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Une semaine après l’attentat contre son siège, l’hebdomadaire satirique sort un numéro où le Prophète Mahomet est encore représenté – Voir aussi la vidéo de la confection de l’édition qui sera vendue à partir de ce mercredi à 3 millions d'exemplaires
Pari tenu : Charlie Hebdo a respecté son rendez-vous avec ses lecteurs. Une semaine après l’attentat qui a décapité sa rédaction, l’hebdomadaire satirique français sort ce mercredi dans les kiosques avec un tirage exceptionnel, trois millions d’exemplaires, mais avec la même irrévérence.
Ils ont décapité Charlie Hebdo, mais Charlie Hebdo n’est pas mort. Une semaine après l’attentat qui a emporté ses têtes de file, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, l’hebdomadaire satirique français s’apprête à sortir ce mercredi un numéro très attendu. Une édition qui sera traduite en italien et en turc, mais aussi, dans sa version numérique, en anglais et en arabe.
Une édition qui restera exceptionnellement deux semaines en kiosque. Et qui, avec un tirage exceptionnel, trois millions d’exemplaires, devrait se vendre comme des petits pains. Tant les distributeurs du journal français croulent déjà sous les demandes venant du monde entier.
Mais, l’événement du n°1178 de Charlie Hebdo, dénommé "numéro des survivants", réside moins dans ses performances en kiosque que dans son contenu. Le "journal irresponsable" a-t-il mis de l’eau dans son vin ? A-t-il tout simplement rendu les armes en baissant de ton ? Ces questions occupent sans doute de nombreux esprits.
Mais à voir la Une du journal que SenePlus a pu consulter, l’hebdomadaire a gardé le cap. Son irrévérence : en manchette, un dessin du Prophète Mahomet, larme à l’œil, et tenant une pancarte sur laquelle est marquée "Je suis Charlie". Au-dessus de sa tête l’inscription "Tout est pardonné". Le tout sur fond vert, la couleur de l’islam.
La caricature est signée Luz, un des dessinateurs du journal ayant échappé à l’attentat contre son siège.
Avant la sortie du journal en kiosque, cette nouvelle représentation du Prophète, qui vaut à Charlie Hebdo ses déboires depuis 2006, suscite déjà la polémique. Autant dire que le satirique français a remis le couvert. Sans doute une façon de rendre hommage aux disparus, de ne pas trahir l’esprit de ces derniers. Avec les risques, évidents, qui vont avec.
Pour confectionner son numéro post 7-janvier 2015, les membres de la rédaction de Charlie Hebdo ont été hébergés par leurs "cousins" de Libération. Ils avaient par ailleurs reçu l’offre de soutien de grands dessinateurs français et d’autres pays, mais les "survivants" ont voulu, selon le témoignage de l’un d’entre eux, faire leur journal eux-mêmes.
Perpétré mercredi dernier par les frères Kouachi, deux jeunes français d’origine maghrébine, l’attentat de Charlie Hebdo a fait 12 morts, de nombreux blessés et d’irréparables dégâts matériels. Dans leur fuite, les deux assaillants ont pris en otage un employé d’une imprimerie à 40 kilomètres de Paris. Ils seront tués lors de l’assaut du Gign et du Raid, qui ont libéré l’otage sain et sauf.
Parallèlement aux attaques des frères Kouachi, Amedy Coulibaly, un jeune français d’origine africaine, a mené des actions terroristes. Tuant une policières municipale ainsi que quatre otages à la Porte de Vincennes avant d’être abattu lors de l’assaut du Gign et du Raid.
Une quatrième personne impliquée dans ses attentats, une jeune femme d’origine arabe, a été signalée en Turquie. Elle est activement recherchée par la police française.
Ce commando, qui aurait agi de concert, a voulu éteindre Charlie Hebdo et semé la peur sur le territoire français. Il a visiblement échoué. Puisque dimanche dernier, près de quatre millions de personnes ont défilé à Paris, en réaction à ces attaques terroristes, et le n°1178 de journal satirique sera ce mercredi dans les kiosques. Sans ses références certes, mais vraisemblablement avec la même irrévérence.