BENCHAMARKING AU MAROC

Disons tout de go : le secteur privé marocain (banque, assurances, immobilier), n’a pas bonne presse au Sénégal. Des franges importantes du Patronat pensent que les Marocains sont venus leur prendre le pain de la bouche et crient au scandale. Il n’y a qu’à se remémorer la campagne de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances, (voir REUSSIR juillet 2014) pour en avoir le cœur net.
Sans compter la levée de boucliers des architectes et promoteurs immobiliers après l’attribution des projets de Diamniadio et de la Cité de l’Emergence aux marocains Alliances et Addoha… C’est dire que ce dossier de REUSSIR sur les business marocains au Sénégal peut ne pas plaire…
Pourtant, nous avons décidé de réaliser ce grand reportage au Maroc pour la bonne et simple raison que nous pensons, sincèrement, que les invectives, procès d’intentions et amalgames ne règlent pas le problème. Nous avons réagi en journaliste. En descendant sur le terrain, pendant une dizaine de jours, tâter le pouls du pays, constater les réalisations, discuter avec les élites et populations de base, puis revenir partager avec vous le résultat de notre collecte.
En effet, le Maroc est un grand pays. Non pas par ses dimensions géographiques mais surtout par la vision stratégique du Roi qui impulse clairement la politique de développement. Mohamed VI, un roi-entrepreneur, fixe lui-même le cap et suit, à la trace, les réalisations. Il a aidé à bâtir des "champions nationaux" dans la Banque, l’Immobilier, les Télécoms, etc. Des métiers dont le Maroc a acquis une certaine expertise, de rang international, et qu’il veut aujourd‘hui exporter sur le reste du continent. Une stratégie d’expansion, mûrement réfléchie et en train d ‘être mise en œuvre méthodiquement. Avec des résultats tangibles…
Pendant une quinzaine d’années, le Maroc a réalisé une croissance économique moyenne de 5% et doublé son PIB/ habitant, soit une belle répartition des fruits de cette croissance. Un exemple sur l’immobilier avec une panoplie d’incitations fiscales, sur le foncier et le financier. Ainsi, le pays arrive à produire quelque 150 000 logements par an. Là où, entre 2000 et 2010, le Sénégal n’a pu fournir que 9 500 logements neufs, sur un déficit de 125 000 logements…
Premier partenaire économique et premier destinataire de ses investissements en Afrique de l’ouest, le Sénégal est un pays ami du Maroc. Une relation historique qui transcende le temps et l’espace, qui a dépassé le champ politique, pour être vécue, au quotidien, dans l’intimité des familles et le souffle apaisant des zawiya tidjanes. Aujourd’hui, le business a pris le relais avec un contrôle marocain hégémonique sur le secteur bancaire avec les enseignes CBAO et Crédit du Sénégal du groupe Attijariwafa Bank, BOA (BMCE) et Banque Atlantique (Banque Centrale Populaire).
Pour dire que le Sénégal a beaucoup à apprendre de ce pays frère. Qui a déjà réalisé une grande partie des travaux préliminaire sur la voie de l’émergence, une politique d’accès à l’éducation, la santé, l’eau, l’énergie… D’ailleurs, nos amis du Plan Sénégal Emergent devraient y faire un tour afin de comprendre les ressorts, moteurs et leviers qui ont permis de réaliser ces formidables résultats.
En attendant, ils peuvent se jeter à fond sur ce dossier de REUSSIR pour un exercice de benchmarking. Idem pour nos amis du Patronat qui peuvent en profiter pour demander à l’Etat et au Président de prendre exemple sur le Maroc et son Roi pour mener ensemble les batailles pour le développement du Sénégal.