ÉMERGENCE ECONOMIQUE DE FATICK
UN REVE UTOPIQUE A CAUSE DE L’EROSION ÉOLIENNE ET LA SALINISATION

Souffrant d’un manque terrible d’infrastructures comme le sont du reste la plupart des ré- gions de l’intérieur, Fatick garde la particularité d’être une zone confrontée à des contraintes environnementales très sérieuses.
Ayant pour noms érosion éolienne et salinisation, elles annihilent toutes initiatives des populations pour sortir la tête de l’eau et les replongent à des niveaux plus profonds de pauvreté et de dénuement.
De véritables poisons pour les sols, elles détruisent systématiquement les champs où elles ne laissent pousser que les herbes les plus sauvages. Une particularité qui fait de l’émergence à Fatick, un rêve utopique et l’autosuffisance en riz un besoin hors de portée des femmes malgré la frénésie et la bravoure avec lesquelles elles se tuent à la tâche dans les rizières.
Récolter devient l’exception et la perte de productions et de terres demeure l’implacable règle. Le service des eaux et forêts estime la proportion de terres touchées par l’érosion et la salinisation à 33% à Fatick, soit le 1/3 des terres qui sont détruites par ces deux poisons.
Une difficulté dont tout le monde peut parler à satiété, parce que chacun ayant sa petite douloureuse expérience. C’est le cas à Sangaï, un village d’un millier d’âme situé dans la communauté rurale de Niakhar.
Le présentant comme le plus gros village de la communauté rurale après Niakhar, son chef de village, Mamadou Faye de confier : «si le village est à ce niveau de pauvreté aujourd’hui, c’est essentiellement à cause de ces deux fléaux que sont l’érosion éolienne et la salinisation.
Malgré leur bravoure, les populations sont sérieusement handicapées par ces deux problèmes». Les vastes étendues de champs détruites lui servent d’exemples pour illustrer ses propos. «Des habitants qui gagnaient jusqu’à 500 000 francs dans le maraichage ont tout perdu de leurs productions à cause de la salinisation et l’érosion», regrette-t-il.
Abondant dans le même sens que son chef de village, Rama Ngom, Présidente du groupement des femmes de Sangaï de renchérir : «le sel détruit tout sur son passage. Il n’y a pas longtemps, tout le riz consommé par le village était cultivé ici même, mais maintenant, le plus petit sac est acheté, parce que le sel a détruit les rizières où ne poussent que le type de plante le plus sauvage qui peut supporter le sel».
Ce qui fait dire à sa voisine Khady Diouf, «l’érosion et la destruction des terres appauvrit davantage les populations et tue à petit feu Fatick». De Ndiongolor à Ndangane en passant par Fimela, et Diofior, le constat et les réactions sont les mêmes partout au niveau des villages visités.
Le Sel détruit tout sur son passage et récolter relève du miracle. Une contrainte qui est une sé- rieuse préoccupation à Fatick et qui la relègue aujourd’hui à des années lumières de l’autosuffisance en riz visée en 2017 et de l’émergence espérée en 2035.