DES CENTRES D'ACCUEIL POUR CONVAINCRE LES MIGRANTS DE NE PAS TENTER DE GAGNER L'EUROPE
Yaoundé, 15 mai 2015 (AFP) - Plusieurs centres d'accueil vont ouvrir au Niger, étape importante pour les Africains qui tentent de gagner l'Europe, afin de les dissuader de poursuivre leur projet en leur proposant des alternatives économiques sur place, a annoncé vendredi à Niamey le ministre français de l'Intérieur.
"Les centres que l'Union européenne se propose de mettre en place dans le cadre d'une démarche conjointe avec le Niger doivent être l'occasion de porter des politiques ambitieuses de développement pour les migrants et pour les États", a expliqué Bernard Cazeneuve à la presse après s'être entretenu avec le président nigérien Mahamadou Issoufou.
La Commission européenne a dévoilé mercredi un plan d'action pour l'immigration et l'asile, prévoyant notamment l'ouverture d'ici la fin de l'année d'une structure d'accueil pilote au Niger, où les migrants se feraient une "image réaliste" de leurs chances de succès, et où "des options pour l'aide au retour" leur seraient offertes.
Ce centre devrait ouvrir à Agadez, la capitale du nord du pays, grande zone de transit des migrants à destination de la Libye, alors que d'autres pourraient suivre à Arlit (nord) et Diffa (sud-est), explique-t-on dans l'entourage du ministre.
Ni la nature de ces programmes, ni leur ampleur, ni la question-clé du financement ne sont toutefois tranchées. Des fonds européens pourraient être mobilisés, de même source.
Le président Issoufou s'est félicité de cette annonce, en soulignant qu'il fallait "attaquer le mal à la racine" et que "la solution de fond, c'est le développement". "Ces problèmes de grandes migrations ressemblent beaucoup à ceux de l'exode rural.
Les gens quittent les campagnes pour les villes poussés par la pauvreté, de la même façon les gens quittent les pays pauvres pour aller vers les pays riches, tout simplement parce que leur situation est intenable", a-t-il souligné.
Le Niger est un Etat-clé sur la route migratoire vers l'Europe, qui voit transiter plus de 60% des candidats ouest-africains à l'exil qui cherchent à gagner l'Italie via la Libye.
A Yaoundé où il a poursuivi sa visite vendredi, Bernard Cazeneuve a rencontré des personnes soutenues par par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) depuis leur retour au Cameroun, dans ce qui pourrait être une piste pour l'aide souhaitée aux candidats à l'émigration.
Depuis leur retour de France, l'une exploite 11 hectares de terrain où poussent banane ou ananas, quand un autre s'est lancé dans une activité de quincaillerie et de ciment, tous deux appuyés par l'Ofii.
Cinquante-cinq projets ont ainsi été aidés par l'organisme depuis son installation à Yaoundé en 2012, avec un taux de réussite de 65 à 70%, se félicite Fabrice Basile, le directeur régional de l'Ofii, qui dispose également de représentations au Sénégal, au Mali, en Roumanie ou encore en Arménie.
Il faut "faire en sorte que ceux qui relèvent de la protection, de l'asile, puissent être protégés, et que ceux qui relèvent de l'immigration économique puissent rester dans leur pays pour y développer des projets", a martelé Bernard Cazeneuve.
Confrontée à une pression migratoire croissante et favorisant le trafic d'être humains, l'UE cherche à convaincre les migrants potentiels de ne pas tenter la traversée, toujours plus meurtrière: 1.800 personnes ont péri en Méditerranée dans des naufrages depuis le début de l'année.
De nombreux autres périssent régulièrement dans la traversée du Sahel. La hausse des demandeurs d'asile fait grincer les dents dans plusieurs pays d'Europe.
La Commission souhaiterait imposer une répartition plus égalitaire aux États-membres, quand certains renâclent à l'idée de quotas obligatoires. Avec la lutte contre le terrorisme, l'immigration irrégulière à été l'un des axes principaux de la réunion des ministres de l'Intérieur du G5-Sahel - une structure régionale qui comprend cinq membres :
Mali, Mauritanie, Niger, Burkina-Faso et Tchad -, qui s'est tenue jeudi à Niamey. Ces cinq pays se sont engagés à prendre des mesures "en amont" pour empêcher les migrants d'arriver sur les côtes européennes, et à améliorer leur coopération et l'échange d'information de leurs services.