WEEK-END DE GALERE POUR LES POPULATIONS QUI SE DECHAINENT CONTRE MACKY ET SON GOUVERNEMENT
DAKAR ET UNE BONNE PARTIE DU PAYS SANS EAU NI ELECTRICITE

Quasiment 48 heures sans eau et sans électricité ou presque. Voilà le calvaire vécu par les populations dakaroises et une bonne partie du pays durant ce week-end. Ce qui a suscité le courroux des Dakarois qui se sont déchaînés sur les autorités.
Plongées dans des soucis d’alimentation en eau durant toute la semaine à cause d’un problème technique sur les installations de la Sénégalaise des eaux (Sde) au niveau de Pout (région de Thiès), les populations ont bu le calice jusqu’à la lie au cours du week-end. En effet, le liquide précieux n’a pas coulé, ou presque, durant toute la journée du samedi et du dimanche du robinet dans bien des quartiers de Dakar et de sa banlieue et même dans beaucoup de localités de l’intérieur du pays. Une situation qui découle des travaux d’entretiens sur le réseau de la Société nationale d’électricité (Senelec) au niveau de Sakal (axe Louga/Saint-Louis) et qui a plongé les populations dans le désarroi.
Mais les populations n’ont pas souffert du manque d’eau durant ce week-end. Leur galère a été décuplée par une panne d’électricité qui a plongé Dakar dans le noir dès la soirée du vendredi. Une très bonne partie de la capitale et sa banlieue se sont ainsi retrouvées sans électricité jusque tard dans la soirée du samedi et même dans la journée du dimanche. Les quelques rares moments où le courant était disponible, c’était pas intermittence. Côté explications, si la Sde se décharge sur la Senelec, celle-là se contente de dire que la panne qui a occasionné les problèmes depuis vendredi soir est indépendante de sa volonté. Mais que le nécessaire a été fait pour un retour à la normale.
Mais cette concomitance de l’interruption du service public de l’eau et de l’électricité a suscité la colère chez les populations qui ont galéré comme jamais, face à la chaleur et au manque d’eau. Et les réactions de désapprobation n’ont pas manqué, au même titre que les critiques contre les autorités du gouvernement. Habitant l’unité 18 des Parcelles assainies, Boubacar Diatta se demande ainsi «comment dans un pays où le Président et son gouvernement tympanisent les gens à longueur de journée avec un Plan Sénégal émergent, on en arrive à être privé d’eau et d’électricité au même moment pendant 48 heures. Il n’y a qu'au Sénégal qu’on voit ça. Car dans un pays qui veut émerger, si cela se produit, tous les responsables des sociétés et des départements ministériels en charge de ces secteurs sont sanctionnés et relevés de leur poste».
La concomitance des coupures d’eau et d’électricité accentue la colère
De son côté, Elisabeth Faye, une habitante de Scat Urbam, à Grand-Yoff, juge «inacceptable ce qui se passe dans ce pays. Pour moins que ça, les gens sont descendus dans la rue». «Alors, si Macky Sall ne veut pas que le peuple abrège son règne et s’il veut avoir une nouvelle chance en 2017, il devra veiller à ce que le peuple ne revive plus jamais pareille galère. Parce qu’on a déjà vécu ça l’an dernier stoïquement avec le tuyau de Keur Momar Sarr. Et là, le gouvernement remet ça en laissant la Sde et la Senelec, dont les factures sont pourtant plus salées tous les jours, se jouer de nous. A toute chose, il y a une limite et Macky et ses hommes qui sont si arrogants ne devraient pas perdre de vue que le vrai pouvoir, c’est le peuple qui l’a. Si ça continue, on prendra nos responsabilités, comme on l’a fait avec Wade le 23 juin 2011 et le 27 juin 2011 avec les émeutes de l’électricité. Parce qu’on n'est pas des moutons qui acceptent tout, sans broncher», avertit-elle.
La menace, Moussa Gaye, qui habite Front Terre, en use aussi. «Macky Sall doit sortir de son Palais et aller vers les populations de Dakar et de sa banlieue pour s’enquérir de la situation. On souffre, on nous prive d’eau et d’électricité pendant des jours et on ne l’entend pas même. Or, nous ce sont ces questions vitales qui nous intéressent, pas ces histoires de réduction ou non de mandat. Parce que si ça continue, son mandat actuel n’ira même pas au bout pour penser à un autre mandat. On en a marre et on veut que le président et son gouvernement le sachent. On veut les ruptures promises. Sinon, on leur fera subir le même sort que Wade. Il n’est pas acceptable que dans une ville comme Dakar, une capitale d’un pays digne de ce nom, on reste sans eau, ni électricité pendant 2 jours. C’est pitoyable et le pire, c’est la concomitance. A croire que quelqu’un avait le dessein de punir les populations. En réponse, on punira Macky et son gouvernement dans les urnes, le moment venu», avance-t-il.
Résidant à Castors, Bigué Guèye et Ibrahima Diawara appellent eux les autorités à faire le nécessaire pour que «de pareils désagréments ne se produisent pas». Surtout que la chaleur s’est installé, disent-ils, et qu’on file droit vers le début du mois de Ramadan. «Parce que dans ce cas, les choses pourraient dégénérer et personne ne souhaite ça», dit M. Diawara.