LES DIPLÔMÉS SONT ÉCRASÉS PAR LES SANS-DIPLÔMES...
Maty Dieng, comédienne et présentatrice de «Taabalou Yaa Ngoné»
Maty Diop, connue sous le sobriquet de Maty Osée, est la présentatrice de l’émission «Taabalou Yaa Ngoné». Ayant commencé très jeune à faire du théâtre avec la troupe Diotayou Xaléyi, elle a interprété plusieurs rôles avec le regretté Malick Ndiaye Faratialtial, ensuite avec la troupe Siggi de Yamar Mané et avec Pikini Production. Elle a fini par faire son nid à la Télévision futurs médias (Tfm). De comédienne à animatrice, puis d’animatrice à présentatrice d’émissions, Maty Osée livre ses ambitions sans emphase.
Maty porte le surnom de Osée avec fierté. La genèse de ce surnom plonge dans les débuts de la comédienne comme animatrice. Elle a commencé très jeune, 10 ans, à faire du théâtre avec la troupe Diotayou Xaléyi. Connue dans le milieu théâtral à travers les différents rôles qu’elle a eu à interpréter avec succès, Maty s’est peu à peu distanciée de cet art pour entrer dans les médias.
Voyant que le théâtre ne rapportait plus, elle décida de s’ouvrir à l’animation. «J’ai travaillé pendant environ 2 ans à Saphir Fm. C’est là que la directrice Ndella Madior Diouf, me connaissant très audacieuse et aventureuse, m’a collé ce surnom. C’était aussi pour moi un moyen de me démarquer des autres animatrices qui étaient déjà sur place, Maty 3 Pommes, Maty Dieng...» C’est alors que Maty apprit à se départir de son ancien nom de Maty Dieng comédienne pour devenir de Maty Osée animatrice.
Osée passa tour à tour à la Lcs, puis à Rewmi.com et Xali ma.com, avant d’atterrir à la Tfm où elle est l’actuelle présentatrice de l’émission «Taabalou Yaa Ngoné». «J’ai préféré arrêter les petits boulots dans les radios», dira-t-elle simplement, pour expliquer son irruption sur les plateaux Tv.
Pour ce qui est de sa rupture avec le théâtre, Maty déclare subir de plein fouet les fluctuations d’un milieu qui favorise les mannequins au détriment des vrais professionnels. «La tendance actuelle est de faire des séries où l’on recrute des mannequins ou Gambiennes qui n’ont jamais été comédiennes. Les producteurs privilégient aujourd’hui ce type de profils. Ils disent vouloir de nouveaux visages. C’est un véritable problème pour nous artistes.»
Elle garde toutefois bon espoir et entend tirer son épingle du jeu. Pour le moment, elle se contente de ses activités de présentatrice d’émissions
«Taabalou Yaa Ngoné» : «Avec Osée, tout est possible»
«Taabalou Yaa Ngoné» est une émission commerciale offrant aux petits commerçants qui désirent se faire connaître une alternative. «Cette émission regroupe ceux qui n’ont pas les moyens de payer des sommes faramineuses pour la pub», renseigne-t-elle.
Avec une heure de plateau, la présentatrice se déplace d’un point de vente à l’autre et veille à maintenir une ambiance relaxe. Cette émission passe une fois par semaine. Réalisée par Pikini-Production, elle fut un temps assurée par Sonia et Orrazio.
Mais Maty est maintenant aux commandes depuis 4 mois. Elle compte la hisser au rang des émissions phare de la Tfm. A travers les «salagn salagn» (Ndlr : mots astucieux) et la touche «ngewel» (Ndlr : folklorique) qu’elle y mêle, Maty Osée a su apporter une valeur ajoutée à cette émission qui séduit de plus en plus de téléspectateurs.
De son avis, c’est ce que le public cherche. «Une vraie femme africaine. Nous sommes au Sénégal et nous avons la culture des mots ngewelé. (daf lène di doundal) le public en raffole», assure-t-elle. Son slogan, «Avec Osée, tout est possible», passe alors très bien à l’antenne. Elle ose tout et ne se fixe pas de limites.
