AUDIOABDOU FALL : MACKY EST PRIS ENTRE TROIS FEUX
Après Senghor, Diouf et Wade, c'est au tour de Macky Sall. Dans la quatrième et dernière partie de l’entretien qu’il a accordé à SenePlus, l’ancien ministre d'Etat Abdou Fall évoque les premiers pas au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat. L’ex-responsable du Pds estime que son ancien camarade de parti est pris dans un corset à trois fils : une demande sociale pressante, des alliés omniprésents et une atmosphère sous-régionale tendue.
Macky Sall est mal tombé. Elu le 25 mars 2012 avec 65% des suffrages, le successeur d’Abdoulaye Wade a pris fonction dans un contexte difficile. Celui-ci est marqué par ‘’des contraintes diverses’’, de l’avis d’Abdou Fall, ex-responsable du Pds. Il y a d’abord ‘’la demande sociale très forte (avec) une demande sociétale nouvelle et pressante’’. Ensuite, poursuit l’ancien ministre de la Santé, le chef de l’Etat, élu par la coalition Benno bokk Yakaar (Bby), n’a aucune prise sur ses alliés. Macky Sall étant comme obligé de ‘’distribuer des responsabilités aux alliés, notamment au niveau de l’Assemblée nationale’’, levier important pour l’application de la politique du président de la République. La troisième contrainte est liée à ‘’l’environnement sous-régional très difficile’’ : crises au Mali et en Guinée… Sans compter ‘’la restructuration de l’économie (mondiale)’’, qui rend la ‘’gouvernance difficile’’.
S’il intègre ces ‘’contraintes’’ dans son analyse de la situation du pays sous l’actuel régime, Abdou Fall indique qu’elles ne justifient pas le retard qu’il a constaté dans la mise en œuvre des réformes pertinentes. ‘’La meilleure manière de surmonter ces contraintes, c’était d’ouvrir les chantiers des réformes, estime le coordonnateur ‘’Alternative citoyenne’’, qui fut porte-parole du Pds avant de quitter cette formation politique. C’est par l’ouverture des chantiers qu’il fallait commencer avant toute chose. On ne peut pas régler les problèmes du pays, si on n’ouvre pas les chantiers des réformes institutionnelles.’’
Abdou Fall comprend d’autant moins le retard dans le lancement des réformes qu’aucun obstacle ne se dressait contre. Maintenant que le chantier est ouvert, avec Amadou Makhtar Mbow comme président de la commission installée à cet effet, l’ancien ministre de la Santé applaudit. Cependant, il estime que les réformes envisagées ne doivent pas être un prétexte pour un report les élections locales de 2014, comme suggéré par certains acteurs de la vie politique nationale.
Traque aux biens supposés mal acquis : gare à l’effet boomerang
S’il se dit favorable à la traque aux biens supposés mal acquis, Abdou Fall n’en dénonce pas moins la médiatisation de la procédure. Il dit craindre un effet boomerang pour le pouvoir : ‘’On a trop politisé cette question, dénonce-t-il. Ils ont trop focalisé les citoyens sur cette question et c’est ça qui est en train de se retourner contre eux.’’ Parce que, affirme Abdou Fall, le citoyen en est arrivé à la conclusion que ‘’c’est avec cet argent qu’on va régler leurs problèmes’’. Ce qui, indique-t-il, est inexact.
A propos des mandats du chef de l’Etat et du président de l’Assemblée nationale, Abdou Fall estime que débat est mal posé. A son avis, ‘’ce n’est pas la durée des mandats qui est importante, mais un rééquilibrage entre l’exécutif, le législatif et le judicaire’’.