LA PRESSE EN LIGNE FAIT APPEL À L’ÉTAT

L’Appel continue de discuter pour mettre en place une Charte de la presse en ligne afin de créer une presse électronique qui est à la fois professionnelle, éthique, et reconnue par le gouvernement sénégalais.

«La presse en ligne est devenue incontournable, elle occupe une place de choix dans les stratégies politiques», soutient Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel) lors d’un atelier régional sur la régulation et le modèle économique. Cette rencontre est une restitution de la Charte sur les médias en ligne proposée lors de la dernière rencontre de l’Appel tenue en novembre 2014.

Avec l’augmentation des facilités d’accès à internet au Sénégal, plusieurs Sénégalais trouvent leur information sur des sites web qui seraient même plus populaires que la presse écrite. Lissa Faye soutient que «cet avenir des medias doit porter sur des informations crédibles et réelles pour assumer cette responsabilité».

Il faut savoir que ce boom est à l’origine de nombreux abus dans la mesure «où des personnes peuvent facilement publier des articles, sans être des journalistes professionnels, ou en faisant du plagiat. Cela met en crise la profession et la qualité de l’information publiée sur ces sites», poursuit-il. De plus, les «sections commentaires», communément appelés Forums, permettent aux lecteurs de publier des réactions jugées «diffamatoires».

Ces abus nécessitent une régulation pour mettre de l’ordre dans les sites d’informations. «Sur la régulation, nous avons trouvé deux grandes sections qui nécessitent du travail, le droit de réponse et la modération des commentaires sur les articles», explique Sambou Biagui, administrateur de Dernierminute.sn. «Le plus grand point c’est la régularisation même si socialement on veut être reconnu par l’Etat et comme des sites d’information professionnels et crédibles», explique Coumba Bâ, rédactrice en chef de Ferloo.com.

Les promoteurs de la presse en ligne vont continuer à réfléchir pour établir une Charte de la régulation acceptée par le gouvernement sénégalais qui établira les règles éthiques et les pratiques des sites d’information sénégalais.

Au-delà de la régulation, les journaux en ligne sont obligés de mettre en place un modèle économique viable dans la mesure où l’accès aux articles est encore gratuit. Selon la rédactrice en chef de Ferloo.com, qui a été créé en 2008, la publicité constitue jusqu’ici l’unique bouée de sauvetage de ces médias.

Mais les patrons des journaux en ligne pensent que leur avenir dépend de la régulation qui pourra rendre crédible leur support avant d’attirer des annonceurs. En attendant, les propriétaires des journaux en ligne se concentreront sur des initiatives économiques pour inciter les médias en ligne récalcitrants à rejoindre la mouvance actuelle qui vise à régenter la toile.

«Si la charte proposée a des bénéfices économiques pour les sites d’informations, davantage de sites vont se joindre à nous et vont donc suivre les directives proposées en créant une presse électronique structurée et professionnelle», poursuit M. Biagui.