«J’AI ÉTÉ TÉMOIN DU MEURTRE DE FODÉ NDIAYE À COLOBANE, JE SUIS TRAUMATISÉE»
ARAME SOW A LA BARRE

Attraite devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour tentative d’escroquerie portant sur 10 mille FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye, la tombeuse des jeunes de Colobane condamnés à 20 de travaux forcés, Arame Sow a persisté sur ses dénégations. Toutefois, elle soutient que depuis le meurtre du policier, Fodé Ndiaye, elle est traumatisée. Pis, elle est victime de menaces de mort de la part des populations de Fass-Colobane
Son procès a été renvoyé, ce mardi, pour la régulation du procès verbal. Car, en détention pré- ventive depuis plus d’une semaine à la Maison d’arrêt des Femmes (Maf) de Liberté 6, Arame Sow a été appréhendée sous le nom Ndèye Sokhna Diouf pour tentative d’escroquerie portant sur la modique somme de 10000 FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye.
Emmitouflée dans un grand boubou mauve, le foulard de tête bien noué, des cicatrices visibles sur son petit minois, de teint marron, la tombeuse des jeunes de Colobane emprisonnés à 20 ans de travaux forcés, a comparu, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, en boitillant. Elle souffre d’une blessure au niveau de la jambe gauche.
N’empêche, elle s’est défendue devant le prétoire. Célibataire et mère d’un enfant, Arame Sow a contesté les faits pour lesquels elle est poursuivie. «Je me nomme Arame Sow. Je suis allée à la boutique qui se trouve au Rond point de Yoff pour acheter du jus. J’ai donné 10000 FCfa au boutiquier et il a refusé de me rendre ma monnaie. C’est, moi-même qui lui a suggéré qu’on aille à la police pour régler ce problème», narre la prévenue.
Sur le nom de Ndèye Sokhna Diouf mentionné dans le procès verbal d’enquête préliminaire, elle révèle : «C’est mon ex-copain, Ibrahima Sène qui m’a entendue à la gendarmerie. Mais, il ne m’a pas demandé de décliner mon identité. C’est ma mère qui s’appelle Ndèye Sokhna Diouf».
A la question du Substitut de procureur de savoir, si elle était coutumière des faits, Arame Sow avance que ce sont des accusations gratuites. «Dans l’affaire du policier Fodé Ndiaye, j’ai été le témoin. Une telle chose ne m’était jamais arrivée. Je suis traumatisée. A Fass-Colobane, j’ai reçu des menaces de mort après mon té- moignage devant la Cour d’assises. C’est pourquoi, j’ai déménagé à Yoff», fait-elle savoir.
Intervenu pour assurer la dé- fense de sa cliente, Me Issa Diop a rappelé que l’escroquerie suppose des manœuvres frauduleuses. A l’en croire, on n’a pas d’éléments objectifs pour condamner cette dame. De plus, le conseil indique que le problème devait se régler à l’amiable. «Elle a été traumatisée puisqu’elle a témoin d’un meurtre.
Pis, elle est menacée de mort. Comment la Cour d’assises peut condamner juste par témoignage alors qu’elle a un procès verbal. Si cela continue, la Cour d’assises va se retrouver un jour avec zéro té- moin. Cela doit cesser. Ma cliente a le droit d’aller témoigner.
Aux Etats-Unis, on l’aurait protégé ou l’emmenée dans un autre Etat », laisse entendre, Me Issa Diop. Non sans lancer des piques aux avocats de l’un des meurtriers du policier à savoir, Cheikh Sidaty Mané qui s’est constitué partie civile dans cette affaire. «Je ne comprends pas pourquoi, on vient greffer un autre dossier qui n’a rien à voir dans la cause.
Au Sénégal, on n’entre pas dans une boutique et décliner son identité. Donc, l’histoire de faux nom n’intéresse pas ce dossier». Le parquet s’est rapporté à la sagesse du tribunal. La décision est attendue au 30 avril prochain. Par ailleurs, les avocats de Cheikh Sidaty Mané ont brillé par leur absence.
Me Mbaye Jacques Ndiaye et Cie ont déjà interjeté appel contre le verdict de la Cour d’assises. Et lorsqu’ils ont appris l’arrestation d’Arame Sow sous le nom de Ndèye Sokhna Diouf, ils se sont constitués partie civile. «C’est de l’escroquerie.
Elle a été témoin dans le procès des jeunes de Colobane. C’est sous un faux nom et sur la base de son témoignage clé que nos clients ont pris 20 ans de travaux forcés. Nous sollicitons la vérification de la vraie identité de la prévenue car il y a une différence sur les noms, les dates de naissance et les noms des parents», avaient fait savoir les conseils de Cheikh Sidaty Mané.