LES ACTEURS DE LA LUTTE APPELLENT À UN COMPORTEMENT SAIN
JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE CANCER

La journée mondiale de lutte contre le cancer a été célébrée hier. Une occasion saisie par les acteurs pour sensibiliser contre la mauvaise alimentation, un des facteurs de risques de la maladie.
Le cancer est un fardeau mondial qui constitue une des premières causes de mortalité dans le monde, avec 8,2 millions de décès par année, dont 4 millions meurent entre 30 et 69 ans. Avec un coût exorbitant de la prise en charge, cette maladie crève le budget des familles, des communautés et de l'Etat. Elle touche le plus souvent la tranche d'âge la plus reproductive de la société (entre 40 et 60 ans). En marge de la journée mondiale célébrée hier, les spécialistes ont demandé un changement de comportements dans l’alimentation.
Le thème de cette année est : "Cancer et mode de vie sain". Dans ce sens, Moussa Mbaye, secrétaire général du ministère de la Santé, a mis l'accent sur la problématique liée aux facteurs de risques comportementaux pouvant conduire à certains cancers. "L'ignorance et les mauvaises habitudes soutenues par les publicités tapageuses, selon lui, portent un mauvais coup à l'adoption de comportements sains par les populations. La prévention demeure donc la stratégie de lutte la plus efficiente, surtout dans nos pays en voie de développement."
Pour lui, cette prévention passe essentiellement par la lutte contre les facteurs de risques principaux que sont l'usage du tabac, l'inactivité physique, la consommation d'alcool, l'alimentation pauvre en fruits et légumes. C’est pourquoi il a annoncé que le Ministère de la Santé et de l'Action sociale va démarrer cette année un programme quadriennal de dépistage du cancer du col de l'utérus, avec la stratégie "dépister et traiter". Ainsi, toutes les femmes présentant des lésions précancéreuses seront immédiatement traitées par la cryothérapie.
Par ailleurs, en raison du caractère particulièrement onéreux de la prise en charge, l'Etat s'est engagé à améliorer l'accès aux anticancéreux qui sont désormais inscrits sur la liste des médicaments essentiels. De plus, une subvention spécifique est en voie d'être mise en place pour en renforcer leur accessibilité.
Dr Binetou Cheikh Seck, diététicienne nutritionniste
"30% des décès du cancer sont liés à des facteurs de risques alimentaires"
Comment éviter le cancer, à travers l’alimentation ?
Pour prévenir le cancer, il faut une alimentation équilibrée. Il faut que l’on sache associer toutes les familles d’aliments dont on a besoin pour le bon fonctionnement du corps, afin d’avoir toutes les vitamines et les sels minéraux qui contribueront à réduire les risques de certaines maladies dont le cancer. Les statistiques scientifiques nous montrent que 30% des décès dus au cancer sont liés à des facteurs de risques alimentaires. Cela veut dire que les cancers qui ont tué ces personnes étaient dus en grande partie à un déséquilibre alimentaire ou à une alimentation qui n’était pas optimale.
Mais est-ce qu’on peut avoir une alimentation équilibrée au Sénégal ?
Nous sommes tous capables d’atteindre cette alimentation équilibrée. Parce que tout ce qu’il nous faut existe au Sénégal, dans le contexte économique et socioculturel. Cela veut dire qu’on doit manger des fruits et des légumes, des protéines, des succulents (tout ce qui est riz, manioc, pomme de terre etc..), des produits laitiers, mais aussi de la matière grasse et de l’eau. Et il faut savoir doser les aliments. C'est-à-dire savoir combien de fois par jour on mange ces aliments. Ne pas en manger trop, et ne pas en manger trop peu. Il se trouve qu’au Sénégal, notre alimentation, ces 25 dernières années, a énormément changé. On mange beaucoup plus gras, plus salé, plus sucré et l’activité physique a diminué. Alors que parmi ce qui augmente le risque de cancer, il y a l’excès de gras, de graisse animale, la mayonnaise, la viande rouge, l’excès de sel également. Donc à chaque repas, au déjeuner comme au dîner, on doit manger une portion de légumes, parce qu’ils diminuent le risque de cancer. On doit aussi manger trois fruits par jour (au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner). Ainsi dans la préparation des aliments, on doit vraiment diminuer l’huile. Dans une sauce, on ne doit pas voir l’huile surnager. On doit compter une cuillère à la soupe d’huile par personne.
Les bouillons sont-ils facteurs de risques du cancer ?
Il faut absolument qu’on élimine dans notre alimentation les bouillons cubes. L’excès de sel constitue un risque de cancer et les bouillons cubes sont composés en plus grande partie de sel. Il y a beaucoup de composants dans les bouillons. Il y a même des marques de bouillons dont on ne connaît pas vraiment la composition. C’est une chose que l’Etat devrait mieux régulier, pour qu’on sache si ce sont des produits qu’on peut consommer sans danger. Dans les bouillons, il est marqué cinq grammes de sel. Alors que normalement dans notre assiette de repas, il ne doit y avoir qu’un seul gramme de sel. Cela donne déjà une idée de la quantité de sel que l’on consomme. Dans nos plats, non seulement il y a le sel, les bouillons, mais aussi le poisson séché, et d’autres ingrédients salés. Ensuite, faire de l’eau notre boisson principale. Parce que l’excès de sucre dans notre société, notamment sous forme de jus de fruits locaux, contribue énormément au surpoids. Alors que 35% des Sénégalais qui sont en surpoids sont soumis à un facteur de risque de cancer tel que celui du sein qui est extrêmement prévalent.