LE DILEMME DE WADE
IGNORER OU SANCTIONNER FADA ET CIE
Abdoulaye Wade s’en est souvent sorti quand il s’est agi de crise au sein de son parti. Mais fera-t-il la sourde oreille face à Fada, Aïda Mbodj, Mamadou Lamine Keïta, quelques rares libéraux qui ont échappé à la marée de Benno bokk yaakaar dans les régions aux dernières Locales ?
Un tournant pour le Parti démocratique sénégalais. La fronde de Modou Diagne Fada et Cie ne peut être minimisée par Abdoulaye Wade. Le secrétaire général a su, avec sa ruse inégalable, résoudre nombre de crises internes par une solution Ddr (Désarmement, démobilisation, réinsertion) propre aux conflits armés.
Le vocabulaire sied puisqu’il faut bien se rendre compte qu’il s’agit d’une guerre sans merci entre Libéraux, entre potentiels candidats à la succession du «Pape du Sopi».
«Nous voulons nous battre à l’intérieur de notre parti pour le réformer, pour le structurer, pour renouveler les secteurs du parti, les fédérations du parti et la direction nationale du parti», a dit le président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates.
C’est une rébellion à laquelle Wade fait face, de façon surprenante sans doute, puisqu’il ignorait que des responsables comme Aïda Mbodj, Mamadou Lamine Keïta, Habib Sy,
etc., étaient dans le lot. Il est vrai que Wade président de la République a su étouffer la fronde des 12 députés pro-Idrissa Seck par l’arme de l’exclusion et, parfois, par des strapontins «argentés». Comme il l’a fait avec Macky Sall d’ailleurs qui a démissionné de lui-même de l’Assemblée nationale, du Pds et de la mairie de Fatick.
Réformistes contre conservateurs
Il est vrai aussi que Wade, renvoyé dans l’opposition le 25 mars 2012, a gagné le pari des Législatives en surclassant les frondeurs comme Pape Diop, Baldé et autres (4 députés), après avoir imposé Oumar Sarr coordonnateur du Pds.
Il s’est retrouvé deuxième avec 12 députés. Il a réussi à faire passer la pilule de la candidature de son fils, Karim, à la Présidentielle, poussant Souleymane Ndéné Ndiaye par exemple à créer son propre parti. Mais cette fois-ci, la liste des réformistes n’est pas que longue ; elle est aussi lourde de poids politiques qui feront face à des conservateurs, parce qu’«adeptes du statu quo», «sentant leur disparition devant la représentativité».
Presque de ce qui reste du grenier électoral de son parti sur la base en tout cas des résultats des dernières Locales. Mais comment va-t-il s’y prendre ? Fera-t-il la politique de l’autruche en prenant cette rébellion pour de la «poussière» ?
Il l’a fait pour le choix de Karim, contre vents et marées. Mais cette opposition qui s’apparente à un courant a posé un acte de défiance contre la personne de Wade qui veut rester secrétaire général jusqu’à la prochaine Présidentielle.
Wade face au cas Oumar Sarr
Wade sait aussi jouer la carte de l’apaisement pour reporter ou annihiler des velléités de rébellion.
Dans ce cas de figure, il ne perdrait pas à recevoir les frondeurs et à les rassurer. Quitte à calmer les nerfs, en attendant de les diviser. Quitte aussi à «tuer» Oumar Sarr qui attend la contrepartie de son soutien affiché à la candidature de Karim Wade à la Présidentielle.
Seulement, le coordonnateur du Pds n’a jamais fait l’unanimité. Farba Senghor ou Fatou Thiam ont toujours contesté son leadership.
Et Wade lui-même avait pourtant désavoué son numéro 2 du parti en déclarant dans un entretien avec le journal français Le Monde : «Le Pds est le parti majoritaire, même s’il est dispersé du fait de l’absence d’un leader capable de fédérer tout le monde.»
Et ce leader c’est Oumar Sarr qui assurait son intérim alors qu’il était à Versailles.