Chance mo guën licence
Malgré les supputations de part et d’autres, Maty garde la tête froide. «Free» à l’antenne, elle se garde de répondre à ses détracteurs. «Certains ont l’habitude de me dire, Osée quand tu es à l’antenne, c’est comme si une mouche te piquait... (Rires) Enfants comme adultes suivent la télévision. On m’a briefée et on m’a appris à bien me comporter à la télé», rassure-t-elle. «Il y a plein de gens qui disent du mal, mais chance mo gueun licence (vaut mieux être chanceux que d’avoir une licence).»
La comédienne reconnaît que les diplômes sont importants puisqu’ils permettent d’accéder à plusieurs postes. Il n’en demeure pas moins que les diplômés subissent actuellement le diktat des sans-diplômes. «Niou gui lène di beuga ray (Ndlr : Nous leur damons les pions sur tous les plans)», dira Maty Osée qui fustige le comportement d’autres qui s’embourgeoisent.
«La donne a complètement changé. Nous ne sommes plus là à faire dans la vantardise et à prendre nos aises, à jouer au bourgeois. Que les diplômés continuent à apprendre, nous nous continuons notre parcours», décrète la présentatrice de «Taabalou Yaa Ngoné». (Niou gui lène di xawa ray).
Concernant ses revenus, Maty ne semble pas se plaindre. Même si elle assure ne pas faire partie de ceux qui brassent des millions, elle passe des fins de mois calmes, partageant son salaire avec sa famille. «Je ne touche même pas à mon salaire durant les tournages de l’émission», confie-t-elle d’un ton assuré.
Admiratrice de Adja Sy et Amina Poté
La présentatrice de l’émission «Taabalou Yaa Ngoné» adorerait se voir confier d’autres émissions et se faire un beau parcours au milieu des plateaux, comme ont réussi à le faire Adja Sy et Amina Poté. Elle donne ces deux dames en exemples à suivre au vu de leur brillant parcours. «Adja Sy et Amina Poté et bien d’autres présentatrices ou animatrices d’émissions ont réussi à se hisser au sommet de la pyramide en partant de rien.»
Parlant de Adja Sy qui administre la Place du Souvenir africain, Maty avoue : «J’adore ses émissions qui ont beaucoup de sens et éveillent particulièrement la population. J’aimerais beaucoup évoluer en ce sens.» De même, elle salue le courage de Amina Poté. «Elle a de la confiance en elle. Je l’admire beaucoup. Ce sont là mes références et j’admire tous ceux qui, en partant de rien, ont réussi à se faire un nom.»
RIVALITÉS DANS LE MILIEU DES MANNEQUINS
Un ancien habitué du secteur se prononce
La reconversion des mannequins dans le secteur des médias est, selon des personnes bien au fait des rapports entre ces deux mondes, liée à plusieurs choses. «La démocratisation du mannequinat a d’une part contribué à dénaturer ce secteur» soutient l’une de ces personnes.
Entre les années 2000 et 2006, les défilés s’organisaient dans de grandes salles et les cachets variaient entre 5 000 et 50 000 francs Cfa. «De nos jours il y’a des défilés à même les rues» regrette un connaisseur. A cela s’ajoute que certains jeunes qui ont du mal à se faire connaître, sont prêts à défiler gratuitement, rien que pour voir leur image à la télé. «Le nombre de mannequins grandit sans cesse, les cachets diminuent et c’est un métier qu’on ne fait pas toute sa vie.»
Dans ce milieu, ajoute-t-elle par ailleurs, les tentations ne manquent pas. «La précarité dans le secteur pousse d’autres les jeunes à se livrer à certaines pratiques pas saines. C’est un secteur qui mène à tous les risques.»
Aussi certaines espèrent sortir de l’ornière en se reconvertissant en animatrice, présentatrice ou actrice. Si du côté des mannequins, Ndeye Ndack, Adja Diallo, Ya Awa, Eva Chon, Adja Astou, Lissa, et bien d’autres ont annoncé les couleurs, du côté des rappeurs les signent avant-coureurs sont déjà visibles. Le journal rappé s’invite dans le palace.