LE DANGER SE TROUVE PLUS DANS LA SERO-IGNORANCE
FAIBLE TAUX DE DÉPISTAGE DU SIDA

Dans sa stratégie de réduire le taux des nouvelles infections et d’augmenter le nombre de personnes infecté mis sous traitement antirétroviral, le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) plaide pour le dépistage de toutes les personnes infectées au Vih. Aujourd’hui, il existe un grand gap à combler dans l’objectif de tester 90 % des personnes séropositives, une situation qui présente plus de danger que les séropositifs sous traitement et perdus de vue.
Le taux de dépistage au Vih/Sida dans la population générale est de moins de 13%. Dans ce grand pourcentage de personnes qui ignorent leur statut, les personnes infectées y occupent une grande part.
Aujourd’hui dans la stratégie adoptée dans la réponse au Vih, l’un des objectifs est d’arriver à atteindre un taux de 90% de dépistage des personnes qui vivent avec le Sida. «L’ignorance de son statut sérologique constitue un facteur qui favorise les nouvelles infections car on continue à avoir des comportements à risques et on expose d’autres personnes à la maladie», a soutenu Dr Safiétou Thiam.
La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), qui s’est exprimée au cours de l’atelier de partage entre la structure qu’elle dirige et l’association des journalistes en santé, population et développement, invite la population générale à se dépister du Vih.
Mais, elle interpelle particulièrement les personnes à risques et qui sont dans une situation de vulnérabilité «si on se dépiste séropositif, on freine la chaîne de transmission et on peut bénéficier d’un traitement gratuit aux Arv et on est obligé de se protéger pour ne pas transmettre le virus».
Ce plaidoyer, pour relever le taux de dépistage chez les personnes infectées, interpelle aussi les associations de personnes vivant avec le Vih/Sida qui se sont engagés dans la même lutte. Toutefois, le président du RNP+ regrette la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes vivant avec le Vih Sida.
Convaincu que «la stigmatisation n’encourage pas la volonté de connaitre son statut», Amadou Moustapha Dia a, surtout, plaidé pour un changement de l’image collée à la maladie du Sida. Et c’est dans ce sens qu’il déploré le traitement fait dans la presse de l’affaire des 200 séropositives perdues de vue. «Il faut que la population aille se faire dépister dans les structures sanitaires.
Au lieu de stigmatiser les personnes infectées, alors qu’on est un séro-ignorant. La séroignorance est encore plus dangereuse que l’infection au virus du Sida». Afin d’inverser la tendance, il va falloir «tester 90 % des personnes, mettre sous traitement 90 % des personnes, et réduire la charge virale de 90 % des personnes sous traitement».
DR SAFIETOU THIAM, SECRETAIRE EXECUTIF CNLS
«UN MALADE PERDU DE VUE PENDANT UN MOIS NE RISQUE PAS DE TRANSMETTRE LE VIRUS»
L’ignorance de son statut sérologique peut être lourde de conséquences, d’après le secrétaire exécutif du Cnls. «Le fait de ne pas savoir son statut et d’en être pas conscient c’est encore plus grave. Parce que si on n’avait des comportements aréiques, on les continue.
Et plus grave, si on n’est séropositif et qu’on ignore qu’on vit avec le virus et on entretient des relations non protégées, on propage le virus dans la population et on n’est pas sous traitement», a expliqué le docteur Safiétou Thiam.
Qui poursuit: «Si on connait son statut, qu’on est séronégatif, on peut décider de ne pas avoir le Sida surtout en se protégeant lors des relations sexuelles occasionnelles. Et si on n’est séropositif on n’est sous traitement et on freine la chaîne de transmission. On est obligé de se protéger pour ne pas transmettre le virus».
Ce qu’il faut retenir, à en croire la patronne du Cnls, «c’est qu’un malade perdu de vue pendant un mois ne risque pas de transmettre le virus parce que sa charge virale ne permet pas de transmettre le virus. Alors que celui qui est séropositif et qui ignore sont statut transmet facilement le virus de au sein de la population générale, 90% des personnes qui vivent avec le Vih connaissent leur statu».