SUR UN TREND DE CROISSANCE ?

Ces dernières semaines, on a encore été agréablement surpris que l'économie ait été au- devant de la scène, reléguant en arrière-plan, la guerre de chiffonniers de nos amis politiques au sein de l'Assemblée nationale… 

Il a beaucoup été question du niveau et de l'évolution du taux de croissance, de la place du Sénégal dans les classements du FMI et de la Banque Mondiale, au niveau des pays les plus pauvres de la planète ou dans ceux des pays les plus réformateurs. Comme quoi, il n'y a pas que la politique pour déterminer l'avenir de la Nation. Même le Président de la République et le Premier ministre ont jugé nécessaire d'intervenir pour recadrer le débat et vanter les mérites de leur politique économique dont les résultats commencent à tomber… 

Et le ministre de l'Economie de soutenir que le Sénégal connaît une croissance soutenue et continue depuis 2011. De 1,8% en 2011, la croissance est prévue à 5,4% cette année. Que la richesse nationale va croître de 7 541 milliards en 2014 à 8 150 milliards en 2015, soit 406 milliards en valeur absolue et 5,3% en valeur relative. En partageant ces richesses nationales, le revenu/ tête passerait de 554 000 FCFA en 2014 à 567 000 FCFA en 2015… 

Une avalanche de chiffres pour démontrer que l'économie sénégalaise est sur la bonne voie, qu'elle est plébiscitée partout, que les réformes continuent d'être mises en œuvre et que les effets sont bien ressentis par les populations. 

La preuve, le Budget 2016 vient de passer à +3 000 milliards FCFA dont un tiers, +1000 milliards consacrés aux investissements structurants, notamment dans le PSE. Un Budget que le ministre Amadou Ba qualifie comme "le plus important en volume, le plus lisible en présentation, le plus ambitieux en investissements et le plus généreux en dépenses sociales, de toute l'histoire du Sénégal". Qui dit mieux ? 

Mais El Hadji Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan sous Diouf, brillant économiste et intellectuel iconoclaste, relative les performances. "Un niveau de dépenses et de recettes budgétaires n'est pas un critère de jugement économique tant que vous ne vous posez pas la question de savoir comment ces ressources budgétaires ont été mobilisées ? Comment ces recettes ont été dépensées ? Quelles ont été les ponctions sur les ménages et les entreprises ? Quelle a été la qualité des dépenses publiques ? On pourrait même ajouter des interrogations sur la taille souhaitée de l'Etat et de l'impact de la taille du budget sur le secteur privé, précisément en mettant en avant les effets de cette compétition autour des ressources sur les marchés financiers et les transferts de risques entre générations. Donc, c'est une question économique très complexe d'apprécier la taille d'un budget", soutient-il. 

Concernant le Doing Business, le Sénégal conserve sa place, pour la 2ème année consécutive, dans le Top 10 des meilleurs réformateurs au monde. Un résultat encourageant dans le processus d'amélioration de l'environnement des affaires. Entre autres mesures qui ont valu au Sénégal, ces lauriers, la facilitation dans la création d'entreprise, à travers une forte réduction du capital minimum ; la mise en place d'un guichet unique pour le raccordement des PME à l'électricité, la baisse de moitié de l'avance consommation ainsi que la réduction du temps de délivrance des autorisations de traversée de chaussée ; l'allégement des charges de transfert de propriété par la baisse de moitié des droits d'enregistrement qui sont passés de 10 à 5 % ; etc. 

Toutes choses étant égales par ailleurs, l'essentiel est que des réformes sont en bonne voie. Un accord à l'amiable a été conclu avec Suneor, ce qui relance la privatisation de cet outil stratégique pour le secteur agricole. Des négociations seraient en cours pour une solution acceptable afin de finaliser les travaux de l'aéroport de Diass (AIBD), la relance de Sénégal Airlines…