LES COULISSES DE L'ENQUÊTE DE CE MARDI 6 OCTOBRE

MORT D'UN DÉTENU
Et l'on reparle des conditions extrêmes de survie des pensionnaires de la Maison d'arrêt et de correction de Rebeuss pour regretter un nouveau drame humain. C'est la mort samedi dernier d'un détenu qui vient gonfler le décompte macabre dans ce centre carcéral surpeuplé, où la vie ne tient qu'à certains détails pour les prisonniers à l'état de santé fragile. Nos sources renseignent que le prisonnier décédé serait un certain Gassama pensionnaire de la chambre 1 où sont confinés des détenus au-dessus de la quarantaine. Rien n'a filtré sur les causes de cette mort. En attendant que toute la lumière soit faite sur les circonstances du décès du sieur Gassama, son corps a été acheminé à l'hôpital Principal de Dakar pour une autopsie. Il faut dire que la canicule ambiante de ces derniers jours, couplée aux conditions difficiles de détention, expose beaucoup de détenus à des situations de survie extrêmes dans cette prison surpeuplée initialement conçue pour accueillir 800 personnes et qui en compte aujourd'hui plus de 3 000. A cela s'ajoutent la qualité discutable de la nourriture, les conditions d'hygiène hasardeuses et les infestations d'insectes souvent dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Malgré l'absence de statistiques fiables, l'on peut dire sans risque de se tromper que la mortalité reste élevée à la Maison d'arrêt de Rebeuss comme beaucoup de détenus s'empressent de le signaler dès qu'ils sortent des liens de la prison. Une situation presque similaire sur l'ensemble du territoire nationale, à quelques exceptions près. D'ailleurs, le rapport 2014 sur la situation des Droits Humains au Sénégal, publié par le Département d'Etat Américain et qui cite les statistiques officielles du gouvernement sénégalais, révèle que rien qu'en 2013, 49 prisonniers sont morts en détention.
MO IBRAHIM
15ème en Afrique dans le classement 2015-2016 du Forum économique mondial de Davos, le Sénégal reste toujours dans le top 10 des pays africains dans l'Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique où le classement a été publié hier. Le Sénégal est toujours 9ème dans ce classement derrière l'Ile Maurice 1er, le Cap-Vert 2ème, le Botswana 3ème ou l'Afrique du Sud 4ème. Même si le Sénégal n'a pas évolué dans son rang par rapport au classement de l'année dernière où il était toujours à cette 9ème place, il fait partie des 6 seuls pays qui ont enregistré une amélioration dans chacune des quatre catégories de l'Indice. Il se trouve dans ce lot avec des pays comme la Côte d'Ivoire, le Maroc, le Rwanda, la Somalie et le Zimbabwe. Cependant, le Sénégal est bien classé dans la rubrique "Participation et respect des droits humains" où il a obtenu un score de 70,6 et est classé 7ème. Pour la "Durabilité des opportunités économiques", il a un score de 50,3 et se classe 12ème. Son pire classement se trouve dans la rubrique "Développement humain" où il est à la 19ème place.
CORRUPTION
La corruption dans la justice sénégalaise a atteint des proportions inquiétantes. Le constat est de l'avocat Me Mame Adama Guèye. "Le niveau de corruption est extrêmement élevé dans la justice sénégalaise. Ce qui fait qu'il y a une incertitude judiciaire grandissante", a notamment dit Me Guèye. L'ancien Bâtonnier s'exprimait au cours d'un point de presse de la filiale ouest africaine de la société finlandaise Wärtsila, qui exploite la centrale électrique de Kahone (centre du Sénégal) condamnée par la justice sénégalaise à payer 1, 4 milliard de francs cfa à "Résidences Jardins" dans le cadre d'un différend né d'un contrat de location. Selon Me Mame Adama Guèye, le niveau de corruption dans la justice sénégalaise risque de décourager les investisseurs et porter un coup de frein au Plan Sénégal Émergent (PSE) car, la sécurité juridique et celle judiciaire sont les deux facteurs déterminant le choix des investisseurs. "Nous avons le droit d'avoir une justice qui fonctionne normalement. Le Sénégal a une tradition de justice avec de grands magistrats. La situation de la justice est en train de s'empirer et a atteint une vitesse phénoménale", a encore dit Me Mame Adama Guèye, soulignant que "la corruption est intolérable partout, encore plus dans la justice". C'est pourquoi "nous constatons un dysfonctionnement extrêmement grave du service public de la justice", a déploré l'ancien bâtonnier du Sénégal.
TÉMOIN FUTURISTE
Doungous Batil devrait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Le troisième témoin cité à la barre hier dans le procès de Habré a produit un tonnerre de rires dans l'assistance à une question de la partie civile. Voulant s'assurer de la date de son arrestation, une des avocates lui a demandé de bien confirmer si c'était en juillet 1987. Après la traduction de la question par un interprète, Doungous Batil a lancé tout de go et en français : "2016 !" Ce qui a eu le mérite de dérider et de réveiller le public de sa torpeur. Heureusement pour lui que les avocats commis de la défense ont été cléments. Ils ne s'en sont pas formalisés outre mesure.
ÉLÈVES-MAÎTRES
Le Mouvement national des jeunesses socialistes (Mnjs) met en garde contre toute exploitation politique ou syndicale de l'annulation, par la Cour suprême, de l'exclusion des élèves-maîtres pour tricherie. Dans une déclaration parvenue hier à EnQuête, le secrétaire général dudit mouvement, Mame Bounama Sall et ses camarades disent avoir suivi avec un intérêt particulier ce dossier judiciaire opposant les élèves-maîtres au ministère de l'Education nationale, relativement à l'exclusion de ces derniers des centres de formation pour cause de fraude révélée par un audit commandité par la tutelle. "Le Mnjs, profondément ancré dans les valeurs républicaines que constituent le respect des institutions judiciaires ainsi que des décisions qu'elles rendent, ne commentera pas la décision rendue par la juridiction suprême. Mais ne tolérera aucune exploitation politique ou syndicale de cette affaire qui est et doit demeurer administrative et judiciaire, de quelque bord que cela puisse venir", mettent en garde les jeunesses socialistes. Non sans ajouter qu'ils répondront de façon énergique contre toute attaque infondée, politique ou autre dirigée contre le ministre Serigne Mbaye Thiam.