"RAS-LE-BOL !"
Abdel Kader Ndiaye, président du syndicat du BTP, dénonce la persistance de la mauvaise gouvernance et les modifications du code des marchés "pilotées par un lobby" et "une mafia"
Président du Syndicat national des bâtiments et travaux publics (Snbtp) affilié à la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Abdel Kader Ndiaye passe à la loupe la situation économique en rapport avec l’entreprise. Et c’est pour relever des griefs en pagaille. Se disant d’emblée, «très conscient que (ses) propos sont durs» dans l’entretien qu’il nous a accordé, M. Ndiaye tient à dire clairement son «ras-le-bol : le clientélisme politique est en train de prendre le dessus». Florilèges de critiques contre le régime : «Nous sommes très surpris par la reconduite des mauvaises pratiques du passé (…) Les régimes se succèdent, mais tous se ressemblent», «La conjoncture économique est défavorable»…
Monsieur le président, après le Premier ministre à sa nomination, le président de la République vient d’appeler les Sénégalais au travail et à moins festoyer. Comment jugez vous la situation socio-économique du pays ? Permet-elle de travailler ?
Je voudrais vous dire que nous sommes des opérateurs économiques et donc en ma qualité de président du Syndicat national des entreprises du bâtiment des travaux publics, vice-président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal et de la chambre des commerces, je suis bien placé pour apprécier la situation économique de notre pays. La situation se caractérise comme l’a souligné le dernier rapport de la Direction de la prévision et des études économiques, une direction rattachée au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, par une baisse d’activité de presque 8,5%. A mon humble avis, dans notre pays, cela aurait dû être le seul sujet de débat. Parce que ce qui caractérise notre pays, c’est la prédominance de la politique sur l’économie qui est quand même importante. Parce que nous, nous nous sommes fixés des objectifs pour nous mouvoir sur la route de l’émergence et pour cela il faut d’abord qu’on travaille. Et se mettre au travail, c’est générer une activité productrice de richesses, génératrice d’emplois et source de croissance et de développement. Et tel n’est pas le cas. Vous avez vu en août 2014, l’activité globale a baissé de 8,5%. Le secteur primaire a baissé de 6,8% en juillet 2014 et la baisse la plus remarquable, c’est celle de la pêche avec 22,9%. Le tertiaire qui a été naguère la locomotive de l’économie nationale a chuté de 7,7%. Et ce qui est surprenant, c’est le dynamique secteur des télécommunications qui n’a pas échappé à cette tendance en diminuant de 9,1%. Ce qui veut dire que le Pib est bien porté par la croissance des télécommunications. Donc, quand vous voyez de tels chiffres et aussi la plainte en général des opérateurs économiques quant à la baisse de la demande, la concurrence déloyale, au non-recouvrement de créances qui est de presque 35,7% - et ça ce sont des chiffres et la source c’est le gouvernement, il est difficile, dans une situation pareille, de parler de prospérité ou de conjoncture favorable. Donc, la conjoncture économique est défavorable, à cela se greffent les délestages électriques, le fait que le carnet de commande des entreprises sénégalaises et des industries est en baisse, nous n’avons pas de carnet de commande. Et notre carnet de commande est très affecté par la concurrence déloyale qui vient d’abord de l’Etat.
Et le Plan Sénégal émergent…
Le Plan Sénégal émergent repose sur une politique de partenariat public-privé. Cette politique de partenaire public-privée, son fondement, c’est que le leadership du secteur privé national doit être affirmé dans les grands projets publics. Et l’Etat doit être garant des intérêts stratégiques du secteur privé. Aujourd’hui, je veux bien qu’on ouvre nos portes mais quand même, il y a des domaines où l’expertise locale est avérée. En matière immobilier aujourd’hui, le Pse qui était tant décrié comme un plan quand même qui peut porter le développement économique au-delà de toutes les supputations qu’il y a autour de sa conception, mais aujourd’hui nous sommes quand même très surpris par la reconduite des mauvaises pratiques du passé. C’est cela qui nous gêne. Les régimes se succèdent mais tous se ressemblent. Il n’y a pas d’élément nouveau. La situation économique, elle est grise, l’activité économique est en baisse et c’est la source de cette statistique, c’est le gouvernement et elle est en baisse de 8.5 %. Ça devrait soulever beaucoup d’inquiétudes et d’angoisses pour tous les acteurs économiques. Ensuite, le secteur privé estime aujourd’hui que le pacte électoral, le président de la République, est en train de le violer, de violer le pacte électoral avec le secteur privé.
