Procureur général Mbacké Fal : "Si Habré avait la nationalité sénégalaise, il serait poursuivi"

En votant la loi qui donne le droit aux Sénégalaises de conférer leur nationalité à leurs époux et enfants issus de cette union, le législateur ne savait que cela pourrait se retourner contre lui. Le projet de loi n°03/2013, portant modification de la loi n° 61-10 du 07 mars 1961 déterminant la nationalité a été adopté vendredi, à l’unanimité par les parlementaires.
«C’est historique (…). Nous avons tout encadré. S’il y a un divorce pendant ces cinq ans, le mari ne pourra pas acquérir la nationalité sénégalaise. Ce n’est qu’après cinq années de vie commune que cela devient un droit», avait expliqué le ministre de la Justice et garde des Sceaux Aminata Touré en marge du vote de la loi.
Depuis la chute de son régime intervenue en 1990 à la suite d’un coup d’Etat, l’ex-Président tchadien Hissène Habré vit à Dakar où il a épousé une Sénégalaise en secondes noces. Une situation qui pourrait lui conférer la nationalité puisqu’il est encore dans les liens du mariage avec sa femme sénégalaise.
«Est-ce que la loi a été promulguée ?», s’est d’abord interrogé le Procureur général Mbacké Fall, visiblement gêné à l’évocation de cette question. «Même s’il avait la nationalité sénégalaise, il sera poursuivi pour les crimes qu’il a commis. Et cela, quelle que soit sa nationalité. Même s’il venait à l’acquérir, les faits pour lesquels il est poursuivi sont antérieurs à son statut. C’est dire donc que rien ne va entraver l’action judiciaire», convainc-t-il.