M. LE PREMIER MINISTRE ABDOU MBAYE, VOUS PERMETTEZ ?
Voilà que le temps d’un week end, M. Le Premier ministre (c’est un titre éternel) vous êtes entré dans une frénésie communicationnelle qu’on ne vous a jamais connue, après être resté plus d’un an silencieux comme une carpe. Puis tout d’un coup, comme un diable qui sort de sa boîte, vous voilà en sur-accélération orale. Que diantre se passe-t-il ?
Est-ce le rythme soutenu d’activités internationales et les récents lauriers de votre successeur qui vous sortent de votre hibernation ? À la bonne heure, car notre cher Sénégal a besoin que les acteurs publics élèvent le débat mais que le débat soit sincère et honnête.
Donc M. Le Premier ministre, permettez que je relève quelles incongruités dans votre communication. D’abord peut-on savoir au juste ce que vous voulez ou du moins ce que vous recherchez ?
Car toute activité de communication a forcément un but. Etes-vous, M. le Premier ministre dans la mouvance présidentielle ou pas ? Le champ politique n’offre pas beaucoup d’espace pour la danse du ventre.
Si vous soutenez le Président Macky Sall, dites le haut et clairement car votre club (mouvement, ça fait trop populaire c’est ça ?) comme vous l’avez dit ne peut servir et lui le Président et l’opposition.
À moins que vous ne nous parlez d’un cabinet de consultation. Si vous comptez soutenir le Président Macky Sall eh bien pourquoi ne rejoignez-vous pas Benno Bokk Yaakaar, Macky2012 à défaut de l’Apr, parti auquel vous dites n’avoir jamais appartenu.
Et pourtant, M. le Premier ministre, on vous a bien vu à une réunion du Directoire de l’Apr. Vous ne faisiez qu’accompagner M. le président de la République, c’est ça ? Ah, très bien, cela faisait partie de vos termes de référence, dois-je comprendre ? Et le Parti socialiste ? Vous étiez bien militant de la 1ère coordination de Dakar, n’est- ce pas ?
C’est un peu ça le problème, M. le Premier ministre, vous jouez avec la vérité comme un jongleur avec ses balles. La politique vous intéresse quand elle sert vos intérêts. Quand il n’y a rien à prendre vous vous occupez à gérer votre énorme fortune. Aujourd’hui, vous vous habillez du manteau d’un donneur de leçons. La gestion des semences est un scandale, dites- vous ?
Qu’aviez-vous fait pour y mettre un terme comme Premier ministre ? Vous vous érigez en champion de l’éthique, alors là, M. le Premier ministre vous n’êtes pas la voix la mieux autorisée.
Vous avez avoué avoir recueilli les fonds volés par Habré et pour vous essuyer la conscience, vous dites qu’il n’y avait pas de loi contre le blanchiment à l’époque.
Et la morale, M. le Premier ministre, vous en faites quoi ? Vous savez combien de temps il aura fallu aux hommes pour condamner l’esclavage ou plus récemment l’apartheid ?
Cela en faisait-il des activités acceptables par la morale ? D’ailleurs qu’est-il advenu du fruit de ce braquage du Trésor tchadien ? Il faudra bien le dire aux victimes de Habré et au peuple tchadien. Par contre, M. le Premier ministre, en droit sénégalais, le recel est bel et bien un délit condamné par la loi. Si Habré était reconnu coupable de vol de deniers publics tchadien, vous aurez du souci à vous faire, Monsieur le Premier ministre.
J’ai été atterré de vous entendre défendre Habré mieux que son piteux avocat El Hadj Diouf. Pourtant on ne vous a pas entendu lorsque vous étiez Premier ministre vous opposer à cette décision historique du Président Macky Sall d’organiser le procès de Habré, conformément à la décision de l’Union africaine et la Cour pénale internationale. Les convictions d’un homme, M. le Premier ministre, n’épousent ni le contexte ni les circonstances.
Enfin, vous ne faites pas preuve de beaucoup d’originalité en parlant de cadence pas suffisamment accélérée, marque déposée de votre successeur. Faut-il rappeler que sous votre primature, le Sénégal a reculé dans l’indice de Doing Business qui mesure l’attractivité des pays pour des investisseurs.
Alors qu’en quelques mois, votre successeur sous instruction du Président Macky Sall a fait gagner 10 places au Sénégal, glorifié du titre de pays meilleur performer de l’année.
Alors, Monsieur le Premier ministre, trêve de coterie et de contorsion. Si vous avez des ambitions politiques, faites le savoir clairement et surtout rompez avec ce faux style bon chic-bon genre qui ne trompe personne.
Ah dernière question, qu’en est- il des procès pour escroquerie dont vous faites l’objet comme directeur de banque ?