Les entreprises sont les vecteurs de créations d’emploi. Comment se porte l’entreprise nationale deux ans et demi après le changement du pouvoir ?
Vous avez vu les dernières statistiques qui montrent les fermetures d’entreprises, des suspensions d’activités parce que comme j’ai dit, le carnet de commande est en baisse. Nous sommes le seul pays où, il y a du travail, mais ce sont les étrangers qui travaillent et les entreprises sénégalaises sont au chômage. C’est ça la vérité.
Qu’est ce qu’il faut réellement pour que les gens travaillent ?
Comme j’ai dit, nous ne comprenons pas l’autarcie, nous sommes vraiment pour l’approche de l’ouverture, l’approche pour attirer des investissements massifs. Mais il faudrait que les retombées de ces investissements profitent réellement à notre pays, à notre économie, à nos populations. Quand on dit qu’il y a des taux de croissances de 5%, de 6% alors que tout le monde pleure, les ménages pleurent, les entreprises pleurent, je dis que la croissance ne se mange pas. Pourquoi elle n’a pas d’impact sur la vie de notre pays de tous les jours. Parce qu’elle n’est pas partagée. Si vous venez investir pour reprendre de l’autre main après, mais cela ne profitera pas à notre économie. Vous avez vu un autre signe, est ce que le chômage est en baisse ? Chaque année, le taux de chômage ne cesse de croître. Ça atteste de l’inefficacité des politiques publiques en matière économique. En matière socio-économique nous vivons la même situation. Nos diplômés de l’enseignement n’arrivent pas à être casés, la demande pour l’emploi elle n’arrive pas à être satisfaite parce que l’économie ne génère pas suffisamment d’emplois et de richesses pour pouvoir créer et développer le pays.
Avez-vous senti les ruptures tant annoncées à l’orée de l’exercice du pouvoir par le Président Macky Sall, notamment la préférence nationale ?
Nous, nous vivons un patriotisme économique de façade, nous vivons une préférence nationale de façade. Parce que si avec tout ce que nous voyons comme activités, l’entreprise sénégalaise était réellement impliquée, nous n’aurions pas à revenir sur ces concepts. Et comme vous le savez au Sénégal, il y a des concepts en vogue. On parle, mais pour agir, c’est autre chose. Donc, il n’y a pas à se faire d’illusion sur la question vraiment de la préférence nationale et surtout la préférence nationale en ce qui concerne les domaines de compétences nationales et de capacités nationales, il n’y a pas de rupture. Nous vivons les mêmes mauvaises pratiques du passé. Au Sénégal, en matière immobilière, nous n’avons rien à envier ni aux Marocains ni aux autres. Il s’agit surtout de régler les questions de financements et ces questions de financements si elles sont bien accompagnées par l’Etat, peuvent trouver des solutions favorables.
Parlons du secteur du Btp. Comment se porte-t-il ?
Vous avez vu que le secteur secondaire de manière générale vit la même situation. On a vu qu’à part les industries extractives qui ont connu une hausse de 29,3%, tous les autres secteurs ne sont pas en forme. Ils connaissent des taux de progression très, très faible. S’il y a embellie, c’est pour quelques majors du secteur. Mais le secteur du Btp, ce qui le caractérise, c’est plus de 90% de petites et moyennes entreprises (Pme). L’Etat aurait pu pour les programmes, les grands projets publics, mettre ensemble les majors et leur demander de travailler avec les Pme. Dans tous les pays du monde, c’est comme ça qu’on procède. Mais ce n’est pas le cas. On prend tout, on donne à des étrangers et je pense que ça pose problème. Nous n’avons rien contre les entreprises étrangères, mais nous disons que, c’est la manière d’attribuer qui nous pose problème. Nous pensons qu’il n’y a pas que les procédures de passation classique, mais si on doit aller dans le schéma du partenariat public privé, il faut respecter les règles du jeu. Et il faut qu’il y ait aussi une régulation. Le régime juridique est en place, mais il n’est pas respecté.
