INACCEPTABLE !
Sur une simple dénonciation de l’agence mondiale antidopage, le parquet de Paris déclenche un interrogatoire contre Lamine Diack. Et comme si cela ne suffisait pas, il lui interdit de sortir du territoire français, comme un vulgaire délinquant
Un président africain noir qui dirige la Fédération internationale de la première discipline olympique pendant 16 ans ! 15 ans et neuf mois exactement ! On savait très bien que les Occidentaux ne pourront jamais le pardonner à Lamine Diack. Jamais !
Ils ont tout tenté pour le diaboliser. En vain ! Ils lui en veulent d’avoir universalisé l’athlétisme avec notamment la Diamond League. Jadis, réservée à l’Europe (Golden League), cette course s’est élargie jusqu’au Qatar (Doha) et aux Etats-Unis (Eugène). Elle embrasse aujourd’hui trois continents avant d’atterrir prochainement en… Afrique. A moins que le Britannique, Lord Sebastian Coe, son successeur, y oppose son veto.
Mais, ils en veulent surtout à Lamine Diack, parce qu’il a fait organiser des Mondiaux en Russie en 2013. On se souvient encore de cette tension lors des conférences de presse où toutes les questions des journalistes européens étaient essentiellement axées sur l’homosexualité. Rares étaient ceux qui s’intéressaient à l’athlétisme et autres performances des athlètes.
Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont remis ça à Pékin, en Chine l’été dernier. Le timing était bien calculé. Puisqu’à quelques semaines des 15èmes championnats du monde, les derniers du président Diack, Sunday Times et une chaine de télévision allemande ARD, avaient fait état des enquêtes, selon lesquelles, l’IAAF garderait secrète une liste de 12.359 tests sanguins pratiqués sur plus de 5.000 athlètes entre 2001 et 2012 (période qui coïncide avec la présidence de Diack), en révélant que parmi toutes les médailles mondiales ou olympiques décernées dans les épreuves de demi-fond et de fond durant cette période, une sur trois ferait l’objet de suspicions.
L’Equipe lui attribue un «bilan à demi-teinte». Le site du magazine Le Point, se mélange les pinceaux en octroyant la fonction d’avocat à Lamine Diack. D’autres médias occidentaux s’attardent sur le nombre de ses enfants. Certains, sur son âge !
Bref, toute une campagne d’intoxication, de dénigrement et de désinformation était savamment orchestrée pour détruire l’œuvre titanesque du président Diack.
Alors que rien qu’au plan comptable, les recettes de télévision et de sponsoring se sont élevées en 15 ans à plus d'un milliard d'euros et les réserves financières de l'IAAF, basée à Monaco, se chiffrent à quelque 60 millions d'euros. «J’ai le sentiment de laisser une Fédération en parfait état de marche pour mon successeur», affirmait avec fierté le Sénégalais.
Et dire que l’IAAF avait été déclarée en faillite après la crise de 2008-2009.
Aujourd’hui, sur une simple dénonciation de l’agence mondiale antidopage (AMA), le parquet national financier de Paris, déclenche un interrogatoire contre Diack pendant trois jours. Et comme si cela ne suffisait pas, il l’interdit de sortir du territoire français, l’obligeant à rester cloué à l’hôtel, comme un vulgaire délinquant.
Pendant ce temps, un certain Michel Platini, se pavane partout en Europe. Ce, après avoir reconnu pourtant avoir reçu 1,8 million d’euros (1,180 milliard F Cfa) de Sepp Blatter pour une affaire dite «homme à homme». Pis, l’ancien président de la Fifa a soutenu mordicus que Platini avait influencé le vote en faveur du Qatar contre les Etats-Unis pour l’attribution de la coupe du monde 2022.
Qui ne se souvient pas de ce déjeuner organisé à l’Elysée le 23 novembre 2010, soit dix jours seulement avant l’attribution de ce Mondial 2022 au richissime émirat, par Nicolas Sarkozy. Ce jour-là, l’émir du Qatar, Al-Thani et son Premier ministre, ainsi que Sébastien Bazin, représentant de Colony Capital, alors propriétaire du Paris-Saint-Germain et Michel Platini étaient réunis autour de la table du président français. On connaitra la suite de ce repas très copieux. Puisque le dessert apparaitra dans la presse.
Le 3 juin 2014, le journal The Daily Telegraph, relatait que Michel Platini avait rencontré «en secret» le qatari Ben Hammam, l’ex-patron de la confédération asiatique de football et ancien vice-président de la Fédération internationale, accusé par le Sunday Times d’avoir versé plus de 5 millions de dollars (3,7 millions d’euros) de pots-de-vin à des membres de la FIFA, avant d’être radié à vie.
Le quotidien britannique faisait état d’un petit déjeuner pris en commun par les deux dirigeants en novembre 2010, quelques jours avant le vote d’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Le patron de l’UEFA se trouvait directement visé, alors que son fils, Laurent, dirige en France Burrda Sports, l’équipementier sportif du Qatar.
Mais, lui, s’appelle Michel. Et son nom de famille, c’est Platini. Lui, a droit à une présomption d’innocence. Mieux, il apparait aux yeux des hautes autorités françaises comme une personnalité propre. Et aux yeux des journalistes et chroniqueurs sportifs français, le seul au monde, capable de présider aux destinées du football mondial.
Ce qui explique les soutiens dont il a bénéficié au plus haut sommet de l’Etat. Puisque selon, le JDD, François Hollande, a appelé personnellement l’ancien numéro 10 de l'équipe de France pour lui faire part de son soutien.
Et dans un communiqué transmis à l’AFP, Manuel Valls a exprimé, lui aussi son soutien à l’ancien capitaine des Bleus en ces termes plus qu’élogieux : "Nous avons la chance d'avoir Michel Platini, qui a été un grand sportif, qui est un grand dirigeant sportif à la tête de l'UEFA, et moi, je lui fais entièrement confiance".
Au Sénégal aussi, Lamine Diack est plus qu’une icône. Nous osons espérer que les autorités étatiques ne manqueront pas de réagir et de soutenir l’une des fiertés de la nation et de l’Afrique.