«S’IL N’Y A PAS DE CANDIDATURE UNIQUE, ÇA VA ETRE EXTREMEMENT DIFFICILE»
MODOU DIAGNE FADA AVERTIT L'OPPOSITION SUR LA PRESIDENTIELLE

Une candidature unique de l'opposition à la prochaine élection présidentielle. Voilà ce que propose Modou Diagne Fada qui était, hier, l'invité du «Grand jury» de la Rfm.
L'opposition sénégalaise a intérêt à réunir toutes ses forces avant d'aborder la prochaine élection présidentielle. C'est le sentiment de Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates.
«S’il n’y a pas de candidature unique de l’opposition, ça va être extrêmement difficile, et malheureusement, au Sénégal, on n’aime bien se compter au premier tour. Mais, face au contexte actuel, il faudrait qu’on se déclare candidat en tenant compte d’un certain nombre de paramètres», a déclaré, hier, le frondeur en chef au sein du Pds, lors de son passage devant le «Grand jury» de la Rfm.
Modou Diagne Fada a ajouté : «Ce n’est pas parce que je suis populaire à Darou-Mouhty, ou dans le département de Kébémer, pour prendre mon exemple, que je dois dire que j’ai la possibilité d’avoir une ambition présidentielle, ou j’ai la possibilité de battre le Président en exercice. Il faudrait que ceux qui sont populaires à Kébémer, à Bambey, à Ziguinchor, à Guédiawaye, à Dakar, se mettent ensemble pour arriver à bout de l’adversaire. Les candidatures éclatées peuvent coûter très cher. Je crois que l’opposition a intérêt à unir ses forces pour pouvoir espérer un bon résultat».
Par rapport à la fronde qu’il dirige au sein du Pds, le président du Conseil départemental de Kébémer a indiqué que c’est pour sauver le Pds d’un piège que Macky Sall leur aurait tendu.
«J’avais dit, une fois, que le Président Macky Sall était en train de nous piéger, parce qu’au niveau du Pds, on ne parlait pas politique interne, on ne parlait pas du Pds, on ne parlait pas des structures, on ne parlait pas des fédérations, on ne parlait pas des inscriptions sur les listes électorales, on ne parlait pas d’élections à venir. Nous tous, nous nous étions concentrés sur le dossier Karim Wade, sur le dossier Aïda Ndiongue/Aziz Diop. En fait, notre emploi du temps était réduit à aller à Rebeuss pour rendre visite à des amis emprisonnés, aller au camp Pénal, aller aussi au Cap Manuel, et ensuite, aller à des manifestations de rue ou aller vers la presse pour dénoncer. Mais, ça ne peut pas être le vécu quotidien d’un parti politique sérieux qui aspire à revenir au pouvoir», a-t-il dit.
Et de souligner : «Ce piège-là dans lequel le pouvoir nous a entraînés, il faudrait qu’on puisse en sortir. Et la meilleure façon d’en sortir, c’est de nous organiser pour continuer à nous occuper de nos otages politiques, pour continuer à nous occuper de nos frères et sœurs qui sont en prison, mais aussi pour nous occuper du parti, parce que c’est l’instrument principal par lequel et avec lequel, nous pouvons reconquérir le pouvoir. Si nous n’avons pas d’instrument, il va de soi qu’en 2017, ce n’est pas la peine d’y aller».
«Nous avons, plutôt, des problèmes, avec les partisans du statu quo»
Pour lui, «c’est le moment de restructurer le parti, c’est le moment de le réorganiser, c’est le moment de le renouveler».
«En 2017, nous irons aux élections. Je ne sais pas si le pouvoir va renvoyer l’élection présidentielle en 2019, mais en tout cas, nous irons au moins aux élections législatives. Et ces élections législatives sont aussi importantes que l’élection présidentielle. C’est la raison pour laquelle, il faut mettre le parti en ordre de bataille, il faut réorganiser le parti pour qu’il soit prêt, et nous ne pouvons pas attendre la veille de 2017 pour le faire. Il faut au moins donner à la nouvelle équipe qui sera mise en place, un an ferme pour pouvoir faire le tour du pays, réorganiser les militants, les mettre en ordre de bataille pour faire un bon résultat à l’occasion des élections législatives à venir, ou même éventuellement présidentielles. Donc, c’est le moment ou jamais ! Si nous ratons l’année 2015, nous serons aux élections de 2017, mais pas dans les meilleures conditions», a affirmé le responsable libéral.
A l’en croire, si les militants du Pds lui font confiance, il briguera le poste de Secrétaire général du parti. Mais, il a précisé que si Me Wade décidait de se représenter, il ne l’affronterait pas.
Sur sa rencontre avortée avec le «pape du Sopi», vendredi dernier, Modou Diagne Fada a parlé d’un problème de coordination avec le Cabinet de son mentor.
Le natif de Darou-Mouhty de confier : «Le Président Wade reste notre père, notre inspirateur et reste notre guide dans ce que nous faisons, à savoir la politique. Nous avons, plutôt, des problèmes, avec les partisans du statu quo, ceux qui ne veulent pas que les choses bougent. Ils sont dans l’entourage immédiat du Président, dans le parti, et qui pensent que si Wade n’est plus là, ils cesseraient d’exister politiquement, et qui pensent qui Wade n’est plus là, leurs affaires ne marcheraient plus. Eux et d’autres qui sont aussi plus ambitieux que nous, mais qui ne disent rien, qui sont à l’affût et qui essayent de tromper la vigilance du Secrétaire général national en étant dociles».
A la question de savoir s’ils n’ont pas peur d’être exclus du parti libéral, Modou Diagne Fada a asséné : «Nous ne partirons nulle part, nous sommes du Pds et nous resterons au Pds. On ne peut pas nous faire partir. On n’a pas tort, on n’a pas commis de faute. On ne peut pas exclure des militants, parce qu’ils ont produit un mémorandum, parce qu’ils ont réfléchi sur leur parti, parce qu’ils ont donné la primeur de ce mémorandum à leur Secrétaire général. Ça serait gravissime de procéder ainsi».