Une bonne frange de l’économie se plaigne d’être exclue de la commande publique. Les architectes haussent le ton. Les entreprises de votre syndicat vivent-elles la même chose ?
L’économie est une chaîne. Si vous prenez un projet, la conception revient aux architectes, la réalisation revient aux entreprises. Aujourd’hui, en regardant le procédé en plus, l’architecture est déclarée d’intérêt et d’utilité publics. C’est un démembrement de l’Etat donc, l’Ordre des architectes est la première conseillère de l’Etat en matière d’architecture. Et aujourd’hui, vous avez vu que l’Etat s’est passé de leurs conseils. La deuxième chose, nous entreprise, on ne voit que du vent. Les projets nous passent à droite et à gauche. En tout cas, en ce qui concerne notre niveau d’implication, notre implication effective, ce n’est pas le cas. Et à ce niveau, je pense que dans les prochains jours, nous sommes en train de préparer notre Assemblée générale et je pense qu’avec tout le monde, parce que l’heure est grave, nous allons nous préparer pour débattre des questions relatives au secteur du Btp. Les entreprises, les architectes, les bureaux d’études techniques, les bureaux de contrôle technique sont tous dans le même marasme. Donc, il y a non seulement une crise, mais c’est une crise aggravée par la mauvaise mise en oeuvre des politiques publiques.
Comment expliquez-vous que le régime veuille s’asseoir sur le patriotisme d’entreprise après l’avoir tant chanté ?
Vous savez que ça, c’est le propre des politiques. Ils signalent à gauche et ils tournent à droite. Ce qu’il y a à souligner et c’est un vieux débat : pourquoi les investissements massifs ne profitent pas aux économies nationales. Et à ce niveau ce qui s’est passé, pendant un bon moment on a enregistré des projets, des investissements très importants. Je dis sous l’ancien régime en l’espace de moins de 4 ans, 2033 milliards francs Cfa avaient été injectés dans l’économie. On ne peut pas avoir autant d’investissements dans notre secteur et retrouver le marasme que vivent nos entreprises. Il y a un paradoxe. Donc, nous sommes en train de vivre la même situation. En plus, au niveau des orientations, des options d’investissements, il y a à dire. Parce qu’aujourd’hui, comment vous pouvez expliquer qu’on investisse 52 milliards dans des infrastructures de prestige, alors que souvent les hôpitaux ont des problèmes pour recouvrer leurs dettes intérieures, nous avons des problèmes pour l’adduction d’eau, pareil pour les pistes de production. Voilà, ce qui caractérise l’Afrique. Le choix de certains investissements pose problème. Nous n’avons rien contre certains événements comme la Francophonie, nous sommes favorables pour le prestige de notre pays et tout, mais quand il s’agit d’économie et d’investissement, il faut être réaliste.
855 entreprises en cessation d’activités, selon l’Ansd, n’est-ce pas le temps pour les pouvoirs publics de se retrousser les manches pour renflouer le privé national ?
Ces statistiques je les confirme. Et l’autre aspect que je souligne c’est comme vous le voyez, pour renforcer la compétitivité des entreprises, il faut leur assurer leur carnet de commande. Si la compétitivité des entreprises commence par une compétitivité nationale, la compétitivité communautaire internationale commence aussi par une compétitivité nationale. Cela veut dire que, si l’Etat n’ouvre pas ses projets, ne donne pas un accès souverain aux entreprises nationales nous allons toujours vivre le même scénario : entreprises en difficultés, entreprises en dépôt de bilan, etc. On a mis en place un dispositif d’accompagnement pour les entreprises en difficultés, mais cela va faire maintenant 2 ans il n’y a pas de suite. Concernant l’accompagnement des petites et moyennes entreprises, l’Etat a toujours dit que le tissu de la Pme est le moteur de la croissance, mais qu’est-ce que vous voyez ? Les Pme sont aujourd’hui en très mauvaise posture, elles ont dû mal à assurer leur survie parce qu’elles n’ont pas de carnets de commandes.
