendre service. Ce qui a manqué aux "Lions" face à la Tunisie.
Devant la bonne disposition tactique des "Aigles de Carthage", les nombreuses balles arrêtées auraient pu aider à décanter le match. Mais les services de Dame Ndoye étaient plus destinés aux têtes tunisiennes et mains du gardien adverse qu’aux bons gabarits que sont Djilobodji, Salif Sané, Papiss Cissé ou Moussa Sow. Et c’est là que la précision du tir de Pape Kouli Diop s’est faite désirer.
Après avoir vu les "Lions" vendanger beaucoup de balles arrêtées crées surtout par Sadio Mané en première période, Giresse devrait préparer Pape Kouli Diop à faire son entrée, ne serait-ce que dans la dernière demi-heure, pour tenter de jouer le coup. A ce moment, les Tunisiens, épuisés et acculés, ne pouvaient que multiplier les fautes sur le joueur de Southampton qui est maitre dans l’art de provoquer balle au pied.
Kouli Diop, en dehors de son apport dans le jeu en profondeur, a montré son talent sur les balles arrêtées avec un but et une passe décisive sur coup-franc. Mais au-delà des services de ce dernier, le Sénégal doit travailler à être plus dangereux dans ce domaine. Surtout quand on a un joueur comme Sadio Mané qui peut créer des coup-francs dangereux à tout moment.
3 – LE BANC
Eviter les mauvais castings
Le choix des remplaçants est aussi important que le choix du onze. Et un mauvais casting sur le banc de touche peut coûter cher à un sélectionneur, s’il est appelé à gérer des cas d’urgence. Lors du match contre Egypte, il avait été reproché à Giresse d’avoir mis Moussa Sow comme seul attaquant sur le banc. Car c’est un match où la victoire s’imposait. Avec les deux buts inscrits assez vite, l’unique présence du "Turc" aura été sans grande conséquence.
Vendredi, contre la Tunisie, il a été imprudent de la part du staff des "Lions" de n'avoir pas mis un défenseur de métier sur le banc. La participation de Kara Mbodj étant déjà douteuse à quelques heures du coup d’envoi à cause d’une gastro-entérite, la présence de Pape Samba Guèye sur la feuille du match s’imposait. Car même si Salif Sané et Alfred Ndiaye, présents sur le banc, pouvaient dépanner, se doter d’un défenseur de métier était plus rassurant.
Le choix de Giresse a été d’autant plus critique que Salif Sané, entré à la place de Kara Mbodj à la 15e mn, s’est blessé en cours de jeu et pouvait ne pas terminer le match. Seul Alfred Ndiaye était alors en mesure de prendre sa place. Or c’est un joueur qui a été jusqu’ici utilisé comme milieu de terrain et qui n’a pas rassuré à cause de son manque de mobilité lié à son gabarit.
4 – LE JEU
Dame Ndoye difficile à situer
Mettre en place un 4-4-2 avec Dame Ndoye comme deuxième élément du duo d’attaque, c’est à la limite faire évoluer l’équipe dans un 4-5-1. Son amour du ballon et son penchant à coulisser dans l’entrejeu font qu’il est plus un élément du milieu qu’un soutien d’attaque. Ce travers a causé d’énormes difficultés aux "Lions" qui ont pratiquement joué avec un seul attaquant pendant tout le match.
Dame Ndoye est tactiquement difficile à situer. Etant un électron libre qui se positionne souvent par rapport au ballon, il est imprudent de compter sur lui pour faire respecter une bonne disposition tactique en place. D’ailleurs, n’eussent été les percées de Sadio Mané sur le flanc gauche, l’attaque des "Lions" aurait pu être plus esseulée. D’où l’aisance des Tunisiens à défendre à 4 contre 1 ou 2 "Lions".
Dans ce cas de figure, il était difficile pour les "Lions" de percer le mur tunisien. C’était d’autant plus difficile pour eux de porter le surnombre dans la défense tunisienne que Stéphane Badji a pratiquement été aux abonnés absent dans le jeu offensif pendant toutes les 60 premières minutes.
5 – LES JOUEURS
Diamé, Dame, Zargo et Moussa, les flops du match
Ils n’ont pas profité des absences pour changer la donne dans l’équipe. Moussa Sow, Dame Ndoye, Zargo Touré et Mouhamed Diamé étaient hors coup pendant toute la durée de leur présence sur le terrain.
Mouhamed Diamé a repris sa place et son brassard, mais n’a pas profité de sa forme du moment avec Hull City pour se faire une nouvelle santé en équipe nationale. Vendredi, Momo s’est encore endormi dans le milieu des "Lions". Peu inspiré dans ses passes, courtes comme longues, il a été également fébrile dans ses duels, commettant beaucoup de fautes. Avec cette copie, Diamé a quasiment grillé ses cartes en sélection.
Dame Ndoye a une fois de plus démontré qu’il n’est pas un joueur qui peut être constant sur trois matches. Après deux bonnes copies en septembre dernier, auréolées de deux passes décisives, il a livré une piètre prestation contre la Tunisie. Manque de précision dans les balles arrêtées, absence dans le marquage, Dame Ndoye s’est vidé tout seul en voulant tomber au moindre contact physique avec l’adversaire.
Zargo Touré a été peu inspiré dans ce match. Mis sur le flanc droit, il a eu du mal à faire une bonne passe. Alors que les Tunisiens préféraient souvent passer dans le couloir de Cheikh Mbengue (ce dernier a été tenace), il n’a pas profité de ses libertés pour étouffer les Tunisiens par des contre-attaques.
Moussa Sow, n’a certes pas été aidé par son milieu qui ne lui a pas donné de bons ballons, mais son manque de mouvement a beaucoup facilité la tâche à la défense tunisienne. Sans compter qu’il passait le plus clair de son temps à parler avec ses partenaires. Sur les rares occasions qu’il s’est créées en première période, il n’a pas fait les bons choix. Si ce n’est son coup de tête décisif, finalement refusé à cause d’une position illicite.