DEMOCRATIE INTERNE OU MANQUE DE CONFIANCE ?
CONTROVERSE AU SEIN DE L’APR, SUR LA REDUCTION DU MANDAT

La controverse touchant de l’Alliance pour la République (Apr), relativement à la volonté du chef de l’Etat, Macky Sall, de réduire son mandat de 7 à 5 ans, est diversement appréciée par les observateurs de la scène politique. Si certains, à l’image de Ndiaga Sylla, analyste politique, estiment que cette polémique interne est le résultat des doutes de certains lieutenants de Macky Sall sur leur capacité à conserver le pouvoir, d’autres par contre, comme Moustapha Samb, professeur au Cesti, pensent que c’est l’expression d’une démocratie interne, d’autant plus que le chef de l’Etat n’est pas du genre à donner des directives pour dire «ne parlez pas».
Les diverses prises de positions au sein de l’Alliance pour la République (Apr) sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, engagement promis et réitéré à multiples reprises par le chef de l’Etat, Macky Sall, suscitent moult questionnements. Si certains observateurs de la scène politique y voient une balle de sonde lancée par le pouvoir pour jauger la portée d’un possible «Wax waxeet», d’autres par ailleurs estiment que c’est l’expression d’un manque de confiance de la part des lieutenants du chef de l’Etat.
Ndiaga Sylla, analyste politique, joint au téléphone par la rédaction, dira ainsi : «je pense qu’au vu de l’enjeu et de la complexité de la question, ces réactions dénotent simplement un manque de confiance en soi qui a suscité des appréhensions sur leur capacité à conserver le pouvoir». Pour lui, les «caciques du régime laissent croire qu’ils ne sont plus sûrs de garantir un autre mandat au président Macky Sall».
«C’est du à un manque de confiance en soi», trouve-t-il. Par ailleurs, réagissant sur les arguments avancés par certains membres de l’Apr, disant que la question de la réduction du mandat de Macky n’a pas été discutée à l’interne, M. Sylla estime que «cette question dépasse même le cadre interne du parti. Parce que l’engagement a été pris par le président devant le peuple entre les deux tours de l’élection présidentielle». Pour lui, la question ne peut pas être réglée en posant un débat interne au sein de l’Apr, mais plutôt en donnant l’occasion au peuple sénégalais d’en décider. Ainsi, trouve-t-il que la polémique existant au sein de la formation politique n’est nullement l’expression de la vitalité de la démocratie interne au sein du parti, encore moins le fruit du manque de structuration du parti, mais plutôt un manque de confiance.
De son coté, Moustapha Samb, professeur au Cesti estime que cette polémique suscitée par la réduction du mandat de Macky au sein de sa formation politique n’est pas à l’origine causée par le manque de structuration. Cependant, le docteur en communication informe que le chef de l’Etat est du genre à ne pas donner de directives et à laisser faire. Pour M. Samb «celui qui connait bien Macky, sait qu’il est le genre de personne qui ne dit rien à personne. Macky est un spectateur. Il n’a pas le même style que Wade». A son avis, si c’était l’ancien chef de l’Etat, il aurait clos le débat si ça ne lui plait pas. Et de poursuivre, «j’ignore si c’est une démocratie interne ou la liberté, mais en tout cas Macky est un personnage complexe».
Toutefois, Moustapha Samb a tenu à préciser que l’Apr n’est pas assimilable à une armée mexicaine. A son avis, «s’il y a des pressions, comme quoi Macky doit arrêter ses troupes, il va les arrêter». Mieux, selon lui, «si tu fais ce qui l’offusque peut être, si tu es son ami, il va te le dire». Pour autant, M. Samb a estimé «qu’il a donné sa position et je sais qu’il veut la respecter, bien vrai que si c’était à refaire, il allait y réfléchir à deux fois avant de se prononcer».