On parle de plus en plus de malgouvernance avec le flou qui entoure certains grands chantiers de l’Etat octroyés à des entreprises étrangères. Est-ce une issue pour un développement certain ?
La première chose que je dénonce, ce sont les dernières modifications du Code des marchés publics. On a annoncé récemment que le Code des marchés a été modifiée en octobre 2014, et je pense que ces modifications n’ont pas été suffisamment partagées par une large frange, c’est un petit lobby du secteur privé en complicité avec l’Etat qui a validé ce programme. Et nous, nous dénonçons cela. Notre syndicat dénonce avec la dernière énergie, je n’enrobe pas mes propos, les modifications opérées au niveau du Code des marchés et que ces modifications n’ont pas été partagées par une large frange du secteur privé. Elles ont été pilotées par un lobby, une mafia en complicité avec certains acteurs gouvernementaux. Nous nous démarquons et nous disons aux partenaires économiques et financiers que ce nouveau code nous ne le validons pas. La deuxième chose, en matière de transparence, on tripatouillait la Constitution, maintenant on tripatouille le dispositif de contrôle des institutions et des procédures de passations. Vous avez vu le Bulding administratif, on avait annoncé 34 milliards, on est à 17 milliards et même dans ces 17 milliards on a vu que la facturation est douteuse et nébuleuse. Prenez 34 milliards, vous voyez le siège de la Sonatel, il coûte 3,5 milliards. 17 milliards dans un immeuble ou 34 milliards, quelles que soient les raisons qu’on puisse évoquer, restauration, rénovation, transformation, nous sommes des professionnels, nous ne pouvons pas agréer ce genre de prix. Si on veut décentraliser le siège du gouvernement, on peut faire pas mal d’infrastructures avec des prix acceptables et des projets allégés et qui peuvent faire l’objet d’allotissement (c’est le découpage des marchés en lots) adapté. Donc, nous nous interrogeons sur la transparence de certains marchés publics. Je suis très conscient que mes propos sont durs, mais nous en avons ras-le-bol, le clientélisme politique est en train de prendre le dessus.
L’Etat lance ses grands chantiers à travers le Plan Sénégal émergent. Espérez-vous qu’enfin l’entreprise nationale retrouve sa véritable place dans le Pse ?
Le point de départ de l’entreprise nationale, ce sont les orientations. Le pacte électoral en matière de partenariat public privé voudrait que l’Etat en mettant en oeuvre ses politiques, ses programmes, met le secteur privé au coeur des dispositifs. Qu’on ne nous parle pas de capacité. Le problème ne se trouve pas là. Les opportunités qu’on offre aux entreprises étrangères, les facilités qu’on offre aux entreprises étrangères, offrons les aux entreprises sénégalaises et mettons les à rude épreuve avec la sanction, l’obligation de résultats. Mais, il suffit que vous changiez de couleur qu’on vous déroule le tapis rouge et quand vous êtes Black ou Sénégalais tout est corsé, cela me pose problème.
Aujourd’hui, en ce qui concerne la mise en oeuvre, le Pse sera très loin de ses objectifs de croissance et de développement parce que les principes de base qui fondent sa réussite, on est en train de les violer. Le coeur du dispositif des programmes doit être le secteur privé national. Nous ne refusons pas qu’on nous donne les marchés, nous avons des majors dans des domaines précis où ces programmes sont en train d’être mis en oeuvre, mettons en premier ces majors et essaimons autour des Pme et cette approche pourrait permettre d’avoir des résultats à long terme. Mais si on continue dans cette lancée, que nous n’aurons rien à dire dans ce programme, eh bien! nous ne pouvons pas nous approprier un programme qui nous éloigne de nos intérêts, qui combat nos intérêts stratégiques.
Le Code des marchés est-il taillé sur mesure pour les entreprises étrangères comme le soutiennent certains ?
