MÉDIATION ET RUPTURE

Les médiateurs sociaux avaient nourri l'espoir d'un dénouement de la crise scolaire, vendredi dernier. Une rencontre avait eu lieu avec quelques acteurs du Grand cadre des syndicats de l'enseignement. Les médiateurs ont dû ronger leur frein, gardant l'espoir qu'un accord se ferait prochainement. Un espoir ténu auquel ils s'accrochent, compte tenu du positionnement de certains syndicalistes qui attisent les braises, faisant fi de toutes propositions autres que la satisfaction de leurs revendications.
Un dialogue de sourds, dont les conséquences sont d'ores et déjà connues : la médiocrité va davantage s'installer à l'école. Le niveau des apprenants baissera de plus en plus, parce que les acquisitions ne répondront plus aux normes pédagogiques. Le constat qui a été fait, depuis des années que s'est engagé le bras de fer entre les enseignants et le gouvernement, est certes affligeant.
Mais l'exercice semble émoustiller les syndicalistes qui donnent l'impression d'avoir oublié leur sacerdoce consistant à formater le citoyen de demain. Mais enfin, l'heure n'est plus à la morale. Il s'agit de définir un canevas, un modus vivendi pour éviter de vivre les affres d'une année perturbée. Non pas dans la démarche d'une immolation comme celle qu'avaient subie les policiers en 1987, mais plutôt une approche qui s'inscrirait dans l'engagement des médecins (serment d'Hippocrate) et des militaires. Sauvegarder l'école vaut bien de telles dispositions.
"Il n'y aura pas d'année blanche", claironne le gouvernement. En voilà une promesse qui peut être tenue, mais quel sera son coût ? Le niveau de l'école qui ne cesse de baisser est le meilleur indicateur à retenir à ce niveau. Les parents font part de leur affliction en regardant les exercices au quotidien de leurs enfants qui sont dans les écoles publiques. Ils s'arrachent les cheveux en constatant le niveau des maîtres, qui n'est guère éloigné de celui des élèves.
A la vérité, les syndicalistes devraient avoir un seul chantier : celui de l'excellence à l'école. L'urgence, c'est peut-être de répondre à leur quête d'un mieux-être en augmentant l'indemnité de logement, mais à la vérité, la réelle et grande urgence est de gommer la médiocrité qui, comme une gangue, putréfiée, pèse sur l'avenir de toute une nation.
Les tenants du pouvoir qui chantonnent la rupture doivent résolument s'inscrire dans une dimension telle que l'école ne sera plus prise en charge. Et ceci exige des solutions qui ne soient plus ponctuelles, mais une relecture de la charte de l'Education qui s'imposera comme un corset. Si l'engagement individuel de chaque enseignant est sollicité, nul doute qu'une autre école renaîtra.
C'est cette volonté affirmée qui doit guider la marche de la nation Sénégal, où l'on aime gloser en oubliant d'aller à l'essentiel. Les visites du président de la République sont chahutées par des esprits partisans qui adorent divertir le peuple. La dynamique positive qui encadre ses visites n'est plus à démontrer, car c'est un souffle économique et financier qui plane sur les villes, les villages et les hameaux traversés et qui accompagne le chef de l'État. Du vendeur de cacahuète à l'aubergiste ou l'hôtelier qui ne savait plus ce qu'était un taux de 100% dans son réceptif, il n'y a que du bonheur à prendre.