‘’JE PENSE QUE KARIM WADE ÉTAIT LE SEUL MAÎTRE À BORD’’
NOËL DECONINCK, ANCIEN DG DE AHS ACCRA
Pour son entrée en matière dans le procès de Karim Wade, Noël Deconik, ancien directeur général de Ahs Accra, a fait dans le déballage. D’abord, le témoin a eu le sentiment d’être un simple «exécutant».
Il déclare : «Les Directeurs généraux des sociétés Ahs Sénégal et Ahs Accra étaient des marionnettes. Ils ne prenaient jamais de décisions». M. Deconinck se sent «utilisé». «Vous savez, Monsieur le président, les vrais patrons c’étaient Hq1 et Hq2», a-t-il fait savoir à la Cour.
Une allusion à Ibrahim Aboukhalil Bourgi dit Bibo et Pape Mamadou Pouye qui avaient tous deux des noms de code.
D’ailleurs, selon lui, Pouye lui a été présenté sous un faux nom : Albert Paye. «En ce qui concerne Albert Paye, ici présent, que vous appelez Mamadou Pouye, nous avons à maintes reprises échangé des mails. Il m’a appelé une fois à partir du numéro 77...», explique le témoin.
Pouye : «Albert a toujours été mon surnom»
Le juge Henri Grégoire Diop en a déduit «une volonté inavouée de se cacher derrière des pseudonymes».
«A chaque fois, vous vous présentez sous le nom de Albert, alors que votre vrai nom c’est Pape Mamadou Pouye. Deconinck est le deuxième témoin qui le dit», lui fait remarquer le président de la Crei.
Même si le principal concerné dit être «surpris» d’entendre le témoin affirmer de tels propos.
«Je ne le connais pas par ce nom. C’est récemment que je l’ai appris», conteste le complice présumé de Wade-fils, à la suite d’une confrontation avec le témoin. «Il ne s’agit nullement de dissimulation», réplique M. Pouye.
Le présumé complice de Karim Wade soutient que le pseudo Albert a toujours été un surnom pour lui. «C’était il y a longtemps, quand j’étudiais en France», raconte-t-il.
Il est d’avis que cela entre dans le cadre normal des choses. Toujours est-il que Pape Mamadou Pouye avait des activités qui allaient au-delà de celles d’un simple actionnaire de la société Ahs.
Deconik : «J’ai été blâmé pour avoir cherché à savoir ceux qui se cachaient derrière Hq1 et Hq2»
Le témoin a expliqué comment son nom est apparu dans le fonctionnement de la société Ahs. «J’ai été affecté, le 5 janvier 2003 au Sénégal par le groupe Menzies basé à Londres, comme directeur de projet, chargé de monter la société Ahs au niveau de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar», précise Noël Deconinck., qui se désole du fait qu’il avait reçu une lettre de blâme pour avoir cherché à savoir les personnes qui se cachaient derrière Hq1 et Hq2.
Le témoin a ensuite affirmé que les différents actionnaires de Ahs se retrouvaient hors du territoire sénégalais et loin des regards indiscrets, pour le besoin des réunions.
«Je n’avais aucune idée de la structuration de l’actionnariat de Ahs. Je n’ai jamais vu de statuts», a dit le témoin.
Avant d’ajouter plus tranché : «Je pense que Karim Wade était le seul maître à bord.»