Il ne faut pas faire la confusion, le Code des marchés publics repose quand même sur les principes et un régime juridique bien précis. Les projets qui sont en train être attribués ne répondent pas aux mêmes régimes juridiques que les marchés publics en général. Comme on a vu que l’Etat ne peut pas tout réaliser par le canal des marchés publics, on a mis en place un autre dispositif juridique qu’on appelle le partenariat public- privé (Ppp) où l’Etat fait appel à un opérateur privé. Les marchés publics par contre, l’Etat dit qu’on lancera le marché public, il faut avoir du crédit, le crédit inscrit dans le budget. Mais, nous ce n’est ni dans les marchés publics, ni dans le Ppp que nous nous retrouvons. En tout cas, les projets nous passent à droite et à gauche. Et dans cette logique, nos entreprises sont aujourd’hui en difficulté parce qu’elles n’ont pas de travail et à la longue tout le monde râle.
Le débat, c’est aussi que le Code des marchés publics est qualifié de ralentisseur des projets par le chef de l’Etat et son gouvernement. Qu’en pensez-vous ?
Il ne faut pas qu’on diabolise le Code des marchés. Tout code de marché est perfectible. En France le code des marchés a subi plus de 50 modifications pour l’amélioration mais vous n’avez jamais entendu un politique renoncer au code. Parce qu’aucune démocratie ne l’accepterait. Les problèmes de procédures, c’est souvent la maîtrise des procédures qui pose problème au niveau de l’administration. Par la célérité je ne suis pas en opposition avec le chef de l’Etat, il a même raison sur ce point, le code on doit améliorer ses procédures pour qu’elles soient davantage accélérées, il n’ya pas d’opposition avec le secteur privé sur cette question. Mais le fait de vouloir quand même ouvrir des portes qui vont entraîner et compromettre la transparence dans l’économie et l’équité, je dis nous ne serons pas. Nous ne pouvons pas accepter que la charpente de la transparence, de l’éthique et de la compétitivité, de la concurrence loyale puisse être remise en question. Sur ce plan, je pense que nous resterons d’éternelles sentinelles de la bonne gouvernance. Ensuite le Code des marchés ne peut pas régler tous les projets. Il y aura des projets qui vont être inscrits dans le registre du Code des marchés et d’autres ne pourront jamais être inscrits dans ce registre. Le code on le diabolise, mais si on maîtrisait les dispositions, on ne se plaindrait pas du code. Il y a eu quand même des problèmes de délais dans la mise en oeuvre, mais ces délais ne sont pas imputables au code, la plupart des cas, les lenteurs sont imputables aux autorités contractantes. Le problème, il est surtout au niveau d’abord de la culture d’avoir la transparence et l’équité dans les procédures de passations, mais aussi une organisation opérationnelle pour accompagner les projets publics. Et dans cette logique souvent ce n’est pas le cas. Les barrières administratives y sont très nombreuses. A cela s’ajoute maintenant l’intervention du politique qui peut bloquer ou dénaturer le processus.
Qu’attendez-vous de la Déclaration de politique générale du Premier ministre ?
Tout ce que je peux dire, c’est que c’est tradition républicaine, la première chose, c’est un souci de légalité. Je pense que la loi inscrit un délai pour déclarer sa politique générale. Je crois que déjà au niveau du délai, il y a un problème. La deuxième chose c’est qu’aujourd’hui, nous en tout cas secteur privé, nous ne nous faisons plus d’illusion en ce qui concerne la Dpg. Accélérons la cadence, au travail, le Pse, la voix de l’émergence, nous nous attendons des actes concrets. C’est notre dernier mot. Le président a eu à se plaindre sur le problème d’improductivité de notre économie, de notre pays, du comportement des Sénégalais en général au travail, tout le monde partage ce diagnostic, mais en retour on ne fait que se plaindre, l’autorité doit corriger cela. Créer des règles et des attitudes qui vont inverser ce genre comportements. Notre pays est fêtard parce qu’on laisse les gens continuer. Si vous ne produisez pas et qu’on vous rémunère, quand vous ne produisez pas, on ne vous sanctionne pas, mais vous allez continuer dans la même direction. Donc, se mettre au travail, oui il faut accélérer la cadence, nous sommes à deux ans de la fin du mandat, je pense que pour initier un projet, le concevoir, le réaliser et le mettre en service ce n’est pas en 2 ans, c’est très court, je parle en tant que professionnel. Je sais qu’il y a de très bonnes initiatives, de très bons projets, de très bonnes directives, mais si tout cela ne rencontre pas la réalisation, la mise en oeuvre, mais ce ne seront que de belles paroles.