DEBOUT LES GARS

On savait que cela serait difficile. Cette équipe nationale du Sénégal qui s'engageait pour son premier Mondial junior devant le Portugal, avait la fragilité du néophyte et cela pardonne rarement. De posséder le ballon du coup d'envoi n'a rien arrangé. Une vingtaine de secondes plus tard, les on le perdait pour encaisser le premier but. Ce n'est pas le plus rapide de l'histoire de cette Coupe du monde, ni le plus beau. Mais on l'a bien encaissé. Pressés, acculés, les "Lionceaux" ont cafouillé pour donner le ballon de leur mise à mort.
Les Portugais eux ne se sont pas trompés sur les données de ce match. Ils l'ont attaqué en prenant les Sénégalais à la gorge, pour assurer la différence. Ils ont certes subi par la suite, mais n'ont pas lâché prise et ont fini par un 3-0 sec. Une leçon en sort : l'histoire ne sert pas toujours les mêmes plats.
Ce 31 mai de Portugal-Sénégal faisait un bel anniversaire pour France-Sénégal (0-1) de 2002. Le match s'est terminé au moment où finissait la prière du matin, mais les ombres qui se faufilaient dans les rues n'avaient pas le chant joyeux d'il y a treize ans.
On maugrée d'avoir une équipe qui a du mal à apprendre du passé et à grandir. La défaite d'hier rappelle, par son scénario brutal, la débâcle subie face au Nigéria en Championnat d'Afrique (3-1). Le premier match, un but qui vient trop tôt, une équipe qui refuse l'affront et tout finit par l'humiliation. On devrait connaît les défauts de l'impatience, de vouloir continuer à attaquer alors que les circonstances imposent la prudence, le retour à la sérénité, le contrôle de soi avant de se lancer sur les barricades.
Les "Lions" ont bien tenu le match contre le Portugal. Mais posséder le ballon, installer dans un jeu alerte, mettre les Portugais en difficulté n'a pas trop de signification quand le gardien adverse regarde tout cela de loin. C'était une domination platonique, sur un terrain qui paraissait trop grand tant les lignes étaient distendues, avec deux équipes qui étaient constamment au bord de la rupture.
Koto a raison, le score n'a pas reflété la physionomie du match (voir page 5). Mais un tableau d'affichage trahit rarement la réalité. S'il y a eu égalité dans ce match, c'est dans les intentions. Les "Lionceaux" n'ont pas été ridicules, n'ont pas triché ou fuit le match. Ils se sont lancés dans la recherche de l'égalisation avec foi, mais ce n'était pas toujours dans l'application qui permet de trouver le chemin du bonheur. Ils en voulaient, ils l'ont démontré. Ils n'ont cependant pas toujours su asseoir un jeu de déstabilisation à même de bouleverser l'arrière-garde portugaise. On y allait à fond l'accélérateur, sans trop réfléchir et chercher les faiblesses de cette équipe. Savoir si c'était sur les côtés ou dans la charnière centrale.
Les 3-0 sont lourds. Ce n'est pas le tarif qui colle à l'Afrique dans cette compétition. Dans les Coupes du monde de la Fifa, plus l'âge baisse mieux les sélections africaines affichent une identité de conquête. Jusqu'à 20 ans, avant que l'encadrement professionnel ne fasse la différence, les enfants du monde entier ont les mêmes facilités de tenue du ballon et d'expression du jeu. Le processus d'apprentissage, de maturation et d'intelligence dans les actions n'est pas encore parfaitement assis pour autant faire la différence. Mais il fallait la lucidité pour une lecture positive des débats.
Les "Lionceaux" ont le désavantage d'une préparation inadéquate. Leur apprentissage de la haute compétition s'est fait de manière douloureuse et un 3-0 vous laisse le moral dans les chaussettes. Il faut cependant les relever. Regarder droit devant, plonger les yeux dans ceux des Colombiens pour le deuxième match et chercher le résultat à fructifier face aux Qataris pour le dernier match. Et surtout continuer d'avoir son destin en mains.
Tout cela est possible. Il y a du talent dans cette équipe nationale. Il s'agit de l'équilibrer et de la faire jouer juste. Dans ce qu'elle a montré face au Portugal, il est possible de construire un ensemble plus efficace dans la conquête et dans le résultat.